Habiter la vitesse du train (La Traversée Littéraire à bord du RER C, 2011), un an déjà !

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HABITER LA VITESSE DU TRAIN  (1ère publication en français)

C’est à travers la revue Belge Diptyque, dans laquelle une de mes nouvelles venait d’être publiée, que j’ai rencontré pour la première fois François Bon. J’étais tombée sur un de ses commentaires sur la revue via Facebook. Comme le commentaire m’avait plu, j’ai cliqué sur son nom et l’ai demandé comme ami. C’était il y a deux ans, son profil Facebook comptabilisait 4235 amis. J’en avais seulement 98. À ma grande surprise, il a accepté.

Ainsi, à partir de juin 2010, j’ai commencé à suivre son activité sur Facebook et fréquenter ses sites : tiersLivres et publie net. François Bon est un pionnier en France du livre numérique avec un catalogue de plus de 300 e-books (plus de 600 en 2012).

En avril 2011, j’ai découvert qu’il organisait un atelier d’écriture singulier, un voyage en RER intitulé, La Traversée Littéraire à bord du RER C. Je lui ai demandé si je pouvais y participer et comment. Il m’a répondu aussitôt qu’il me suffisait d’envoyer une demande par courriel à une adresse SNCF. Deux jours plus tard je recevais une invitation à imprimer.

Invitation pour La traversée Littéraire

Samedi 2 avril 2011. Je me présente à 9h15 au Croque-Mie de la gare RER François Mitterand-Bibliothèque. Mathilde Laurent, la charmante responsable de la ligne C, me tend un carnet de moleskine, un stylo marqué des quatre lettres SNCF, un laisser-passer gratuit bon pour un aller-retour Versailles-Chantier et pour finir un mini pain aux raisins.

Grignotant mon pain aux raisins, je m’avance au comptoir du Croque-Mie et je commande un café. Oh, surprise, il est offert ! Toute cette générosité me met de bonne humeur malgré l’heure matinale.

J’observe mes compagnons de voyage tout en gobelotant mon café. Il y a plus de femmes que d’hommes. Des professeurs, des animateurs d’ateliers d’écriture, des écrivains pour la plupart.

C’est la première fois que je me retrouve dans cette gare. Trois femmes, des professeurs, habituées des ateliers d’écriture d’après leur conversation, saluent François Bon comme un vieux compagnon de route. François Bon est petit, plutôt rond, un visage lunaire qui s’illumine souvent d’un sourire gracieux et généreux sous des cheveux blancs dont les boucles semblent partir dans des directions opposées. Sa voix est douce comme celle d’un pédagogue. Son attitude montre une certaine bonté ; il porte bien son nom.

Un pigeon atterrit près de nous. Il lui manque trois doigts à la patte gauche. Je lui lance ma dernière bouchée de pain aux raisins. Il se jette dessus en boitant et la dévore. Je me décide à en demander un second et l’égrène pour le pigeon. Ne connaissant personne et ne me sentant ni l’énergie ni l’envie de me présenter aux autres (je ne suis pas du matin), je nourris le pigeon handicapé, observe mon entourage et enregistre sons, odeurs, mouvements et bribes de conversations.

Trois minis pains aux raisins plus tard, François Bon nous demande de former un cercle autour de lui et nous révèle les tenants et les aboutissants de cet atelier singulier.

Il nous présente le directeur de la ligne RER C, Pierre Cunéo, l’homme en jean est à l’origine du projet. Il a sollicité François Bon ainsi que Didier Michel de l’association S-Cube (plateau de Saclay) pour créer un projet d’écriture sur sa ligne. François Bon enchaîne, nous donne quelques clés : observer le monde par les fenêtres du 1er étage du premier wagon du RER C, qui a pour départ la station François-Mitterrand et pour terminus la gare Versailles-Chantiee. Inspiré par Espèces d’Espaces de Georges Perrec publié en 1973, François suggère les mots : habiter, emménager, l’Inhabitable, Écrire, ou une structure de phrase telle : que + Infinitif ou encore tenter de dresser une liste sur le thème de la ville aussi simplement que si on établissait une liste de courses.

RER C workshop in pictures/ l’atelier en images : click

C’est le départ ! Nous passons les tourniquets, montons sur la plateforme de la ligne C. Certains participants prennent des photos, d’autres gazouillent (twittent) ou facebouquent (facebookent) l’événement de leur smartphone. Je reste les mains dans les poches, concentrée et marche en tête du train. Ça me fait tout drôle de voyager en groupe. La dernière fois que ça m’est arrivée, j’avais 13 ans. J’allais en camp de marche, faire à pied la route des vignes en Alsace.

