Pourquoi en numérique ? Entretien avec Lise Capitan, traductrice.

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Dans ma série Pourquoi en numérique ? J’introduis aujourd’hui le premier entretien avec une prestataire d’e-books qui est ouverte à toute proposition de travail avec un auteur auto-publié. La traduction est une phase importante dans la vie d’un auteur. Avoir son oeuvre traduite dans une autre langue lui donne la possibilité de rencontrer de nouveaux lecteurs et d’ouvrir sa carrière sur de nouveaux marchés. À l’ère du numérique et de la globalisation, la traduction va devenir une évidence. Il n’y aura plus besoin d’avoir atteint les plus hauts records de ventes à l’échelle nationale ou reçu le prix Goncourt pour se lancer à la conquête des marchés étrangers. Il y a deux semaines, j’ai reçu un courriel de Lise Capitan. Elle m’a contacté très spontanément pour me proposer un entretien avec l’auteur Irlandais auto-publié, David Gaughran, pour qui elle a traduit Passons au numérique et une nouvelle. Bien sûr, cela m’a intéressé de suite, d’une part parce que j’ai lu Passons au numérique et j’espère accueillir David bientôt ici ; et d’autre part, parce que Lise Capitan est traductrice et propose ses services.

Lise Capitan traduit  d el’anglais & l’espagnol au français

Diplômée en traduction et rédaction, Lise Capitan a commencé par travailler pour le jeu vidéo en 2001. Voilà trois ans qu’elle est à son compte et s’intéresse de plus près au milieu de l’édition.

Aujourd’hui, elle traduit, adapte, révise et rédige de l’anglais et l’espagnol vers le français. Ses domaines de spécialité sont le jeu vidéo et la littérature. Lise travaille actuellement sur une nouvelle de SF contemporaine, un roman victorien et une romance contemporaine (pour des maisons d’édition).

C’est avec une grande modestie et un esprit éclairé que Lise a accepté l’entretien. Nos échanges ont été simples, directs et chaleureux. Lise apparaît comme une personne à l’écoute, et qui prête une grande attention aux détails. Qualités essentielles pour la traduction !

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Five questions to know Lise Capitan

1.

Comment es-tu arrivée dans le numérique ?

Grâce à Twitter. Passionnée de littérature et de traduction, j’ai trouvé sur Twitter beaucoup de personnes très intéressantes à suivre. De fil en aiguille, j’ai réalisé qu’il existait toute une communauté autour des livres numériques. J’ai suivi leurs actualités, leurs débats, parfois animés. Il m’arrivait de ne pas très bien comprendre les raisons de cette animosité. Et puis un jour, j’ai sauté le pas : je me suis acheté une liseuse. À partir de cet instant, j’ai compris qu’on ne pouvait pas rester entièrement neutre sur le livre numérique. Au stade balbutiant où il se trouve, tout n’est pas complètement au point, et souvent il faut prendre parti : pour ou contre les DRM (Digital Rights Management), les pirates, les éditeurs…

2.

Pourquoi le numérique ?

Ce que j’aime dans l’édition numérique, c’est la notion d’ouverture. Depuis que je suis à mon compte, je m’intéresse à l’édition traditionnelle, mais j’ai toujours eu l’impression qu’il me manquait quelque chose pour entrer dans ce cercle, comme si les portes restaient fermées parce que je ne connaissais pas les bonnes personnes. Avec le numérique, c’est différent, le champ des possibles est plus vaste. Un jour, un twittos m’a gentiment indiqué qu’un auteur auto-publié irlandais cherchait à établir une liste de traducteurs prêts à travailler dans l’auto-publication. Je me suis manifestée, et en l’espace de quelques mails, je signais un contrat avec David Gaughran pour traduire son premier livre Passons au numérique. Après cette première collaboration réussie, il est en train de faire traduire ses autres livres (deux recueils de nouvelles et un roman historique).

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3.

Quelles sont les prestations que tu proposes ?

Je propose des services de traduction, d’adaptation et de révision de l’anglais et l’espagnol vers le français. Je peux aussi rédiger des textes en français, et bêta-lire des ouvrages rédigés en français. Je travaille principalement dans le jeu vidéo (tous genres et toutes plateformes confondus) et les littératures dites populaires (SF, fantasy, feuilleton, romance).

4.

Rencontres-tu tes clients ou tout peut se faire via le net ? Comment travailles-tu avec ton client ? As-tu un mode de fonctionnement particulier ?

