Êtes-vous un(e) Mobo ?

Mobo ? ??

J’ai découvert ce mot dans le magazine américain “Goingmobo”, qui m’a été envoyé via Twitter par son créateur, Jenz Johnson, se définissant lui-même comme un auteur mobo.

Fanny, cinépile et Facebookienne mobo

J’ai appris dans ce magazine que mobo vient de la contraction de “mobile bohemian”, une personne qui utilise son téléphone portable (comme le  iPhone) dans un nombre varié de circonstances et à des fins multiples et diverses. Un mobo se rend à un entretien d’embauche ou une soirée avec l’aide de Google map, il décide de dîner avec des amis au restaurant à la dernière minute, d’un clic passe en revue les commentaires d’ex-clients des restaurants du quartier dans lequel il se trouve et, avec ses amis décide en quelques minutes du restaurant. Il n’est pas nécessairement jeune, même s’il est porté sur les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Il peut être une femme ou un homme, appartient à des couches sociales diverses. Il n’est pas attaché à un bureau ou des horaires 9h-17h, il est mobile, agit et interagit sans frontières, échange informations, idées, adresses, films, musiques, prose et poésie… Avec des individus du monde entier, se connecte sur le monde et crée du lien social, des blogs, des magazines, des entreprises tout ça de son téléphone portable ou tablette.


L’éditeur numérique Québécois, Jean-François Gayrard, mobo @ Numériklivres

Le mobo ne souffre pas de téléphoniiiiite aigüe. Vous ne l’entendez pas dans le bus ou le métro ou à la boulangerie blablater à hauts décibels. Il est discret, efficace, rapide, soucieux de ne pas perdre son temps et par conséquent respectueux de celui des autres. Il maîtrise l’outil et en tire le meilleur parti pour enrichir sa vie professionnelle, sociale, culturelle et amicale. Le mobo lit en numérique et écrit en numérique, il partage l’info, ses coups de coeur et ses bonnes adresses. Le mobo développe des compétences technologiques, de nouvelles pratiques et invente un art de vivre : l’hyper social.  Le « bohémian » dans mobo se réfère au bohème : individu qui adoptait au 19e siècle en France à la fois un style de vie qui rejetait la domination bourgeoise et sa rationalité dans le cadre de la société industrielle au profit de la recherche d’un idéal artistique.

Quels sont les atouts et qualités d’un mobo d’après Jenz Johnson ?

– À l’aise avec la technologie

– Travaille dans des domaines d’activités dans lesquelles la vie sociale et culturelle est centrale

– Multi-tâches

– Curieux et instinctif

– Collabore et se connecte aux autres de partout où il se trouve

L’auteur et éditeur mobo,  François Bon, lors d’une conférence

Le mobo se connecte de différentes manières : en mettant à jour son statut ou son blog régulièrement, en commentant le statut ou le blog d’un autre, en lisant les infos, en recherchant un film, en téléchargeant un livre, en complétant une info sur Wikipédia par exemple, en répondant à la question d’un internaute sur les forums auxquels il appartient, en postant une photo… Le mobo navigue vite, répond vite à ses courriels parce que le monde dans lequel il évolue est par définition un espace qui réduit le temps et la distance. Ces activités multiples lui permettent d’acquérir des qualités, des compétences, mais aussi d’avoir de nombreux avantages dans la société, toujours d’après Jenz Johnson :

– Suivre au jour le jour l’actualité, la météo et tous sujets qui l’intéressent

– Rester en contact direct avec amis, amant(e)s, femmes, maris, enfants, partenaires et associés

– Découvrir de nouveaux livres, films, restaurants, quartiers, musées et autres lieux culturels…

– Trouver son chemin dans n’importe quelle circonstance, qu’il voyage en transports publics ou privés

– Transporter sa bibliothèque (livres, musiques), écouter  sa musique, ses radios à tout moment grâce aux écouteurs.

– Magasiner et comparer les prix avant de faire un achat.

– Correspondre d’où il se trouve et à tout moment avec les membres d’un de ses groupes ou forums favoris

Lucia, escrimeuse professionnelle mobo

Le mobo jouit d’une liberté de choix et d’une autonomie physique et géographique qui étaient impensables il y a quelques années. L’individu se nomadise, développe des compétences sociales, acquiert des avantages et un accès illimité à la société humaine, rien qu’avec son portable. Mais le mobo va plus loin, il transfère et transpose ses compétences dans son environnement immédiat, car il n’est pas un autiste, il partage et interagit aussi avec les gens autour de lui, certains diront, il le fait même mieux grâce aux pratiques et savoirs qu’il expérimente et développe sur son smartphone.

