Cela va faire deux ans bientôt que les plateformes canado-américaines ont ouvert leur porte aux auto-édités en France, tandis que les librairies francophones numériques, qui se multiplient, traînent à le faire. Suite à mon billet sur la naissance du GLN (Groupement pour le développement de la Lecture Numérique) que certains libraires en ligne ont commenté, j’ai décidé de faire un point. J’ai essayé de rassembler ici tous les libraires qui acceptent de vendre les livres des auto-édités, s’il en manquait, j’invite libraires en ligne, lecteurs à les ajouter à ce billet.
La tâche n’a pas été facile certains libraires n’ont pas répondu à ma requête, je les ai donc éliminées d’office. J’ai trouvé qu’il n’était pas toujours simple de localiser sur les sites le lien dédié aux auteurs indépendants (quand il y en avait un !). Manque ou défaut de communication, certaines librairies semblent garder l’info secrète et parfois il faut s’armer d’une certaine patience pour accéder aux démarches à suivre . Quand on voit la simplicité d’accès des plates-formes comme Amazon Kindle et Kobo, on peut s’interroger… D’autant plus qu’ouvrir sa librairie aux auto-édités ne suffit pas, il faut aussi une politique de mise en avant de leurs livres comme l’ont bien compris Amazon et Kobo, qui montre des signes de progrès à ce niveau-là.
Les plates-formes majeures :
Je rappelle ici les plates-formes équipées de tablettes ou liseuses ouvertes aux auteurs indépendants avec un système d’inscription, de redevances et une logistique simple et facile :
Amazon (Kindle Publishing Direct), Kobo (writing Life), qui vient d’inaugurer en octobre Writing life en version française avec une mise en vente automatique et rapide sur Kobo by Fnac, et iBookStore (itunes), Google Play, et Barnes & Noble (qui n’est pas accessible aux auteurs Européens).
Les Librairies en ligne
Immatériel.fr : La plus ancienne (création en 2008). Accessible avec un numéro de SIRET (pour en obtenir un, le statut d’auto-entrepreneur suffit). On peut regretter qu’il n’y ait aucune mise en lumière des auteurs indépendants. J’achète des livres chez eux, mais n’en ai jamais vendu. En tant que lectrice, je peux confirmer que le service est bon et permet de lire sur n’importe quel support, de plus le site possède un système de commentaires, Si vous avez un numéro de siret, cela vaut peut-être la peine de distribuer chez eux. Pas d’exclusivité, pas de frais d’inscription et une majoration de 30% sur les ventes. Toutes les infos ici :
Didactibook : une des rares librairies ouverte aux auto-édités, la procédure est un peu plus complexe et il faut fournir formats PDF et ePub, un ISBN. Pas d’exclusivité. Pas de tarif indiqué sur la redevance des ventes, j’imagine que cela se trouve dans le contrat. Toutes les instructions ici : http://www.didactibook.com/store/page/63-Editeurs
Chapitre.com : Il faut prendre contact via une adresse courriel avec un commercial ce que j’ai fait le 22 octobre 2013. Toujours pas de réponse 😉
Nolim store, la nouvelle librairie ebook de Carrefour. Je les ai contactés via courriel le 22 octobre, j’ai reçu un email automatique :
Nous vous confirmons avoir pris en compte vos observations et les avoir transmises au service concerné. Nous vous contactons dans les plus brefs délais dès que nous obtenons de plus amples informations à ce sujet. Vous bénéficiez ainsi de la prise en considération de vos remarques par nos collaborateurs et de notre engagement à vous proposer un service adapté à vos attentes. Nous vous remercions de votre intérêt pour notre offre Nolim By Carrefour et restons à votre disposition pour tout renseignement complémentaire. Nous vous souhaitons, Madame Simon, une agréable journée.
Depuis plus rien ;-). Je pense donc que Nolim n’a pas prévu pour l’instant de distrubuer les auto-édités.
