Cela va faire deux ans bientôt que les plateformes canado-américaines ont ouvert leur porte aux auto-édités en France, tandis que les librairies francophones numériques, qui se multiplient, traînent à le faire. Suite à mon billet sur la naissance du GLN (Groupement pour le développement de la Lecture Numérique) que certains libraires en ligne ont commenté, j’ai décidé de faire un point. J’ai essayé de rassembler ici tous les libraires qui acceptent de vendre les livres des auto-édités, s’il en manquait, j’invite libraires en ligne, lecteurs à les ajouter à ce billet.
La tâche n’a pas été facile certains libraires n’ont pas répondu à ma requête, je les ai donc éliminées d’office. J’ai trouvé qu’il n’était pas toujours simple de localiser sur les sites le lien dédié aux auteurs indépendants (quand il y en avait un !). Manque ou défaut de communication, certaines librairies semblent garder l’info secrète et parfois il faut s’armer d’une certaine patience pour accéder aux démarches à suivre . Quand on voit la simplicité d’accès des plates-formes comme Amazon Kindle et Kobo, on peut s’interroger… D’autant plus qu’ouvrir sa librairie aux auto-édités ne suffit pas, il faut aussi une politique de mise en avant de leurs livres comme l’ont bien compris Amazon et Kobo, qui montre des signes de progrès à ce niveau-là.
Les plates-formes majeures :
Je rappelle ici les plates-formes équipées de tablettes ou liseuses ouvertes aux auteurs indépendants avec un système d’inscription, de redevances et une logistique simple et facile :
Amazon (Kindle Publishing Direct), Kobo (writing Life), qui vient d’inaugurer en octobre Writing life en version française avec une mise en vente automatique et rapide sur Kobo by Fnac, et iBookStore (itunes), Google Play, et Barnes & Noble (qui n’est pas accessible aux auteurs Européens).
Les Librairies en ligne
Immatériel.fr : La plus ancienne (création en 2008). Accessible avec un numéro de SIRET (pour en obtenir un, le statut d’auto-entrepreneur suffit). On peut regretter qu’il n’y ait aucune mise en lumière des auteurs indépendants. J’achète des livres chez eux, mais n’en ai jamais vendu. En tant que lectrice, je peux confirmer que le service est bon et permet de lire sur n’importe quel support, de plus le site possède un système de commentaires, Si vous avez un numéro de siret, cela vaut peut-être la peine de distribuer chez eux. Pas d’exclusivité, pas de frais d’inscription et une majoration de 30% sur les ventes. Toutes les infos ici :
Didactibook : une des rares librairies ouverte aux auto-édités, la procédure est un peu plus complexe et il faut fournir formats PDF et ePub, un ISBN. Pas d’exclusivité. Pas de tarif indiqué sur la redevance des ventes, j’imagine que cela se trouve dans le contrat. Toutes les instructions ici : http://www.didactibook.com/store/page/63-Editeurs
Chapitre.com : Il faut prendre contact via une adresse courriel avec un commercial ce que j’ai fait le 22 octobre 2013. Toujours pas de réponse 😉
Nolim store, la nouvelle librairie ebook de Carrefour. Je les ai contactés via courriel le 22 octobre, j’ai reçu un email automatique :
Nous vous confirmons avoir pris en compte vos observations et les avoir transmises au service concerné. Nous vous contactons dans les plus brefs délais dès que nous obtenons de plus amples informations à ce sujet. Vous bénéficiez ainsi de la prise en considération de vos remarques par nos collaborateurs et de notre engagement à vous proposer un service adapté à vos attentes. Nous vous remercions de votre intérêt pour notre offre Nolim By Carrefour et restons à votre disposition pour tout renseignement complémentaire. Nous vous souhaitons, Madame Simon, une agréable journée.
Depuis plus rien ;-). Je pense donc que Nolim n’a pas prévu pour l’instant de distrubuer les auto-édités.
Je ne dirai pas que mon expérience est super concluante. J’ai dépensé beaucoup de temps pour contacter ces librairies, la plupart du temps, j’ai galéré pour trouver les informations, ou je suis restée sans réponse à ma demande. Je ne reporte pas les noms de toutes les librairies qui n’ont qu’un lien éditeurs, assumant qu’ils ne gèrent pas les auteurs indépendants. Pas besoin de vous faire un dessin, beaucoup de temps perdu pour des ventes qui restent minimes puisque d’après une étude publiée par IDboox cette semaine :
Dans les pays occidentaux, 86% des personnes interrogées utilisent au moins une des cinq plates-formes majeures. 20% des personnes interrogées utilisent les services d’Apple ou de Google pour se procurer plus de deux médias différents comme de la musique, de la vidéo, des livres ou des jeux vidéo. Ils sont 30% chez Amazon. La firme de Jeff Bezos reste le site de destination privilégié pour les livres numériques. 28% des utilisateurs de la plate-forme y viennent pour les ebooks. 21% utilisent Google pour les livres numériques et 19% Apple.