Dans mon métier, tout peut se faire uniquement par internet, ou presque. Il m’arrive de travailler avec certains clients sans avoir jamais entendu le son de leur voix, même au téléphone. J’essaie tant que je le peux d’aller à la rencontre de mes clients, qu’ils soient auteurs, éditeurs ou autre, mais ce n’est pas toujours possible. Dans tous les cas, quel que soit le mode de communication choisi, je mets un point d’honneur à privilégier une grande transparence tout en cultivant une certaine convivialité. D’après mon expérience, ce sont des petits plus qui peuvent vous donner l’avantage sur la concurrence. Aussi, en travaillant avec des auteurs auto-publiés, je m’implique un maximum dans la promotion du livre en essayant de faire jouer mon propre réseau et en guidant l’auteur vers les plateformes les plus intéressantes pour parler du livre.

5.

Quels sont tes souhaits sur l’évolution, le développement de l’édition numérique ?

Pour l’instant, le marché du livre numérique en France n’est peut-être pas énorme (encore que, j’ai entendu récemment que ça augmentait pas mal). Mais il va irrémédiablement s’agrandir. Ce que j’aimerais par-dessus tout, c’est qu’on cesse les débats stériles papier/numérique, comme si c’était le support qui était important. En fait, c’est la lecture qui est importante. Pas mal d’acteurs du numérique l’ont compris, et certains éditeurs papier aussi s’y mettent lentement. J’aimerais que les gens continuent à lire, quel que soit le support, et qu’ils en soient fiers.

Pour en savoir plus sur Lise ou la contacter visitez son BLOG. Pour la suivre sur Twitter : @lisecapitan ou sur FaceBook

Traduction de l’anglais et l’espagnol au français

 

Pourquoi en numérique ? est une série d’entretiens avec des auteurs autoédités en numérique, mais aussi d’autres acteurs qui font les corrections, le formatage, etc.

Si vous désirez un entretien veuillez lire les démarches à suivre. Si vous êtes auteur ici , si vous n’êtes pas auteur 


GOINGmobo, the Magazine of the Mobile Bohemian

Chris Simon _ Licence Creative Commons BY-NC

Photos © David Gaughran, ©Lise Capitan

1ère mise en ligne et dernière modification le 14 novembre 2012

Mon 1er salon, ma mouche et le petit peuple de décembre

Samedi. 7h50. Je remarque au-dessus des boîtes aux lettres tout un petit peuple dansant contre le mur écaillé de ma cage d’escalier, bonnets rouges enfoncés sur la tête, barbichettes blanches et souliers vernis. Gare du Nord sur le quai du RER D, j’interroge un homme discret, accoudé, sur une valise à roulettes.

– Mennecy ?

– Vous allez au Salon du livre ?

– Oui.

Auteur de Travail au noir chez L’Harmattan, il sourit, tire sur sa valise tandis que je soulève mon carton de livres et nous montons dans la rame qui arrive à quai.

Mennecy en Gare. L’auteur, Marc S. Masse, Marianne Brunschwig, Stéphanie Goud des Éditons Kirographaires et moi traversons le joli village. On a l’air d’un groupe de représentants de commerce se hâtant chez le gros client, nos valises roulant derrière nous sur le trottoir dans un charivari.

Cette année, le salon se déroule au Gymnase de Mennecy, on nous assigne la table de notre maison d’édition (Kirographaires), avec nos noms écrits en gros. Ça nous flatte l’égo, forcément ! Marianne déballe son recueil, Carré Blanc ; et moi, Le baiser de la mouche. Nous faisons des piles, bien droites. À travers les immenses verrières, les rayons du soleil nous arrivent droits dans les yeux, on se croirait en plein été !

Vient l’heure du discours des pontes municipaux, du café qui est offert et des papotages entre auteurs. T’es chez qui ? C’est bien ? Etc. Cathy Bohrt, aussi auteur chez Kirographaires avec Entre Parenthèses, se présente à nous. Nous nous embrassons, son ami nous prend en photo.