Je ne dirai pas que mon expérience est super concluante. J’ai dépensé beaucoup de temps pour contacter ces librairies, la plupart du temps, j’ai galéré pour trouver les informations, ou je suis restée sans réponse à ma demande. Je ne reporte pas les noms de toutes les librairies qui n’ont qu’un lien éditeurs, assumant qu’ils ne gèrent pas les auteurs indépendants. Pas besoin de vous faire un dessin, beaucoup de temps perdu pour des ventes qui restent minimes puisque d’après une étude publiée par IDboox cette semaine :
Dans les pays occidentaux, 86% des personnes interrogées utilisent au moins une des cinq plates-formes majeures. 20% des personnes interrogées utilisent les services d’Apple ou de Google pour se procurer plus de deux médias différents comme de la musique, de la vidéo, des livres ou des jeux vidéo. Ils sont 30% chez Amazon. La firme de Jeff Bezos reste le site de destination privilégié pour les livres numériques. 28% des utilisateurs de la plate-forme y viennent pour les ebooks. 21% utilisent Google pour les livres numériques et 19% Apple.
Bref, ce n’est certainement pas un secret pour les auto-édités, mais les sites de ventes les plus accueillants et « user friendly » restent les plates-formes anglo-saxonnes, elles sont aussi celles qui génèrent le plus de ventes à ce jour. Le marché numérique se développe et les mentalités s’ouvrent. Il y a de l’espoir. D’autres acteurs proposent de distribuer vos livres, le Zèbre Digital (filiale de ONLIT), Smashwords et un nouvel acteur : ibookthèque, une filiale de l’éditeur NumerikLivres qui propose de distribuer les livres des auteurs indépendants sur toutes les plates-formes et librairies numériques. Une sorte d’agrégator à la Smashwords.
Ibookthèque est un nouveau service qui propose de diffuser vos livres sur toutes les librairies et plates-formes, comme sur Smashword vous pouvez choisir de faire vos fichiers ou de les faire faire. En effet ibookthèque propose de convertir vos fichiers à partir des fichiers en .doc, .rtf, .Pages. pour une somme qui va de 59,00 à 99,00 euros selon la taille de votre fichier. Prix raisonnables. Avec ces fichiers en poche vous pouvez choisir de diffuser votre livre vous-même ou le faire diffuser par ibookthèque, accédant ainsi à toutes les plateformes et librairies francophones. Iboothèque vous reversera 80% de redevances sur les ventes nettes de vos livres. Qu’est-ce qu’une vente nette ? C’est le prix de vente déduit des taxes de vente en vigueur (TVA, entre autres) et de la commission reversée aux librairies en lignes (40 %).
Exemple concret avec prix de vente public à 4.99 € TTC :
4,99 – 5,5 % de TVA* = 4,71 € HT
4,71 – 40 % (part des librairies) = 2,82 € HT
2,82 x 80 % (vos redevances) = 2,26 €
Pour un livre numérique vendu au prix public de 4,99 € TTC vous percevrez sur chaque téléchargement 2,26 €.
C’est moins que si vous vendiez en direct sur Amazon, mais pensez que votre livre est distribué non pas sur une plateforme, mais sur un grand nombre, notamment toutes celles sur lesquelles vous n’avez pas accès en tant qu’auteurs indépendants.
J’ai fait le calcul sur une séance de Lacan et la boîte de mouchoirs 🙂
1,29 – 5,5 % de TVA* = 1,22 € HT
1,22 – 40 % (part des librairies) = 0,74 € HT
0,74 x 80 % (vos redevances) = 0,59 €
Pour une séance vendu au prix public de 1,29 € TTC, je percevrai sur chaque téléchargement 0,59 €.
Conclusion : avec un ebook en dessous de 2,99 €, je gagne plus qu’en passant directement par Amazon, puisque ma redevance (nette à 35%) sur 1,29€ est de 0,45 € . Ce ne sera pas forcement vrai sur les autres plates-formes. Reste à déduire le coût du codage 59,00 € (mon fichier est de moins de 15000 mots). Les 100 premières ventes serviront à amortir ce coût.
Les avantages :
Une large distribution ce qui rend votre livre accessible au plus grand nombre de lecteurs en une seule livraison
Des fichiers professionnellement codés dont vous pouvez disposer comme vous voulez
Moins de temps passé à préparer votre livre et le charger sur les plates-formes, plus de temps pour écrire.
