« Les petites histoires à lire debout » : un projet éditorial complétement mobo !

L’accès en continu à internet, les performances des smartphones et la fréquentation croissante des réseaux sociaux changent progressivement notre rapport au monde et aux autres, notre façon de les penser, de les rencontrer, de travailler et de vivre.

Ce n’est pas en envoyant un manuscrit par la poste, ni le long du boulevard Saint Germain que j’ai rencontré Jean-François Gayrard, directeur des éditions NumérikLivres, mais en butinant sur les réseaux sociaux.

Nous sommes devenus amis, followers, connaissances à travers Facebook, Twitter et Google +. Au fil des mois, je me suis familiarisée avec son travail d’éditeur et les auteurs de sa maison d’édition, j’ai appris à connaître sa personnalité, à apprécier ses qualités de partage et d’entraide et, plus que tout, sa capacité et son désir à penser et travailler autrement. Être éditeur et auteur numérique implique un ajustement de comportements et force à renouveler le rapport commercial et culturel établi au fil des siècles entre éditeurs, auteurs, distributeurs.

Le 27 décembre 2011, j’ai reçu un message Facebook dans lequel Jean-François Gayrard me proposait de publier un de mes textes de La couleur de l’oeil de Dieu. pour une nouvelle collection littéraire 100% numérique baptisée « Les Petites histoires à lire debout« . J’ai aussitôt dit : Ouuuuuuuuuuui !

« Les petites histoires à lire debout » est une collection conçue pour lire d’une tablette, d’un smartphone ou d’une liseuse de quelques endroits où l’on se trouve : transports en commun, queues interminables, salles d’attentes, dans son lit avec un café le matin ou le soir avant de s’endormir. Format court par excellence, chaque module de la collection est composée de trois nouvelles d’un auteur Numériklivres et d’une nouvelle d’un auteur invité. Quatre nouvelles en tout pour une somme modique de 1.49€ ou 2.99 $. Les deux premiers modules de la collection proposent des nouvelles Faute d’amour et Douceur amère d’Anita Berchenko, auteur de Suite 2806 et Les hirondelles sont menteuses aux éditions NumérikLivres et deux auteurs invités Christophe Sanchez avec La Bella Ragazza et Chris Simon (moi-même) avec La couleur de l’oeil de Dieu, nouvelle extraite de mon premier recueil numérique. Jean-François vit à Montréal, Anita à Toulouse, Christophe à Marsillargues et moi à Paris. Je ne les ai jamais rencontrés physiquement, je lis leurs textes et blogs, j’échange et dialogue avec leur avatar et nous voilà, aujourd’hui, réunit autour d’une collection.

Personne n’est obligé de lire dans les transports en commun ou les salles d’attentes, seulement, les gens le font depuis qu’ils savent lire. Le mobo exploite ces situations pour se connecter, répondre à ses messages ou en envoyer, lire un article, un blog ou établir même de nouveaux contacts virtuels ou locaux (lire à ce sujet l’excellent article de GOINGmobo du mois de décembre : How to Stand in Line?). Avec Les petites histoires à lire debout, NumérikLivres offre comme alternative à la bureaucratie nomade, aux jeux, magazines ou journaux, de lire des fictions courtes sur des trajets courts, des tranches de temps calibrés. Fini, les lectures qui s’arrêtent en milieu de paragraphe ou de phrase sur une sonnerie d’ouverture de porte de rame de métro, les marque-pages perdus, la page que l’on ne retrouve plus… Enfin, des escapades littéraires en numérique pour les mobos de tout poil, du plaisir, des histoires contemporaines écrites par les auteurs du web, des aventures au bout des doigts…

Je vous invite à découvrir cette nouvelle collection et ne résiste pas à conclure sur une citation d’Henry Murger, l’auteur qui a le mieux décrit la bohème,le bohémien et son époque : « L’espoir est le million des pauvres »

Excellent réveillon et bonne année 2012 à tous !

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GOINGmobo est le magazine du bohémien mobile de Jenz Johnson (Lire  mon article Êtes-vous un(e) mobo ?)

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Mon 1er salon, ma mouche et le petit peuple de décembre

Samedi. 7h50. Je remarque au-dessus des boîtes aux lettres tout un petit peuple dansant contre le mur écaillé de ma cage d’escalier, bonnets rouges enfoncés sur la tête, barbichettes blanches et souliers vernis. Gare du Nord sur le quai du RER D, j’interroge un homme discret, accoudé, sur une valise à roulettes.

– Mennecy ?

– Vous allez au Salon du livre ?

– Oui.

Auteur de Travail au noir chez L’Harmattan, il sourit, tire sur sa valise tandis que je soulève mon carton de livres et nous montons dans la rame qui arrive à quai.

Mennecy en Gare. L’auteur, Marc S. Masse, Marianne Brunschwig, Stéphanie Goud des Éditons Kirographaires et moi traversons le joli village. On a l’air d’un groupe de représentants de commerce se hâtant chez le gros client, nos valises roulant derrière nous sur le trottoir dans un charivari.

Cette année, le salon se déroule au Gymnase de Mennecy, on nous assigne la table de notre maison d’édition (Kirographaires), avec nos noms écrits en gros. Ça nous flatte l’égo, forcément ! Marianne déballe son recueil, Carré Blanc ; et moi, Le baiser de la mouche. Nous faisons des piles, bien droites. À travers les immenses verrières, les rayons du soleil nous arrivent droits dans les yeux, on se croirait en plein été !