RER C workshop in pictures/ l’atelier en images Click

Le train entre en gare et nous montons tous au deuxième étage de la rame. Je m’assois sur le premier siège libre que je vois à ma droite, dans le sens de la marche. Je trouve l’assise raide et inconfortable. Comme la plupart des Parisiens, je ne prends jamais le RER sauf pour aller à l’aéroport. Une des participantes, la cinquantaine, s’assoie en face de moi. Toutes deux nous nous regardons, stylo et calepin en mains, prêtes. Il règne une atmosphère dissipée de départ en colonie de vacances- ceux qui n’ont pas encore trouvé un siège, ceux qui bavardent excités ou anxieux, les photographes vont et viennent dans l’allée cherchant un angle de vue sur l’intérieur ou l’extérieur ou un truc à prendre au vol… Le train démarre. Un à un, les regards se tournent sur le paysage qui doucement devient mobile.

Je regarde dehors, mais mon regard s’arrête sur la vitre, je contemple un moment le reflet de la main de ma voisine posée sur son calepin… J’écris : miroir de l’écriture

Le train maintenant traverse la périphérie industrielle, no man’s land de graffitis qui s’étend de la sortie de la gare au commencement de la banlieue.

Vitry-sur-Seine

attendre

attendre qu’une image se forme

attendre qu’un être humain surgisse

Un homme sorti de nulle part tend un micro et me demande ce que je viens d’écrire. J’énonce dans le micro les deux dernières phrases et me replonge aussi vite dans le paysage qui défile.

François Bon passe dans le couloir et s’exclame : « Vous pouvez travailler sur un détail comme les fenêtres. Est-ce que quelqu’un veut travailler sur les fenêtres ? »

François Bon, click

J’y songe, mais les fenêtres me semblent trop petites, vues de mon siège, et pas assez nombreuses. L’urbanisation du sud de la banlieue parisienne consiste en maisons individuelles et jardins privés plutôt qu’en cages à lapins empilées les unes sur les autres.

Nous passons la gare de Choisy-le-Roi et une décision s’impose à moi : suivre la vitesse du train. Pas de place pour l’écrit propret, l’arrangement des mots. Ce n’est pas un concours de fleuristes ou d’amateurs de nénuphars, mais un voyage pour attraper quelque chose, vue du train qui soit vrai. Une ambiance, un état, une vision qui ne peuvent être captés que de là où je me trouve, à la fois assise et en mouvement. Cette révélation me plonge dans une autre dimension.

butterfly trees bordent les rails

autour de pavillons les petits jardins fleurissent

arbres

rangées d’arbres bien alignés

des pelouses qui séparent des usines

un pommier devant un mur en meulière

vert, vert, vert, marron marron, vert, vert, vert, marron

À partir de la station Villeneuve-le-Roi, Habiter devient mon leitmotiv et je me vois engloutie dans un état émotionnel qui se révèle sur la page comme si la vitesse du train devenait la vitesse de mes artères, de ma pensée. Je ne suis plus dans le train, mais avec le train. Carcasses de camion, bureaux vides, grues, Matériaux de construction, ciment, haies sauvages, une femme, deux hommes, un enfant de deux ans et un Labrador retiennent mon attention.

Il m’apparaît soudain que ce vaste espace fragmenté, qui défile, est un endroit à vivre, à faire ses courses, à se coucher, à dormir, à se réveiller. La dimension humaine du lieu me rive à ma page. La nécessité pour l’être humain de trouver un toit, un lieu de vie est un incontournable de sa condition d’être humain.

Habiter

faire sa cabane

planter un clou dans le mur

accrocher son manteau

flotter avec les canards du lac

personne aux balcons, des barres de fenêtres, aux parkings complets

Habiter

planter sa parabole

être avec le monde chez soi

Le leitmotiv habiter s’impose un choix d’une évidence troublante. J’habite à Paris depuis deux ans et quatre déménagements. Je comprends soudain que le thème de cet atelier d’écriture est pour moi, non pas, un thème, mais une réalité. Je le vis depuis mon arrivée. Je viens tout juste d’emménager dans un nouvel appartement dans lequel je ne me sens pas encore tout à fait chez moi. Déjà un peu là, mais pas encore tout à fait ici.