Progression de vos ventes de livres sur le moyen/long terme en phase avec le marché qui est exponentiel
Possibilité de faire des promotions ponctuelles
Les désavantages :
À chaque modification de votre livre, il faudra repayer un nouveau codage. (cf tarifs différents)
Contrat d’exclusivité (impossible de vendre en direct sur d’autres plates-formes à l’exception de son site d’auteur)
Un manque à gagner sur les ventes des livres au prix supérieur à 2,99 € sur Amazon ou sur Kobo et itunes puisque les redevances s’élèvent à 70% ou 65% sur ces plates-formes.
Plus ancien que ibookthéque, le Zèbre Digital appartient à La maison d’édition numérique ONLIT. Créé en janvier 2013, Zèbre Digital propose un forfait codage et diffusion compris à 299,00 € , plus cher au départ que ibookthèque, mais ne prend que 10% sur les ventes, ce qui revient à dire (une fois le pourcentage des plates-formes déduit) que 50% de la vente d’un livre revient à l’auteur. Ces chiffres ne sont pas définitifs, en effet, Zèbre Digital est en train de revoir le prix de son forfait (codage et diffusion) et les statuts juridiques de ses contrats afin de mieux répondre à la demande du marché et à la concurrence, donc n’hésitez pas à contacter la compagnie. On voit que ces deux portiques, contrairement aux librairies en lignes connaissent le numérique et leurs utilisateurs. Leurs sites sont agréables, ergonomiques, en deux mots « User friendly)
Smashwords, créé en 2008 aux États-Unis, distribue votre livre sur les plates-formes Amazon, Kobo, iBookStore, Barnes&Noble et sur d’autres plates-formes importantes de vente comme Sony… Le site est extrêmement bien fait, possède des brochures gratuites qui vous permettent de mieux comprendre et maitriser les formats et le codage epub et mobi (brochures en français aussi) que vous devez fournir. C’est une plateforme très efficace et performante dans le monde anglophone, cependant sur le marché francophone, Smashwords génère peu de ventes sur sa plate-forme, même s’il permet de faire des promotions ponctuelles et vous épargne les démarches administratives avec l’IRS (service de l’impot aux États-Unis). Commission de 15% sur les ventes.
Conclusion : hors les plates-formes canado-américaines auto-publier son livre numérique est un parcours de combattant 😉 avec pratiquement aucune visibilité puisqu’il n’y a pas de politique de mise en avant des auteurs indépendants sur les librairies en ligne. Même si ça reste sans doute aujourd’hui un meilleur investissement de se concentrer sur les plates-formes anglophones (surtout celles qui mettent en avant les auteurs indépendants) plutôt que de décupler les points de vente, surveillons de près, car cela pourrait changer.
Le marché du ebook évolue vite, c’est pourquoi le guichet unique de type ibookthèque ou Zèbre Digital pourraient être dans l’avenir une vraie solution pour les auteurs indépendants, qui génèrent des revenus croissants et veulent satisfaire un lectorat qui s’élargit, en réinvestissant dans la qualité technique de leurs publications et une plus large distribution. Ce qui paraît un peu cher aujourd’hui, ne le sera peut-être plus demain… À vous auteurs de faire votre calcul, de gérer votre temps et votre carrière, vos investissements.
Les auteurs indépendants d’aujourd’hui n’ont pas attendu ces portiques pour publier des livres de qualité et se professionnaliser. Ils l’ont fait grâce à l’entraide et le partage de leurs connaissances et aptitudes en les mettant en commun et continuent de le faire. Cependant l’apparition de ces outils est une bonne nouvelle et permettra à plus d’auteurs de devenir indépendants, même s’ils sont peu geeks. Une des raisons pour laquelle, j’ai consenti à perdre un peu de mon temps à rassembler ces informations et écrire ce billet.
J’ai rencontré Florian Rochat sur les réseaux sociaux. Tous deux auteurs autoédités, nous échangeons depuis quelques mois informations et tuyaux. C’est donc un mini portrait de son avatar, avec lequel mon avatar communique régulièrement, que je vais faire.