Bref, ce n’est certainement pas un secret pour les auto-édités, mais les sites de ventes les plus accueillants et « user friendly » restent les plates-formes anglo-saxonnes, elles sont aussi celles qui génèrent le plus de ventes à ce jour. Le marché numérique se développe et les mentalités s’ouvrent. Il y a de l’espoir. D’autres acteurs proposent de distribuer vos livres, le Zèbre Digital (filiale de ONLIT), Smashwords et un nouvel acteur : ibookthèque, une filiale de l’éditeur NumerikLivres qui propose de distribuer les livres des auteurs indépendants sur toutes les plates-formes et librairies numériques. Une sorte d’agrégator à la Smashwords.
Ibookthèque est un nouveau service qui propose de diffuser vos livres sur toutes les librairies et plates-formes, comme sur Smashword vous pouvez choisir de faire vos fichiers ou de les faire faire. En effet ibookthèque propose de convertir vos fichiers à partir des fichiers en .doc, .rtf, .Pages. pour une somme qui va de 59,00 à 99,00 euros selon la taille de votre fichier. Prix raisonnables. Avec ces fichiers en poche vous pouvez choisir de diffuser votre livre vous-même ou le faire diffuser par ibookthèque, accédant ainsi à toutes les plateformes et librairies francophones. Iboothèque vous reversera 80% de redevances sur les ventes nettes de vos livres. Qu’est-ce qu’une vente nette ? C’est le prix de vente déduit des taxes de vente en vigueur (TVA, entre autres) et de la commission reversée aux librairies en lignes (40 %).
Exemple concret avec prix de vente public à 4.99 € TTC :
4,99 – 5,5 % de TVA* = 4,71 € HT
4,71 – 40 % (part des librairies) = 2,82 € HT
2,82 x 80 % (vos redevances) = 2,26 €
Pour un livre numérique vendu au prix public de 4,99 € TTC vous percevrez sur chaque téléchargement 2,26 €.
C’est moins que si vous vendiez en direct sur Amazon, mais pensez que votre livre est distribué non pas sur une plateforme, mais sur un grand nombre, notamment toutes celles sur lesquelles vous n’avez pas accès en tant qu’auteurs indépendants.
J’ai fait le calcul sur une séance de Lacan et la boîte de mouchoirs 🙂
1,29 – 5,5 % de TVA* = 1,22 € HT
1,22 – 40 % (part des librairies) = 0,74 € HT
0,74 x 80 % (vos redevances) = 0,59 €
Pour une séance vendu au prix public de 1,29 € TTC, je percevrai sur chaque téléchargement 0,59 €.
Conclusion : avec un ebook en dessous de 2,99 €, je gagne plus qu’en passant directement par Amazon, puisque ma redevance (nette à 35%) sur 1,29€ est de 0,45 € . Ce ne sera pas forcement vrai sur les autres plates-formes. Reste à déduire le coût du codage 59,00 € (mon fichier est de moins de 15000 mots). Les 100 premières ventes serviront à amortir ce coût.
Les avantages :
Une large distribution ce qui rend votre livre accessible au plus grand nombre de lecteurs en une seule livraison
Des fichiers professionnellement codés dont vous pouvez disposer comme vous voulez
Moins de temps passé à préparer votre livre et le charger sur les plates-formes, plus de temps pour écrire.
Progression de vos ventes de livres sur le moyen/long terme en phase avec le marché qui est exponentiel
Possibilité de faire des promotions ponctuelles
Les désavantages :
À chaque modification de votre livre, il faudra repayer un nouveau codage. (cf tarifs différents)
Contrat d’exclusivité (impossible de vendre en direct sur d’autres plates-formes à l’exception de son site d’auteur)
Un manque à gagner sur les ventes des livres au prix supérieur à 2,99 € sur Amazon ou sur Kobo et itunes puisque les redevances s’élèvent à 70% ou 65% sur ces plates-formes.
Plus ancien que ibookthéque, le Zèbre Digital appartient à La maison d’édition numérique ONLIT. Créé en janvier 2013, Zèbre Digital propose un forfait codage et diffusion compris à 299,00 € , plus cher au départ que ibookthèque, mais ne prend que 10% sur les ventes, ce qui revient à dire (une fois le pourcentage des plates-formes déduit) que 50% de la vente d’un livre revient à l’auteur. Ces chiffres ne sont pas définitifs, en effet, Zèbre Digital est en train de revoir le prix de son forfait (codage et diffusion) et les statuts juridiques de ses contrats afin de mieux répondre à la demande du marché et à la concurrence, donc n’hésitez pas à contacter la compagnie. On voit que ces deux portiques, contrairement aux librairies en lignes connaissent le numérique et leurs utilisateurs. Leurs sites sont agréables, ergonomiques, en deux mots « User friendly)
Smashwords, créé en 2008 aux États-Unis, distribue votre livre sur les plates-formes Amazon, Kobo, iBookStore, Barnes&Noble et sur d’autres plates-formes importantes de vente comme Sony… Le site est extrêmement bien fait, possède des brochures gratuites qui vous permettent de mieux comprendre et maitriser les formats et le codage epub et mobi (brochures en français aussi) que vous devez fournir. C’est une plateforme très efficace et performante dans le monde anglophone, cependant sur le marché francophone, Smashwords génère peu de ventes sur sa plate-forme, même s’il permet de faire des promotions ponctuelles et vous épargne les démarches administratives avec l’IRS (service de l’impot aux États-Unis). Commission de 15% sur les ventes.