Alors, vous vous êtes reconnu !? Exprimez-le  sur cette page et partagez.

Lire aussi sur le même sujet :  Ma bohème. The modern Bohemian in Paris

Texte © Chris Simon – Photos © Brahim Metiba,  JF Gayrard et FBon

(Remerciements aux personnes m’ayant envoyé et permis d’utiliser leurs photos)

Pour lire l’excellent magazine Goingmobo (en anglais uniquement pour l’instant) c’est ICI

Jenz Johnson est l’auteur de deux livres : Giga Bites: Hacker Cookbook et Road to Reboot, en vente sur amazon. com papier ou numérique.

29 réflexions sur “Êtes-vous un(e) Mobo ?

  1. Cette description me fait peur. Mais ouf ! Je n’ai pas de smartphone, je ne réponds à mes mails qu’avec des semaines de retard (ça change des mois que je mettais à répondre à ma correspondance papier) et si je décide d’un truc à l’improviste, je joue l’improvisation sans aide technologique !

    C’est une image très stressante : toujours connecté aux autres, c’est une manière de se déconnecter de soi. Toujours avoir besoin (et le réflexe acquis) de chercher sur internet, c’est rassurant certes mais on ne prend plus de risque: se retrouver tremper par la pluie… quoi qu’il suffisait de regarder au dessus de sa tête, se perdre dans un dédale de rue et peut-être croiser des images insolites, arriver au cinéma sans savoir ce qui s’y joue et aller un peu au pif;
    et comme la connaissance est à portée de clic, c’est un moyen de ne pas s’encombrer l’esprit de choses pourtant utiles comme les dates importantes de l’histoire 405-406,476,732 (me fait toujours rire celle-là),1789,1793,1871… et oui, vous voulez savoir ? Mais si vous êtes mobo, pas de problème ! Ah non, attendez, on ne capte pas bien ici… 😛 (et vous vous sentez tout bête d’un coup)

    Livrer toutes ses pensées, c’est ne plus réfléchir à ce qui est important ou non, plus de hiérarchies dans ses causes ou ses combats, livrer toutes les images insolites que l’on croise, c’est ne plus chercher à s’en souvenir, c’est ne plus avoir de mémoire (ça se bosse la mémoire, et surtout ça permet de bosser son style quand on est écrivant : au lieu de prendre une photo, se faire « mentalement » une image avec des mots, se la répéter, la modifier arriver à LA phrase parfaite stylistiquement-mémoriellement)

    Bref, l’hypersocialité comme décrite ici n’est pas pour moi, mais je vis très bien sans !

    1. Je te renvoie à la lecture du magazine Goingmobo, qui donne une vision plus détaillée et plus large du phénomène social des mobos. Mon papier à pour vocation de faire connaître le magazine et donner envie à ceux que le phénomène social et comportemental intéressentde lire le magazine. Bonne journée.

  2. mobo ?! comment une étiquette (de plus) peut-elle conférer liberté et autonomie, alors qu’elle nous (c’est qui nous ?) attache, nous enferme, nous restreint derrière un mot, un mot unique, un mot fabriqué, un mot pour définir, identifier, catégoriser, isoler. Oui ! isolé derrière un réseau virtuel (donc non-existant), isolé pour mieux ressembler à tout le monde. Autre (?) interprétation de « L’enfer c’est les autres », les autres à qui je DOIS ressembler, m’associer, m’assimiler, au point d’adopter le même « nom » : je suis « mobo », fier de l’être et décidé à le rester, voilà qui donne un sens à ma vie !!!
    Non, non ! je déconne ! ni mobo, ni même accroché à mon antique portable nokia, vous savez, celui avec -juste- un clavier avec des chiffres, sans photo, ni internet, ni applis compliquées, un -comment ça s’appelle ?- ah oui, un téléphone quoi !
    ;-))))

  3. Comment peut-on être bohème, c’est à dire dans l’imaginaire collectif être libre et indépendant, libéré des « conventions sociales » comme dirait le dictionnaire, tout en étant attaché comme un esclave à son smartphone, outil banal au possible, qui tend à s’uniformiser et représente la tyrannie des temps modernes ?