Florian Rochat apparaît comme un aventurier tranquille. Ancien journaliste de presse écrite, radio et télévision, il vit au pied des montagnes du Jura suisse, où il pratique de manière assidue la randonnée et le ski de fond. Il aime “Trekker” et les auteurs de l’ouest américain comme Jim Harrison et Rick Bass. Grand amoureux du Montana, la « terre d’ancrage » de deux de ses romans, il est tourné vers la Nature et le rapport de l’homme à la Nature. Autoédité très bien informé, il est généreux, ouvert d’esprit et partageur. En aventurier jusqu’au bout, il a choisi d’autopublier en numérique son nouveau roman, La légende de Little Eagle, qu’il a couplé avec une version papier realisée au sein du programme Create d’Amazon. Florian Rochat a été le premier à répondre à mon invitation du 31 aôut, et c’est avec un grand plaisir que je vous le présente.
La légende de Little Eagle En vente sur Amazon, iBookStore, Kobo, Fnac… et Smashwords
Résumé : Hélène Marchal, journaliste dans la quarantaine, hérite d’une maison dont elle n’avait jamais entendu parler. Ces lieux avaient abrité un secret de famille que sa mère lui avait révélé peu avant sa mort. Mais en se rendant à Verdeil pour y découvrir son bien, une autre surprise l’attend dans ce petit village bourguignon.
Sur un rayon de bibliothèque où quelques livres ont été abandonnés, elle découvre un bout de papier qui dépasse d’un ouvrage. C’est une copie carbone d’une lettre adressée en 1947 par son grand-père maternel aux parents du premier lieutenant John Philip Garreau, pilote de chasse dans l’armée de l’air américaine… lire la suite
Début 2011. Quelqu’un m’avait envoyé un article sur le succès d’Amanda Hocking, qui avait autopublié plusieurs livres après avoir été rejetée par tous les éditeurs et qui en avait vendu 900 000 en moins d’un an sur Amazon. De fil en aiguille, j’ai découvert d’autres pionniers du numérique, notamment Joe A. Konrath, un auteur de polars qui avait écrit une dizaine de livres et totalisé… 600 refus. Depuis sa première autopublication en 2009, ses ventes approchent aujourd’hui le million d’exemplaires. Donc, à l’automne 2011, suite à plusieurs refus d’éditeurs pour mon nouveau roman, « La légende de Little Eagle », je me suis dit que je n’allais pas passer cinq ans (comme précédemment) pour en trouver un éditeur (le mien m’ayant laissé tombé) . j’ai décidé de tenter le coup de l’autopublication
2.
LeBdelaM : Question formatage et couverture, tu t’y es pris comment ?
Je n’ai pas essayé de formatter moi-même, je ne suis pas un « geek » en informatique ! Mais j’ai un ami informaticien qui s’en est chargé, et nous avons fait les procédures de téléchargement ensemble. Même aux Etats-Unis, tous les auteurs ne formattent pas eux-mêmes. Il y a des dizaines de petites sociétés qui offrent ce service pour quelques centaines de dollars. Ensuite, j’ai acheté une photo “clean et pro” à un photographe anglais. Mon ami informaticien l’a “habillée” (titre, couleurs) en collaboration avec moi et fait le formatage pour le KDP et Smashwords.
Smashwords m’est apparu comme un complément à Amazon, parce qu’ils distribuent les livres qu’on publie chez eux à d’autres plateformes (Apple, Kobo, Fnac, Sony, Diesel, Barnes & Noble…) Voilà pour l’avantage. Quant aux inconvénients, je ne vois pas… sinon que mes ventes sur ces plateformes-là sont inférieures à celles que j’ai sur Amazon. C’est Amazon qui marche le mieux. Deux opération “gratuites” et limitées dans le temps sur Smashwords ont suscité un peu plus de 100 téléchargements.
4.
LeBdelaM : Comment tu fais la promotion de ton livre ?