Conclusion : hors les plates-formes canado-américaines auto-publier son livre numérique est un parcours de combattant 😉 avec pratiquement aucune visibilité puisqu’il n’y a pas de politique de mise en avant des auteurs indépendants sur les librairies en ligne. Même si ça reste sans doute aujourd’hui un meilleur investissement de se concentrer sur les plates-formes anglophones (surtout celles qui mettent en avant les auteurs indépendants) plutôt que de décupler les points de vente, surveillons de près, car cela pourrait changer.
Le marché du ebook évolue vite, c’est pourquoi le guichet unique de type ibookthèque ou Zèbre Digital pourraient être dans l’avenir une vraie solution pour les auteurs indépendants, qui génèrent des revenus croissants et veulent satisfaire un lectorat qui s’élargit, en réinvestissant dans la qualité technique de leurs publications et une plus large distribution. Ce qui paraît un peu cher aujourd’hui, ne le sera peut-être plus demain… À vous auteurs de faire votre calcul, de gérer votre temps et votre carrière, vos investissements.
Les auteurs indépendants d’aujourd’hui n’ont pas attendu ces portiques pour publier des livres de qualité et se professionnaliser. Ils l’ont fait grâce à l’entraide et le partage de leurs connaissances et aptitudes en les mettant en commun et continuent de le faire. Cependant l’apparition de ces outils est une bonne nouvelle et permettra à plus d’auteurs de devenir indépendants, même s’ils sont peu geeks. Une des raisons pour laquelle, j’ai consenti à perdre un peu de mon temps à rassembler ces informations et écrire ce billet.
Depuis trois ans, le site d’IDBOOX vous informe quotidiennement sur l’actualité des livres numériques, des tablettes, des liseuses, de la presse, des smartphones, des lectures numériques, des applications pour adultes et enfants.
Pour l’occasion, IDBOOX ouvre une nouvelle rubrique : Tribune libre, une rubrique mensuelle.Plus d’info
Pour inaugurer cet espace de liberté, c’est Lorenzo Soccavo, chercheur, qui participera à la première tribune dès lundi 28 octobre 2013.
IDBOOX invite tous ceux qui voudraient s’exprimer dans cette rubrique à le faire :
Si vous aussi vous désirez vous exprimer sur un sujet lié aux ebooks, aux appareils mobiles ou au Web, vous pouvez proposer votre texte de moins de 2000 signes tribune libre [@]idboox.com. Si celui-ci est validé par notre rédaction nous le publierons en vous citant.
Une nouvelle rubrique, mais aussi plein de cadeaux, car un anniversaire sans cadeau c’est comme un noël sans bûche ou sans foie gras !
IDBOOX et 35 partenaires de renom vous ont préparé des surprises !! Du 28 ocotbre 12 novembre plus de 300 cadeaux sont à gagner : des ebooks pour enfants et pour adultes, des applications, des abonnements presse et livres, des cartes cadeaux, des livres imprimés, du matériel de lecture (tablette, liseuse), des livres audio, de la BD et bien d’autres choses encore!
Je suis heureuse de participer à cette fête avec une édition collector de la série Lacan et la boîte de mouchoirs. Plein d’autres cadeaux et beaucoup de partenaires :
Audioteka, Bookeen, Bookincard, Chemins de tr@verse, Chris Simon, Citronours, CotCotCotapps, Découvertes Gallimard , Edilivre, First, Grund, Fleurus, Gallimard Jeunesse, GoodByepaper, Gulli, HocusBookus, Igomatik, Intel, Izneo, La Bourdonnaye, La montagne secrète, La souris qui raconte, LePetitLitteraire.fr, Marc-André Fournier, Maxime Frantini, Milady Bragelonne, Pango, Relay.com, SlimCriket, Square Igloo, Syntonie, UPblisher, Youboox, Zabouille et Zanzibook.
Alors, jouez et gagnez des cadeaux. Rendez-vous lundi 28 octobre 2013 et suivez concours et festivités sur #AnnivIDBOOX sur Facebook et Twitter.
J’ai déjà échangé avec l’auteur, Laurent Bettoni, dans un entretien croisé. Aujourd’hui je l’invite à répondre aux cinq questions. Sa double expérience à la fois dans l’édition traditionnelle et l’édition indé numérique lui permet d’émettre une excellente analyse de la situation, mais Laurent Bettoni ne se contente pas d’une analyse, il propose des pistes et des solutions. Voici comment il se présente lui-même :
Souvent empreints de références de la pop culture, les récits de Laurent Bettoni évoquent la fragilité des êtres et explorent l’âme humaine jusque dans ses recoins les plus sombres, où il aime à penser qu’une part de lumière, aussi faible soit-elle, scintille encore. Son regard n’exclut donc pas l’humour ni la bienveillance. Loin des clivages traditionnels et réducteurs entre littérature blanche et littérature noire, il se définit comme un auteur de littérature « grise », qui mêle les genres.