Habiter

Construire, élever, faire des fondations, terrasser, planifier, urbaniser, architecturer, structurer, tracer, organiser, implanter, habitacle, conception, ergonomie

Ne pas oublier la nature

Ne pas oublier la nature humaine

terrain de tennis

J’écris et me sens en phase dans ce RER, oubliant complètement les autres participants, attrapant, ici et là, bribes et fragments dans le paysage toujours changeant.

Habiter

jouer à la vie

être propriétaire

pavillons

jardins

meubles

terrasses coquettes

se lever

prendre un café sur sa terrasse

au soleil

organiser sa journée

la méditer

caméra cachée

sécurité

vert, vert, vert, marron marron, vert, vert, vert, marron et bleu

Quand le train entre dans sa gare terminus : Versailles-Chantier, ma main s’arrête sur mon dernier mot : arrêter. Je ressens une grande joie et une immense fatigue. Je ferme mon cahier et descends du train le coeur léger.

RER C, Versailles-Chantier click

Sur le quai, la gare se découpe sur un ciel bleu vif, le soleil matinal nous chauffe les omoplates et brille sur nos vêtements, des oiseaux chantent, et chacun de nous se sent un peu plus pionnier, un peu plus écrivain qu’avant le départ. J’engage la conversation avec un homme d’une vingtaine d’année, auteur timide et qui manque encore d’assurance. François vient à notre rencontre, nous interroge. Nous nous présentons. Je lui dis que je suis nouvelliste et scénariste. Il me demande si j’ai un blog. Je réponds que non, je n’en ai pas.

Le train repart en direction de Paris. Chacun est remonté dans le wagon détendu et plus dissipé qu’à l’aller. Certains participants lisent ce qu’ils ont écrit. Vient mon tour et ça démarre mal ! Je lis deux phrases et réalise pour la première fois que si je peux écrire sans lunettes, je ne peux plus me relire sans. Complètement intimidée devant le wagon plein et dans l’incapacité de déchiffrer mes pages, je balbutie et panique. François s’empare de mon cahier et lit mon texte. Sauvée ! Je suis là, à côté de mes mots, je découvre mon texte en même temps que les autres participants, c’est un choc électrique. Je prends conscience de mon voyage.

François Bon reading/lisant

Habiter

son corps

son âme

occuper l’espace entre les pensées

arriver

trouver

être chez soi enfin

découvrir

tous les possibles

recommencer

un amas de caisses de bois et de cartons dans une benne

des camions et des générateurs

des draps qui sèchent

arriver, poser son bagage

faire son lit

sous le pommier fleuri en face de la gare Versailles-Chantier

pour repartir

un jour

jamais

peut-être

arriver

Ce retour vers Paris, à échanger nos textes, à découvrir ce que les autres ont vu du train, avec quels mots et quelles images ils l’ont exprimé, m’a ouvert de nouvelles voix, de nouvelles façons d’appréhender et d’expérimenter l’écriture. Je suis repartie de cet atelier avec une telle énergie que quelques jours plus tard, j’ouvrai un blog sur lequel je publiais ce compte rendu. Blog qui six mois plus tard a évolué sur WordPress.

Des fragments de textes des participants de l’atelier ont été diffusés sur les plateformes de la ligne RER C et la totalité des textes, publiés sur tierslivre.net en 2011 et les blogs :  Ce qui s’est réellement passé dans le RER C de François Bon, On vit quelque part de Pierre Ménard, Ligne C de Nicolas Bleusher, RER C d’Anne Savelli, Géolocalisation des tweets écrits lors du trajet dans le RER C par Sylvie Tissot, Pas présente à l’atelier d’écriture #RER C 1 samedi 2 avril de Maryse Hache, le diaporama sonore et la galerie de portraits de Louise Imagine, Habiter le verbe partir de Christophe Grossi et Impressions RER C de Pierre Cohen-Hadria. Il y a sans doute d’autres créations mises en ligne sur des blogs et sites, notamment la vidéo de Jérôme Wurtz.