Vient l’heure du discours des pontes municipaux, du café qui est offert et des papotages entre auteurs. T’es chez qui ? C’est bien ? Etc. Cathy Bohrt, aussi auteur chez Kirographaires avec Entre Parenthèses, se présente à nous. Nous nous embrassons, son ami nous prend en photo.

De gauche à droite, Chris Simon, Cathy Bohrt, Marianne Brunschwig

On annonce le cocktail. La foule qui écoutait le discours, tourne à angle droit devant nos livres, s’engouffre dans l’arrière salle du gymnase, direction le buffet. Les auteurs les suivent. Je me retrouve seule à la table avec ma littérature empilée… Je sors mes mouches de mon sac et les place savamment sur la couverture de mes recueils. Elles ont l’air tellement vivant ! Le premier lecteur qui m’achète Le baiser de la mouche, je lui dédicace bien sûr, et lui offre une mouche ! Cadeau. Souvenir du salon, du baiser…

Les mouches

Je musarde, peu intéressée par les verres de cocktail d’un jaune étrange qui vont-et-viennent, tombe sur Luc-Michel Fouassier, assis, avec son roman Un si proche éloignement aux Éditions Luce Wilquin. Il n’en est pas à son premier salon du livre, ni à son premier livre… Tout ce vide, ce calme le rendent nerveux.

Marianne et Stéphanie me rapportent des amuse-gueules sur une serviette en papier. Le buffet bat son plein. Les visiteurs n’en décollent plus, Marianne y repart. Stéphanie me prend en photo avec mes mouches ; deux qui se courent après sur la fenêtre de la couverture, une sur le nez, cinq dans la main… On rit beaucoup. Deux femmes, telles de gentilles mamans, nous distribuent un bon-repas gratuit. Nous sommes chouchoutées !

Bzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz !

La jarre de cocktail épuisée, le buffet se vide, le salon se remplit, mais à notre grande surprise, il y a une fuite, car il se vide aussitôt. Qu’à cela ne tienne, les auteurs filent chercher leur plateau déjeuner pour passer le temps. Cyriac Guillard, auteur de polars dont Sombre miroir de l’âme aux Editions Édilivre, nous montre son plateau : carottes rapées, céleri rémoulade, camembert, beurre, demie- baguette, boeuf-carottes pommes-vapeur, 1/4 de rouge.

De gauche à droite, Cyriac Guillard, Cathy Bohrt, Luc Fortin et le photographe

On mange, on boit aussi. C’est bon et vraiment je trouve ce salon génial, nous sommes traitées comme des vedettes sur un plateau télé. C’est agréable. Je n’ai pas encore signé un seul livre, mais il reste l’après-midi pour s’en préoccuper.

L’après-midi s’étire, peut-être à cause du vin, des bavardages ou de la digestion. Deux grands événements, quand même !

Une mouche, une vraie, vient se poser sur mon nez, suffisamment longtemps pour me laisser me retourner vers Stéphanie et lui dire :

– Regarde Stéphanie, j’ai une mouche sur le nez !

Elle est ébahie. Je comprends à son regard qu’elle entre dans une autre dimension, moi aussi. On flotte un instant. La mouche s’envole. Quelque chose se passe d’inexplicable avec ma nouvelle, Le baiser de la mouche, qui est aussi le titre du recueil, une mouche me rend visite régulièrement, m’envoie des signes. Stéphanie vient d’en être témoin, Marianne aussi, même si elle n’a pas encore vu les photos. Je ne peux m’expliquer cette soudaine communication avec les mouches, sans considérer sérieusement la puissance et la magie de la littérature.

Un visiteur saisit une de mes mouches. Un couple, elle la quarantaine sympa, lui légèrement bizarre. J’engage la conversation. J’offre une mouche ! (pas la vraie, elle est déjà partie, mais la fausse, celle qui est sur la photo qu’on a prise deux heures avant l’arrivée de la vraie). Pour Noël, voyage à Londres. Et pour le jour de l’an, ils organisent chez eux à Mennecy, une soirée Kill Bill. Tarantino, le film ! Je ne leur demande pas leur prénom, c’est indiscret. J’y crois jusqu’au bout… Je les cuisine un peu. Lui repose la mouche, elle, s’écarte de la table. Un signal. Ils s’éloignent, nous tournent le dos sans acheter ni mon livre, ni celui de Marianne.

Je suis là

19h30, retour rue Cadet, le petit peuple a proliféré. Les bonnets rouges ont escaladé portes, fenêtres et s’y agrippent hilares. Les plus grands portent des hottes, les plus petits conduisent des traîneaux, ils ont même planté un sapin au milieu de la cour, décoré, enguirlandé… Ça clignote.

Le salon de Mennecy était mon premier salon du livre, mais pas ma première signature ! Ma mouche et moi, on en rit.

Texte © Chris Simon pour le baiser de la mouche, Photos © Cathy Bohrt et Stéphanie Goud, directrice d’ouvrages aux Éditions Kirographaires.

  • Remerciements photos à Cathy Bohrt et Stéphanie Goud.