Laurent Bettoni
Son premier roman, Ma place au paradis, a été publié aux éditions Robert Laffont. Est parue en avril 2013 le premier épisode de sa série littéraire, intitulée Les Costello, une série mordante (éditons La Bourdonnaye). Son prochain roman, Arthus Bayard et les Maître du temps (Don Quichotte éditions), paraîtra le 17 octobre 2013.
Cet homme qui vit avec son temps s’intéresse également aux nouveaux modes d’écriture et d’édition. Il a publié avec succès en indépendant, Écran total (roman), Les Corps terrestres (roman), Le Bois mort (nouvelle), Léo et l’araignée (récit jeunesse), Léo et le monstre sans visage (récit jeunesse). Les trois derniers textes ont été adaptés, mis en musique et diffusés sur France Musique.
Laurent Bettoni est également auteur sociétaire de la Sacem et critique littéraire pour Service littéraire, La Cause littéraire et, à partir septembre 2013, pour IDBOOX.
Laurent répond aux 5 questions
1.
Quelle est ton expérience dans l’édition avant le numérique ?
Mon premier roman, Ma place au paradis, est paru chez un éditeur traditionnel, Robert Laffont. Mais comme je n’étais pas connu, comme mon nom n’était pas vendeur, je n’ai pas eu la chance de bénéficier ni d’une campagne de communication ni d’une campagne de publicité. Et malheureusement, la personne grâce à qui j’avais été publié est décédée un an après la sortie du livre.
Il s’agissait de Laurent Bonelli, un grand libraire, un grand amoureux des livres, un « passeur de mots », comme il se définissait joliment lui-même. C’est lui qui m’a « découvert ». Après avoir dévoré mon manuscrit dès qu’il l’a eu entre les mains, il l’a transmis à l’éditeur, et une semaine plus tard je signais le contrat. Un vrai miracle ! J’ai eu une chance insolente, sur ce coup-là.
À la mort de Laurent, qui était devenu un ami, l’éditrice qui s’occupait de moi s’est montrée moins enthousiaste que lui sur mes textes. Et je n’ai carrément pas obtenu de réponse de sa part sur le dernier que je lui ai adressé. Élégant, n’est-ce pas ? Mais rétrospectivement, je peux affirmer que c’était un mal pour un bien. Le roman en question s’intitule Écran total, et il s’agit de mon premier succès d’auteur indé en numérique. Ce qui m’amène à la question suivante.
Avant tout, je tiens à préciser que je n’oppose pas, et que je n’opposerai jamais, le numérique au papier – ça, c’est un combat d’arrière-garde, totalement injustifié et stérile. Je les considère simplement comme deux supports de lecture, complémentaires l’un de l’autre.
J’ai actuellement 6 livres en numérique, et j’ai sorti en papier tous ceux qui remplissaient les conditions pour CreateSpace, le service d’impression à la demande (ou print on demand, ou POD) partenaire d’Amazon.
Fort de mon expérience de l’édition traditionnelle, l’édition indé en numérique m’est rapidement apparue comme le moyen de proposer mes textes directement aux lecteurs sans perdre mon temps ni mon énergie inutilement auprès de prétendus professionnels. Car après tout, le seul juge est le lecteur, et c’est son seul verdict qui m’intéresse.
Le numérique en indé, pour l’auteur, c’est donc avant tout la liberté.
Liberté de proposer son texte sans autre censure que la sienne, fidèle à l’idée qu’il s’en faisait lui-même initialement.
Liberté de s’adonner à plusieurs genres (littérature générale, polar, thriller, humour, etc.) et plusieurs formats (roman, nouvelle, théâtre, poésie, etc.).
Liberté de décider de la création graphique de sa 1re de couverture et de sa 4e de couverture.
Liberté de décider de son texte de 4e de couverture et de son texte de présentation aux lecteurs.
Liberté de définir sa politique tarifaire et de la modifier à volonté, dans le cadre d’offres promotionnelles ou de simples ajustements.
Liberté de consulter ses ventes en temps réel et de percevoir ses royalties tous les mois.
Liberté d’être rémunéré à hauteur de 70 % de royalties !
Enfin, l’édition indé en numérique peut permettre à un auteur de se faire repérer par un éditeur traditionnel. Libre à lui d’accepter ou non ensuite les clauses du contrat. Mais l’auteur se trouvera indéniablement dans une meilleure position pour négocier si c’est l’éditeur qui vient le chercher, et non si c’est lui qui se met à plat ventre pour n’obtenir qu’une lettre type de refus, plusieurs mois après avoir envoyé son manuscrit. Et encore, quand on lui répond.
Pour le lecteur, le numérique, s’il est proposé à des prix honnêtes, offre la possibilité de découvrir de nouveaux auteurs, d’acheter 4 ebooks pour le prix d’un livre papier grand format, de ne pas encombrer sa bibliothèque – qui de toute façon ne pourra plus rien contenir de plus un jour ou l’autre –, d’ajuster la taille des caractères (pratique pour les personnes âgées ou mal voyantes), d’emporter en déplacement 4 000 livres dans sa liseuse, d’en acheter à n’importe quel moment, y compris en pleine nuit, par simple téléchargement.