De gauche à droite, Chris Simon, Cathy Bohrt, Marianne Brunschwig

On annonce le cocktail. La foule qui écoutait le discours, tourne à angle droit devant nos livres, s’engouffre dans l’arrière salle du gymnase, direction le buffet. Les auteurs les suivent. Je me retrouve seule à la table avec ma littérature empilée… Je sors mes mouches de mon sac et les place savamment sur la couverture de mes recueils. Elles ont l’air tellement vivant ! Le premier lecteur qui m’achète Le baiser de la mouche, je lui dédicace bien sûr, et lui offre une mouche ! Cadeau. Souvenir du salon, du baiser…

Les mouches

Je musarde, peu intéressée par les verres de cocktail d’un jaune étrange qui vont-et-viennent, tombe sur Luc-Michel Fouassier, assis, avec son roman Un si proche éloignement aux Éditions Luce Wilquin. Il n’en est pas à son premier salon du livre, ni à son premier livre… Tout ce vide, ce calme le rendent nerveux.

Marianne et Stéphanie me rapportent des amuse-gueules sur une serviette en papier. Le buffet bat son plein. Les visiteurs n’en décollent plus, Marianne y repart. Stéphanie me prend en photo avec mes mouches ; deux qui se courent après sur la fenêtre de la couverture, une sur le nez, cinq dans la main… On rit beaucoup. Deux femmes, telles de gentilles mamans, nous distribuent un bon-repas gratuit. Nous sommes chouchoutées !

Bzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz !

La jarre de cocktail épuisée, le buffet se vide, le salon se remplit, mais à notre grande surprise, il y a une fuite, car il se vide aussitôt. Qu’à cela ne tienne, les auteurs filent chercher leur plateau déjeuner pour passer le temps. Cyriac Guillard, auteur de polars dont Sombre miroir de l’âme aux Editions Édilivre, nous montre son plateau : carottes rapées, céleri rémoulade, camembert, beurre, demie- baguette, boeuf-carottes pommes-vapeur, 1/4 de rouge.

De gauche à droite, Cyriac Guillard, Cathy Bohrt, Luc Fortin et le photographe

On mange, on boit aussi. C’est bon et vraiment je trouve ce salon génial, nous sommes traitées comme des vedettes sur un plateau télé. C’est agréable. Je n’ai pas encore signé un seul livre, mais il reste l’après-midi pour s’en préoccuper.

L’après-midi s’étire, peut-être à cause du vin, des bavardages ou de la digestion. Deux grands événements, quand même !

Une mouche, une vraie, vient se poser sur mon nez, suffisamment longtemps pour me laisser me retourner vers Stéphanie et lui dire :

– Regarde Stéphanie, j’ai une mouche sur le nez !

Elle est ébahie. Je comprends à son regard qu’elle entre dans une autre dimension, moi aussi. On flotte un instant. La mouche s’envole. Quelque chose se passe d’inexplicable avec ma nouvelle, Le baiser de la mouche, qui est aussi le titre du recueil, une mouche me rend visite régulièrement, m’envoie des signes. Stéphanie vient d’en être témoin, Marianne aussi, même si elle n’a pas encore vu les photos. Je ne peux m’expliquer cette soudaine communication avec les mouches, sans considérer sérieusement la puissance et la magie de la littérature.

Un visiteur saisit une de mes mouches. Un couple, elle la quarantaine sympa, lui légèrement bizarre. J’engage la conversation. J’offre une mouche ! (pas la vraie, elle est déjà partie, mais la fausse, celle qui est sur la photo qu’on a prise deux heures avant l’arrivée de la vraie). Pour Noël, voyage à Londres. Et pour le jour de l’an, ils organisent chez eux à Mennecy, une soirée Kill Bill. Tarantino, le film ! Je ne leur demande pas leur prénom, c’est indiscret. J’y crois jusqu’au bout… Je les cuisine un peu. Lui repose la mouche, elle, s’écarte de la table. Un signal. Ils s’éloignent, nous tournent le dos sans acheter ni mon livre, ni celui de Marianne.

Je suis là

19h30, retour rue Cadet, le petit peuple a proliféré. Les bonnets rouges ont escaladé portes, fenêtres et s’y agrippent hilares. Les plus grands portent des hottes, les plus petits conduisent des traîneaux, ils ont même planté un sapin au milieu de la cour, décoré, enguirlandé… Ça clignote.

Le salon de Mennecy était mon premier salon du livre, mais pas ma première signature ! Ma mouche et moi, on en rit.

Texte © Chris Simon pour le baiser de la mouche, Photos © Cathy Bohrt et Stéphanie Goud, directrice d’ouvrages aux Éditions Kirographaires.

  • Remerciements photos à Cathy Bohrt et Stéphanie Goud.