    L’article est intéressant, même si le concept me laisse perplexe. Comme dirait Stéphane : « une étiquette de plus » 😉

      1. Je suis d’accord, c’est réducteur, mais la description qui est fait ci-dessus donne vraiment l’impression que le smartphone est au centre de tout, et que sans lui la personne ne serait plus la même et surtout ne serait pas un mobo.
        Un peu comme si l’on justifiait son usage à tout bout de champ par l’image « mobo » en voulant entrer dans la case plus agréable du « mobile bohemian » qui pourtant reste effectivement esclave de la technologie qui plus ait une technologie coûteuse et rapidement obsolète…
        Vraiment contradictoire avec la bohème du 19ème siècle qui n’était pas franchement aisée et cherchait l’échange créatif réel.
        Un peu comme les « bobo » il y a quelques années, c’est un terme qui veut donner l’air cool à des gens qui ne reprenne de l’esprit d’origine (bohème pour les deux) que les côtés « anticonventionnels et pseudo-créatifs » (je dis pseudo sans être péjorative car il y a finalement peu d’originalité qui sort des phénomènes de « masse ») – l’échange existe, mais en y regardant de plus près, il est très souvent réduit au minimum (si on regarde le phénomène de masse et non les individus en particulier) et le principe est d’appartenir à un groupe (faire comme le groupe) plutôt que d’échanger réellement des idées, d’en débattre, d’avancer dans sa réflexion et dans sa création.

        Après, ça permet d’appartenir à un groupe social plus réduit et plus en rapport avec ses affinités de pensée et de vie qu’une simple classe moyenne ou bourgeoise, plus basé sur les idées que sur les revenus (mais il en faut un minimum vu le coût technologique). Mais ça n’en reste pas un phénomène très localisé socialement : je dirais que les bobo d’hier sont devenus des mobo aujourd’hui…
        Dans les deux cas, on veut se démarquer d’un groupe qui ne nous plaît pas en invoquant une originalité de pensée et de ton pour se raccrocher à un autre groupe… tout aussi enfermant dans sa définition.
        Mais ça doit être un problème de l’être humain de vouloir à tout prit appartenir à un groupe d’autres êtres humains… (et à classer tous les autres dans des cases -clin d’oeil à Sediter justement 😛 )

  4. Mobos are ‘mobile bohemians,’ whose spirit springs from bohemianism of Paris in 19th century. They share many similar views as a love of the arts and an unconventional lifestyle as original bohemians. But they extend themselves through their mobile devices, which affords them a great deal of freedom to explore the world around them.

    Merci beaucoup !

    -JJ

    1. Thanks Jenz for that specific detail. I guess you also are thinking of Henry Murger’s book : La vie de Bohème ! It was a thrill for me to have the chance to discover your magazine : Goingmobo. Thanks to share with me. Long life to it.

  5. More details also in « Bohemian Paris » by Jerrold Seigel . This book was recommended by Prof. Mayer-Robin at University of Alabama, who specializes in 19th-century French literature.

    It is very interesting to see the origins and how they evolve and transform in our modern culture.

    -JJ

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  8. Je ne suis pas un bavard, donc je suis bref : c’est un bon article. Plaisir à lire, plaisir de mettre un nom sur un concept.

    J’aime beaucoup le nom de votre blog.
    Bonne journée ou bonne nuit

  9. Bonjour Chris !
    Juste une petite erreur à correger : un Iphone tourne sous l’iOS (de Apple); alors que d’autres smartphones peuvent tourner sous d’autres OS, comme Android (de Google).

    A bientôt 😉

  10. Je possède bien un GSM mais je m’en sert uniquement pour mes conversations voix et quelques rares SMS, donc toutes les parties d’accès au net pour l’envoi de photos ou de vidéos ne sont pas utilisées.

    Conclusion: Non je ne suis pas un Mobo, juste un être humain.

    En tous cas, merci de m’avoir indiqué l’explication de ce mot

    1. Bonjour vincent, merci de ta réaction. Un mobo est un être humain ! 😉 J’imagine que tu as un ordinateur et que tu envois photos et vidéos de ton ordi ? L’humain du 21e siècle se dit aussi un digiborigène (mot inventé par Yann Leroux et repris par David Queffélec). Bonne journée !

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