Par ailleurs, je suis persuadé que le numérique, pour toutes ces raisons, conduira à la lecture des personnes qui n’y seraient peut-être pas venues sans cela. Le numérique permet la démocratisation de la lecture, qui reste encore et toujours une occupation d’élite. Cela en arrange sûrement beaucoup, ce qui me demeure incompréhensible. Je ne peux pas accepter la rétention de la culture par une caste autoproclamée supérieure. Cette seule idée me fait horreur.
Comment as-tu défini le prix de ton ebook ? Les raisons ?
J’ai traité cette question, avec le détail des calculs, sur mon blog, « Écran total », dans un article intitulé « Le juste prix du livre numérique (quand on est un auteur indépendant) », voici le lien qui y renvoie :
J’ai pris comme point de départ la référence, à savoir le livre papier à 20 € TTC, soit 18,96 € HT. Partant de là, deux raisonnements.
Premier raisonnement, on considère comme justes les 8 % que perçoit l’auteur sur ce prix HT. Ce qui donne 1,52 €. Et donc, on y ajoute les taxes en vigueur ainsi que les pourcentages prélevés par les e-librairies, pour obtenir le prix de vente, soit 2,50 € au mieux
Second raisonnement, on considère comme injuste un système dans lequel le créateur de l’œuvre ne perçoit que 8 % du prix HT de son œuvre, quand il pourrait en percevoir au moins 20 % (pour l’explication, consulter l’article sur mon blog), ce qui donnerait 3,79 €. Soit un prix de vente de 6,15 € au mieux.
Mes livres d’auteur indé sont proposés à 3,99 €, ce qui se situe donc dans une fourchette de prix plutôt basse, et je songe sérieusement à augmenter un peu ce prix, pour le passer à 4,99 €. Car si je défends la démocratisation de la culture – et en particulier l’accès à la littérature pour le plus grand nombre – je ne suis pas pour brader le travail du créateur. Il existe un juste milieu, une zone de satisfaction pour tout le monde. Je crois que nous atteignons parfaitement cet équilibre avec un livre à 4,99 € (ce qui, je le souligne encore, reste 4 fois inférieur à un livre broché de 20 €).
J’en suis malade quand je constate que des auteurs indés, dans le but de – croient-ils – se faire connaître, gagner en visibilité et grimper dans le top 100 Amazon, diffusent leurs livres gratuitement. Cela m’attriste pour le message ainsi véhiculé, car s’ils se font connaître ce n’est certes pas de la bonne manière mais en se dévalorisant d’emblée aux yeux des lecteurs. Implicitement, ce qu’on dit à un lecteur en proposant son livre gratuitement, c’est : « Je suis tellement nul, mon livre est tellement mauvais, que je suis obligé de le donner. Alors, par pitié, téléchargez-le, c’est la dernière étape avant que je me suicide. »
L’écriture d’un livre représente des mois, voire des années, de travail. Ça ne vaut pas rien. Et si l’on pense que ce qu’on a écrit ne vaut rien, alors ayons la décence de ne pas le présenter aux lecteurs, même gratuitement. Le lecteur n’est pas notre poubelle.
En revanche, une offre promotionnelle, à un prix plancher ou symbolique, sur un temps court, au moment du lancement du livre, peut apparaître comme une excellente approche.
Mais de grâce, ne demandons pas l’aumône d’un téléchargement aux lecteurs ! La meilleure solution pour les intéresser à nos œuvres est de susciter leur désir par des couvertures, des présentations et des résumés attrayants. Et surtout par des livres qui soient des livres (j’y reviendrai dans la dernière question).
4.
Sur quelles plates-formes ton livre est-il distribué ? S’il y a des plates-formes sur lesquelles ton/tes livres ne sont pas distribué(s), donnes-en les raisons.
Mes livres sont distribués sur Amazon, Chapitre.com, Fnac/Kobo, et Apple.
Je n’ai aucune action ni aucune part dans aucune plate-forme, mais la seule qui soit vraiment pro et qui veuille réellement promouvoir les auteurs indés, c’est Amazon. Elle progresse constamment, recherche sans cesse la moindre amélioration, tant dans l’interface d’utilisation de sa plate-forme KDP – sur laquelle nous déposons les livres – que dans la visibilité qu’elle offre aux auteurs.
Amazon a récemment créé un onglet « ebooks Indés » sur sa page d’accueil consacrée aux ebooks, de la même manière qu’en musique il existe le rayon indé – soit dit en passant, le plus novateur et le plus inventif. C’est la meilleure façon de braquer les projecteurs sur les auteurs qui choisissent ce mode de publication et de rendre leurs œuvres aussi visibles que celles issues de l’édition traditionnelle.
Mais Amazon va encore plus loin, puisque, dès la rentrée 2013, elle mettra en avant des auteurs indés qui publient leur premier roman, et qui figureront ainsi à côté de ceux de la sempiternelle et monotone rentrée littéraire traditionnelle, avec son lot de petits arrangements entre amis, de renvois d’ascenseur et de partage du gâteau entre gens du même monde.