Textes © Chris Simon Photos © Louise.imagine

Références :

Pour en savoir plus sur François Bon et ses ateliers d’écriture en ligne : www.tierslivre.net

Pour acheter et lire les livres des éditions numériques de François Bon : www.publie.net

Pour contacter la responsable communication de la ligne RER C, Mathilde Laurent: Mathilde.LAURENT@sncf.fr

Pour voir l’atelier en images par Louise-imagine : http://www.flickr.com/photos/louiseimagine/5584800681/in/set-72157626293950893/

Plus d’info sur l’atelier du RER C : http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2471

Le lecteur est-il en train de devenir un écrivain ?

Volet 2

On m’en avait beaucoup parlé, mais je ne l’avais encore jamais vu. Il vivait dans le quartier, ne sortait pas souvent en hiver. Les voisins parlaient de lui sur le même ton avec lequel ils auraient parlé d’un condamné. Cette manière semi condescendante, semi intrigante de le présenter attisait ma curiosité comme l’aurait fait l’annonce du passage d’une femme à barbe sur la place du marché de la ville.

Cité de Trévise, Paris 9

Un jour de printemps, il est apparu. Nous avons arrêté net notre partie de foot. Les copains se sont approchés et m’ont murmuré : c’est lui.

Il portait une casquette, une chemise à carreaux, col ouvert, sous un bleu de travail, des souliers en cuir noir. Il avançait vers nous, avec l’indifférence d’un vieil homme ordinaire. J’éprouvais un étonnement, un éblouissement aussi fort que celui que m’avait procuré la découverte d’un fossile en classe verte. C’était donc lui, l’homme, qui ne savait pas lire.

J’ai avancé vers lui, et comme je lui étais inconnue (j’habitais ici depuis quelques mois), je me suis présentée. À ma grande surprise, il m’a répondu dans la même langue que la mienne. J’enchaînais question sur question pour rester le plus longtemps possible avec lui et tenter de découvrir son secret. Ses yeux bleus me fixaient, ses mains carrées aux paumes larges et aux phalanges accidentées, accompagnaient ses réponses de gestes lents et précis. Une phalange lui manquait à l’index gauche et, tout en l’écoutant, j’établissais la raison qui l’avait empêchée d’apprendre à lire. L’absence d’une phalange. À neuf ans, je lisais encore en suivant les lignes de mon index.

On considérait dans le quartier le vieil homme comme un idiot, mais aussi comme le triste destin que chaque enfant devait craindre. L’avenir c’était l’écrit et apprendre à lire une nécessité et un devoir.

Je prenais goût à échanger quelques paroles avec lui. Il avait toujours une bonne histoire à me raconter, un truc à me montrer. Il me ramenait au monde d’avant le savoir lire. Un monde de l’oralité, de la transmission par les gestes, la parole, l’échange et l’expérience. Un monde de l’être et du faire. Ce vieil homme, gentiment moqué et dont on bafouait la connaissance, allait disparaître de la même manière qu’en apprenant à lire une partie de moi disparaissait.

Aujourd’hui, je comprends clairement ce qui m’avait fasciné chez lui. À probablement 70 ans, il vivait encore dans le monde de l’oralité duquel trois ans d’apprentissage de la lecture m’avait graduellement sorti.

Si je pense aujourd’hui au vieil homme avec tendresse, c’est parce qu’il a prolongé pour moi le monde d’avant la lecture, celui de l’homme primitif à qui l’on doit l’invention du feu, des outils, du langage… Et plus tard celle de l’écriture.

La civilisation de l’écrit date des Sumériens ( autour de 3300 ans avant JC). Pendant des millénaires, l’écriture et la lecture n’ont été accessibles qu’à un petit groupe d’êtres humains.

Écriture cunéiforme

La révolution Gutenberg (l’imprimerie), les premières techniques d’impression rapide au milieu du 19e, la photocopie, technique d’impression encore plus rapide et moins chère au 20e ont à chaque fois ouvert le champ de lecture à un plus grand nombre d’humains. Dans la deuxième moitié du 20e siècle, la démocratisation de la lecture s’est accélérée et a concerné toutes les couches de la société. Les outils high tech du 21e siècle ouvre sur une nouvelle ère. On n’a plus besoin d’imprimer, de copier, on diffuse, on transmet sans passer par le support papier.

La lecture

Clarisse Herrenschmidt définit l’écriture ainsi:

l’écriture c’est faire passer de l’invisible au visible. L’informatique a créé un déplacement de l’invisible. Elle dit aussi : l’écrit papier est stable, mais sale (ratures, collages, gribouillis, trous dans le papier) tandis que l’écrit sur la machine est instable, mais propre (plus de ratures, on efface, on fait des copier/coller d’un clic).