Pas de Relation Presse. J’ai essayé (et je continue) de le faire via les Twitter et Facebook, qui sont sensés être les sésames pour la promotion, mais pas vraiment dans mon cas. Le plus souvent avec des “amorces” de mes articles de blog sur le numérique, ou le partage d’articles sur la question ou la littérature en général. Quelques tentatives sur des forums, qui ont marché un peu. Mais les intervenants sur ces forums sont souvent intolérants: “Il fait de l’autopromotion !!!” (La honte…) Et les bloggeurs aussi ne sont pas très ouverts à l’autopublication.
LeBdelaM : Des suggestions pour faire évoluer les mentalités ?
Sacrée question… La stigmatisation et le mépris pour l’autopublication sont tels en France, pays où les « vrais écrivains » ne peuvent qu’être ceux reconnus par un éditeur traditionnel… Je crois qu’un problème important est justement la facilité avec laquelle on peut se proclamer aujourd’hui « écrivain » en s’autopubliant. Beaucoup de livres offerts sur le Kindle Store ou ailleurs me semblent mauvais, et ça fait du tort aux vrais auteurs. Mais il y en a ! Les meilleurs ont une véritable éthique, ce sont des « pros » qui écrivent de bonnes histoires, sur des thèmes intéressants, en se montrant rigoureux sur la structure, la correction, l’édition. Pour reprendre l’exemple américain, beaucoup d’écrivains autopubliés recourent aux service de correcteurs et d’éditeurs indépendants. Cela coûte de l’argent, mais cela en vaut la peine. Reconnaissance: depuis quelques mois, le New York Times inclut les livres autopubliés dans ses listes des meilleures ventes. Il faudra encore un certain temps pour que L’Express ou le Point s’y mettent… En ce qui me concerne, j’ai re-re-re-re-lu mon livre maintes fois, y apportant de nombreuses collections alors que le le croyais « fini ». Je l’ai fait lire par plusieurs lecteurs et lectrices capables de le critiquer au lieu de me dire: « C’est génial ! », et j’ai souvent (mais pas toujours, ils n’avaient pas forcément raison, et l’auteur doit être le dernier à trancher) tenu compte de leurs remarques. Cela dit, l’autoédition peut être diabolique: j’ai retrouvé, après publication, plusieurs coquilles mineures, une référence grossièrement fausse, et une phrase qui ne voulait rien dire du tout ! L’avantage de l’autopublication, c’est qu’on peut corriger cela facilement et rapidement. Ce qui a été fait.
5.
LeBdelaM : Entretiens radio et autres
Oui, une émission d’une demi-heure, débat avec un auteur “classique” sur les avantages et inconvénients du numérique. Un très bon article sur un site spécialisé dans l’aviation, et plusieurs blogs/forums aviation et guerre très accueillants.
Bonus technique et idéologique de Florian Rochat en trois lettres
A.
LeBdelaM : Sur Amazon couplée avec la version numérique, tu proposes une version papier, comment ça marche exactement ?
J’ai découvert la possibilité du « papier » peu avant mon autopublication en numérique, avec le service CreateSpace d’Amazon: https://www.createspace.com/ (se logger en ouvrant un compte, puis cliquer sur « Start a book for free » pour voir comment ça marche. Il faut aussi formater, bien sûr.) Cette option me semblait très complémentaire au numérique, dans la mesure où une grande majorité de lecteurs potentiels ne sont pas encore équipés de tablettes ou liseuses. Les versions papier ET numérique apparaissent groupées sur les sites d’Amazon. Les lecteurs ont donc le choix du support. La version imprimée, dont la fabrication est gratuite, mais pour laquelle Amazon offre également de l’aide moyennant une somme assez modeste) peut être vendue à un prix très concurrentiel par rapport à un livre issu de l’édition traditionnelle. Et c’est quand même toujours sympa d’offrir un (« vrai) livre à ses amis et à ses proches… J’encourage chacun à utiliser cette possibilité. Si on connaît un ou quelques libraires, on peut même s’arranger avec eux pour qu’ils offrent le livre dans leur assortiment.
En vente sur Amazon, iBookStore, Kobo, Fnac… et Smashwords
B.
LeBdelaM : Comment vis-tu, perçois-tu ce nouveau statut pour les auteurs ?