Enfin, Amazon, reverse les royalties aux auteurs tous les mois par virement bancaire. Le rêve…
Je ne suis pas naïf, je sais pertinemment qu’Amazon mise sur les best-sellers, chez les indés, mais cette e-librairie donne équitablement les moyens à chaque auteur indé de devenir un best-seller. Après, ce sont les goûts des lecteurs et les campagnes de communication des auteurs qui font la différence. Et peut-être aussi leur talent.
Chapitre.com m’apparaît comme la deuxième plate-forme digne d’intérêt. Mais elle est tout de même à la traîne, et l’interface d’utilisation est un calvaire pour l’auteur, qui doit éditer lui-même ses propres factures et les envoyer à la compta. Celle-ci paye à reculons et toujours très en retard.
Cela m’embête d’autant plus de le dire que j’entretiens d’excellents rapports avec les personnes qui s’occupent de cette plate-forme (ils sont venus me chercher après mon succès avec Écran total, et ça démontrait donc une volonté de leur part de se lancer dans la publication indé), mais c’est la vérité, les faits n’ont pas encore suivi les intentions.
Toutes les autres supposées grandes plates-formes, sans exception, méprisent littéralement les auteurs indés, je pense en particulier à la Fnac/Kobo, Apple et GooglePlay qui les refuse carrément. Il est de plus impossible d’établir le moindre contact avec ces gens-là, la palme revenant à Apple.
Le souci, c’est qu’il est difficile de faire sans, pour l’instant, car les formats de lecture diffèrent entre Amazon et eux. Amazon possède un format captif (Mobi), ce qui est très contestable, les autres fonctionnent avec l’ePub. Donc ne publier que sur Amazon te condamne à ne pas être lu par les possesseurs de liseuses d’ePub. Cela dit, la configuration étant ce qu’elle est aujourd’hui, tu réalises presque 100 % de tes ventes sur Amazon, quand tu es un auteur indé, puisque les autres ne font rien pour mettre tes livres en avant.
Peux-tu décrire les avantages et désavantages de l’auto-publication numérique comparée à l’édition papier ?
De la même manière que je n’oppose pas le numérique au papier, je n’opposerai pas la publication indé à l’édition traditionnelle. D’ailleurs, mon prochain roman – Arthus Bayard et Les Maîtres du temps – paraît le 17 octobre chez Don Quichotte, un éditeur traditionnel ; ma série littéraire – Les Costello, une série mordante – est publiée chez un éditeur traditionnel (numérique), La Bourdonnaye, depuis le 15 avril ; et un autre de mes romans sera probablement publié en 2014 aussi chez un éditeur traditionnel. Le seul impératif reste à mes yeux la qualité.
Et il faut bien reconnaître – même si ça me fait mal au c… de me résoudre à ce constat, étant donné les positions que je défends – qu’en la matière l’avantage revient encore à l’édition traditionnelle. On peut penser ce qu’on veut de leurs contenus (je ne me montre pas particulièrement tendre, à ce sujet), mais les livres proposés par les maisons d’édition sont de vrais livres. Ils renferment de vrais textes écrits le plus correctement possible (bien qu’il reste toujours, là aussi, des coquilles), selon les règles grammaticales, orthographiques, syntaxiques et typographiques établies ; ils se parent de vraies couvertures aux maquettes et aux illustrations professionnelles ; ils possèdent une vraie mise en page.
Si la publication indé ne présente que des avantages, dans la mesure où l’auteur conserve la maîtrise totale sur la production de son œuvre, elle souffre d’un gros handicap, comparativement à l’édition traditionnelle, qui réside dans son amateurisme. C’est ce qui tuera dans l’œuf ce courant, encore naissant en France, à moins que ses représentants ne réagissent. La professionnalisation de la publication indé apportera la reconnaissance des médias, des journalistes, des critiques, des blogueurs, des libraires, des diffuseurs, et surtout… des lecteurs.
Dans leur esprit, un véritable auteur est celui dont les ouvrages sont publiés par un éditeur traditionnel. Aux auteurs indés de prouver le contraire et de gagner leurs lettres de noblesse par leur talent et leur professionnalisme.
À ce propos, même si j’ai l’impression de jouer au marchand de tapis, je me permets de parler un peu de mon activité d’accompagnement littéraire, « Laurent Bettoni, accompagnement littéraire ». Je propose diverses prestations, de la correction de texte (je suis correcteur professionnel, diplôme de Formacom) à l’accompagnement complet, et j’incite fortement les auteurs indés à recourir à ce genre de services. Leurs œuvres ne s’en porteront que mieux, leur lectorat aussi, et le courant indé d’une manière générale.
Et, non, un tonton fort en dictées ou un ami prof de français ne remplaceront jamais un correcteur professionnel.