Nous entrons dans une ère de l’écrit instable, effaçable, modifiable à tout moment et dont la durée de vie est incertaine. Quelques exemples : j’ai déjà modifié à trois reprises mon recueil de nouvelles numérique. En littérature, les expériences sur le mode du cadavre exquis se multiplient : un auteur commence un texte, un autre auteur le continue, un troisième peut intervenir et modifier un personnage, un lieu comme dans Les 807 d’Éric Chevillard… La technologie nous permet d’intervenir vite, d’ajouter, de modifier en quelques minutes un extrait de texte ou un texte entier.

Dans un tel contexte, les définitions auteur, lecteur ou éditeur ne sont plus tout à fait aussi nettes. Si L’auteur/éditeur existait déjà, on remarque qu’avec les nouvelles technologies, l’auteur peut encore plus facilement éditer ses oeuvres ou celles d’autres auteurs. La technologie le lui permet plus aisément et à moindre coût. Mais, sans doute, le mot, dont la définition se trouve la plus en mutation, est celui de lecteur.

Le lecteur ne se contente plus de lire, il écrit.

Abeline Majorel recense en France 600 blogs de lecteurs (lectrices, car ces blogs sont tenus principalement par des femmes) qui écrivent en émettant des avis favorables ou défavorables sur leurs lectures. S’ajoute à cela les sites littéraires et les blogs d’écrivains dont les thèmes et sujets vont de la pure création littéraire à la simple promotion de leurs livres. Quelques blogs de création Lit : Laure Morali, IsabelleP_B, Anne Savelli,  Pierre Ménard, Franck Queyraud, et un blog plein d’infos pour l’auteur/éditeur de Jiminy Panoz .

Après la démocratisation de la lecture, c’est l’écriture qui se démocratise sous nos yeux et sur nos écrans.

Les définitions semblent ne plus contenir la fonction s’élargissant des mots et les définitions deviennent floues. Pourtant si vous consultez les sites littéraires ou d’informations, vous constaterez que le vocabulaire n’a pas changé et vous serez amusé de lire ces vieilles classifications : si vous êtes éditeur… Si vous êtes auteur… Si vous êtes lecteur… Si vous êtes chroniqueur… Vous vous surprendrez à correspondre au moins à deux catégories !

Gare de Venise, Italie

Aujourd’hui, rien n’empêche tout lecteur d’être chroniqueur ou auteur, tout auteur d’être éditeur ou chroniqueur, tout éditeur d’être chroniqueur ou auteur… Et même d’être tout à la fois !

Le lecteur a changé, il lit depuis plusieurs générations sur papier comme sur écran. Sa fonction bouge, ses attentes évoluent aussi. Certains auteurs sollicitent les lecteurs, leur demandant leurs avis ou leur proposant d’écrire une suite à leurs histoires.

La fonction du lecteur (celui qui lit) demeure au centre de la création littéraire, car il reste difficile d’imaginer une littérature qui ne serait pas lue. Que nous soyons auteurs, lecteurs, éditeurs ou chroniqueurs, nous n’avons pas d’autre choix que de redéfinir et réinventer la relation qui nous unit.

L’écrit, grâce aux nouvelles technologies, nous entraîne avec lui dans le champ de l’ instable pour la première fois dans notre histoire. L’écrit et ce qui le compose (les mots) ont perdu de leur permanence.

Textes et photos © Chris Simon

GOINGmobo, the magazine of the Mobile Bohemian

GOINGmobo, the magazine of the Mobile Bohemian

À suivre…

Deuxième volet d’un état des lieux et analyse de la situation et de la condition de l’auteur, de ses difficultés et de son devenir. Lire le volet 1 et le volet 3

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Références :

Écouter et Voir Clarisse Herrenschmidt  ICI

Lire Clarisse Herrenschmidt :

Les propos que je retransmets de Clarisse Herrenschmidt sont extraits de son intervention à la Cantine de Paris (@SiliconSentier) le 15 mars 2012, dans le cadre de la journée : Le Numérique… Partout, organisée par les  « Chroniques de la rentrée littéraire » en partenariat avec les Cantines de France. J’espère ne pas avoir mal interprété ses propos.

Suivre : Abeline Majorel, fondatrice du blog « Chroniques de la rentrée littéraire » et du prix Grand prix littéraire du web