L’autopublication est vraiment une révolution pour les auteurs. Pour ceux qui ne trouvent pas d’éditeurs (parce que les éditeurs ne peuvent pas tout publier, même si ce sont de bons livres). Pour ceux qui croient qu’en ayant déjà publié chez des éditeurs traditionnels (comme moi, chez 2 différents), ils peuvent encore en trouver un. Mais ce n’est pas garanti, et ça peut prendre DES ANNÉES… Cinq, pour mon précédent roman, mais le dernier éditeur contacté a eu un coup de coeur et s’est décidé en deux jours ! C’est aussi une révolution pour des auteurs confirmés aux Etats-Unis, où ils sont de plus en plus nombreux à tourner le dos aux éditeurs traditionnels. Parce qu’ils peuvent publier au rythme qu’ils veulent. Parce qu’ils sont payés chaque mois, au lieu de l’être un an après la sortie de leur livre. Parce qu’ils sont mieux rémunérés sur des prix beaucoup plus bas. Parce qu’ils conservent tous leurs droits: traductions, adaptation cinématographique (pour les chanceux). Un exemple parlant est celui de Barry Eisler, un auteur de thrillers politiques qui n’est pas un best seller comme James Patterson ou Steven King, mais dont les livres se vendaient tout de même à quelques centaines de milliers d’exemplaires. Il a refusé une offre de 500 000 $ de son éditeur pour ses deux prochains livres, et a autopublié le premier (« The Detachment »), ce qui lui a rapporté plus d’argent qu’auparavant. N’oublions pas que l’auteur, économiquement parlant, est le maillon le plus faible dans la chaîne du livre traditionnel. Un scandale ! Et que les contrats des éditeurs sont léonins dans leurs conditions et restrictions de toutes sortes. Enfin, les livres autopubliés en numérique sont « éternels » sur le Net, contrairement aux livres imprimés, dont la grande majorité qui disparait rapidement des librairies. Je m’intéresse beaucoup, ces jours, à Joël Dicker, un jeune écrivain genervois de 27 ans, dont le polar « La Vérité sur l’affaire Harry Quebert »(Editions L’Age d’Homme/de Fallois) figure dans les premières sélections pour le Goncourt et le Femina. Il a des critiques canon dans la presse parisienne, et il vit un rêve extraordinaire. Prix ou pas prix, son livre sera sans doute un succès, et je le lui souhaite de tout coeur. Mais voilà: ce genre de situation est l’exception, et donc je ne fantasme absolument pas là-dessus.
C.
LeBdelaM : Projettes-tu de continuer l’autopublication en numérique ?
Oui. Je pense terminer vers la fin de l’année un nouveau livre, « Printemps sans chien, printemps chagrin » (une « histoire de chiens » sous forme de récit personnel, pour simplifier) et je vais évidemment l’autopublier. Mes chances de succès sont aussi incertaines que chez un éditeur traditionnel, mais qu’importe puisque je n’y peux rien. Mais le créneau ou la catégorie « Animaux de compagnie » sur Amazon me semble bons et bien visibles. Les auteurs qui s’autopublient accroissent leurs chances avec chaque nouveau titre ajouté à leur liste sur les plateformes de vente, il y a un effet boule de neige avec le temps. Le numérique et le nombre d’ereaders augmentent chaque jour, partout. Donc : écrire, écrire, selon son envie, son inspiration, son rythme. Sans se prendre la tête ni se faire du mouron par rapport aux affres du monde de l’édition traditionnelle ou au succès si désiré, mais toujours en donnant le meilleur de soi- même. Et, comme disait une vieille chanson américano-espagnole, « que sera, sera ».
Pourquoi en numérique ? est une série d’entretiens avec des auteurs autoédités en numérique, mais aussi bientôt d’autres acteurs qui partiquent la correction, le formatage, etc.
Si vous désirez un entretien veuillez consulter ce billet pour les démarches à suivre.
Troisième volet d’un état des lieux et analyse de la situation et de la condition de l’auteur, de ses difficultés et de son devenir. Lire le volet 1 et le volet 2
Pour ne manquer aucun billet de la série, abonnez-vous au blog