D’autre part, je t’annonce un scoop, Chris. À partir de septembre, en plus de chroniquer dans Service littéraire et La Cause littéraire, je chroniquerai aussi sur IDBOOX (site dédié au numérique qui accueille des milliers de visiteurs par jour). Exclusivement des livres existant en version numérique (ils pourront bien sûr exister en papier). Et les livres des auteurs indés y seront les bienvenus… pour peu qu’ils soient pro. Je chroniquerai donc indépendamment des indés et des « tradis ». Ce qui revient à dire que je chroniquerai des livres écrits par des auteurs, sans autre distinction que le talent.
Enfin, toujours dans l’intention de faire connaître de nouvelles plumes issues de la publication indé, je lance un appel à projets pour la collection « Pulp », que j’ai créée et que je dirige chez La Bourdonnaye. Tous les renseignements utiles sont ici : http://www.labourdonnaye.com/collection/8/Pulp
Voilà, le monde littéraire se trouve à portée de main des auteurs indés, à eux de savoir le conquérir, de s’en donner les moyens.
Nouvel épisode, le 4 !
Lire les entretiens précédents d’auteurs auto-publiés :
Pourquoi en numérique ? est une série d’entretiens avec des auteurs autoédités en numérique, mais aussi d’autres acteurs qui font les corrections, le formatage, etc. et acceptent de travailler avec eux.
Si vous désirez un entretien veuillez lire les démarches à suivre. Si vous êtes auteur ici , si vous n’êtes pas auteurlà
C’est dingue, aberrant et une violation de la loi de la part de l’état Français. Une loi votée le 21 mars 2013 et intitulée ReLIRE (Registre des livres indisponibles en réédition électronique), très bien expliquée dans le billet de S.I.Lex. Ce Registre est une liste de 60 000 livres indisponibles (avec des erreurs) et oblige les auteurs de ces indisponibles à se manifester dans les six mois c’est-à-dire avant le 21 septembre 2013, faute de quoi leurs livres indisponibles seront exploités d’office par un tiers. Le registre est géré par la BNF.
Si vous connaissez des auteurs, des ayants droits, même d’un seul livre, faites circuler l’information en les renvoyant sur les sites de références en fin de ce billet.
Il est impératif que les auteurs soient informés, se mobilisent et trouvent des solutions individuelles et collectives. Il y en a. Lisez l’excellent billet de François Bon et rejoignez le site de lesindisponibles.fr, une coopérative qui se propose de numériser les indisponibles sur la demande des auteurs pour que ceux-ci gardent la gestion de leurs oeuvres et reçoivent donc la rémunération qui découlerait d’une exploitation numérique. En effet, d’après le Registre l’auteur a jusqu’au 21 septembre 2013 pour prouver qu’il est l’auteur du(des) titre(s) qu’il réclame et deux ans pour l’exploiter, spécifie ce même Registre, faute de quoi les oeuvres réclamées retomberaient automatiquement dans ReLire.
La vraie solution contre une telle spoliation est de prendre en charge l’exploitation de vos oeuvres indisponibles. Des auteurs se sont déjà lancés tels que Florian Rochat, Serge Brussolo ou Gilbert Gallerne qui déclare dans un entretien sur Ecran Total :
Il va falloir faire un tri dans tout cela, et je pense que cela passera par une prise de conscience des auteurs reconnus qui disposent de titres oubliés. Je pense notamment à tous ces auteurs du Fleuve Noir, à tous ces gens qui fournissaient les collections policières ou de science-fiction dans les années 1970 à 1990 et dont la plupart des ouvrages sont aujourd’hui introuvables. On commence à voir cela aux États-Unis, et dans une moindre mesure en France, où l’on a encore quelques années de retard, mais cela va venir. Que des gens comme Brussolo commencent à y venir est un très bon signe.
Gilbert Gallerne réedite ses indisponibles sur Kindle
Faites comme ces auteurs. Défendez vos droits en mettant les mains dans le cambouis et ne laissez pas une loi vous voler des années de travail et de dévouement. Vous pouvez les rejoindre en exploitant vous-mêmes vos oeuvres sur les plateformes numériques comme Amazon, Kobo et iBookStore, ou contacter la coopérative lesindisponibles.fr, rejoindre Le droit du serf, collectif de réflexion et d’action qui propose de lutter contre cette loi et trouver de l’aide pour l’auto-publication auprès de ce blog.
Si vous avez des questions n’hésitez pas à me contacter. Si vous connaissez d’autres organismes en mesure d’aider les auteurs d’oeuvres indisponibles, intervenez dans les commentaires.
J’ai remarqué Emily Hill pour la première fois sur Twitter. Comme elle venait de proposer une traduction en français de son ebook Les histoires de fantômes et les imprévus (Ghosts Stories and the Unexplained) sur Amazon Kindle, j’ai eu envie d’ouvrir la rubrique aux auto-publiés anglophones. Emily n’en est pas à son premier ebook aux États-Unis, mais c’est son premier livre numérique traduit et publié en français.
Emily Hill est d’origine canadienne et auteure d’histoires de fantômes. Elle vit à Edmonds, petite ville au nord de Seattle (état de Washington). Sur son site, Emily Hill, au son d’une musique étrange, vous invite à répondre à un questionnaire pour tester vos connaissances et vos goûts en matière de fantômes et autres êtres surnaturels. Cette approche ludique reflète bien l’atmosphère et l’ambiance des univers qu’elle invente dans ses livres. Emily aime avant tout raconter des histoires, c’est ainsi qu’elle se définit elle-même :
J’aime une bonne histoire, bien ficelée, qui étonne, qu’elle soit ecrite dans un style économe ou un lyrisme volubile, avec des phrases courtes et energiques ou longues et alambiquées – Ça m’est égal ! Mais racontez moi une histoire, ou mieux encore, laissez-moi vous raconter une histoire – Et vous ferez mon bonheur !
Amateurs de Fantômes, d’univers surnaturels, je vous invite à lire son premier livre traduit en français qu’elle dédie à ces ancêtres francophones, venus du Canada.
Depuis que ma mère – et toute ma famille _ sont morts, j’ai hérité de leurs photos qui ont circulé de main en main pendant des années. L’autre jour, j’étais en train de contempler une photo de papy Jimmy, deuxième mari de ma grand-mère. Son premier mari, Earl, était mort en 1925, d’une drôle de façon, alors que ma mère avait à peine 13 mois…
Au moment même où j’ai terminé mon premier manuscrit et où je me sentais prête à me lancer en tant qu’auteure, la crise économique secouait l’Europe. C’était au printemps 2009, la crise avait déjà frappé aux États-Unis. Je revenais d’un séjour en France. J’avais visité la normandie, les villes de Nantes et Paris. Je ne pouvais que constater la baisse des ventes des livres et la fermmeture des maisons d’édition ou du moins leurs frilosités face à l’économie morose.
Donc pour publier, il m’a fallu penser autrement, en dehors du circuit traditionnel, et être inventive ! À cette époque, L’auto-publication n’avait pas bonne presse. Elle était surnomée “la pente obscure” (The dark side). On ne pouvait pas être plus marginal que ça !
2.
Quelle est ton expérience dans l’édition avant le numérique) ?
Mes ancêtres canadiens francophones ont atterri à Baltimore (état du Maryland), après avoir été expulsés du Canada. Une fois bien établis, ils sont devenus propriétaire d’une imprimerie.Mes grand-pères et tous mes oncles ont tous travaillé soit dans l’imprimerie et soi pour les quotidiens de presse – C’est devenu un gène dans la famille!
3.
Pourquoi en numérique ?
Mon mentor à l’époque m’avait mise en garde. L’Auto-publication papier est confidentielle car sans distribution, alors que l’ebook non seulement est largement distribué et pourrait devenir le mode de lecture du futur ! De plus un livre papier de qualité professionnelle,] peut être très cher à produire.
4.
Ton livre est-il classé dans un genre particulier ? Si non, comment le répertories-tu sur les plateformes ?
Oui, j’écris des histoires de fantômes, donc je les répertorie dans Mysticisme et contes folkloriques.
5.
Comment as-tu défini le prix de ton ebook ? Les raisons ?
J’ai lu Dean Wesley Smith, qui a écrit 100 ebooks. Je suis ses conseils en matière de distribution et de prix.
Pourquoi en numérique ? est une série d’entretiens avec des auteurs autoédités en numérique, mais aussi d’autres acteurs qui font les corrections, le formatage, etc.
Si vous désirez un entretien veuillez lire les démarches à suivre. Si vous êtes auteur ici , si vous n’êtes pas auteurlà
NOUVEAU ! Version Originale ! sur Smashwords(tout format)
Je ne connaissais pas du tout Fabienne Betting, j’étais donc contente de découvrir une nouvelle auteure auto-éditée ! Nos échanges par courriels se sont passés sans heurt. Fabienne est une personne directe et franche avec une pointe d’ironie sous-jacente dans le ton. En voyant sa photo, et en lisant sa bio et le résumé de Version originale!, son premier roman, je n’ai pu m’empécher de sourire. La dérision est un élément important de sa personnalité. Voici comment elle se présente elle-même :
Fabienne Betting a commencé sa carrière littéraire en écrivant des nouvelles qui lui ont valu le prix Vedrarias 2000 et le prix de la nouvelle policière de Dôle en 2007. Spécialiste internationale du quatrième pays balte, la Mesménie, elle lui consacre son premier roman, « Version Originale ! », qui compte déjà des centaines de lecteurs à travers le monde. Rejoignez le mouvement : Tous en Mesménie !
Fabienne aborde l’auto-édition avec nonchalance et une honnête paresse qui la rend très sympathique et invite la chance à donner le coup de pouce nécéssaire à son pari.
« Version originale ! », c’est l’histoire du jeune Thomas serveur chez McDo après avoir abandonné ses études littéraires. Il avait une bonne raison pour laisser tomber : une déception amoureuse dont l’objet était sa prof de mesmène, langue du quatrième pays balte. Pressé par sa copine de trouver autre chose, il trouve une annonce dans « 20 minutes » juste faite pour lui : « Recherche traducteur pour le mesmène vers le français. Rémunération très bien. »
Malgré ses connaissances plus qu’approximatives de cette langue, il est incapable de résister et répond à l’annonce. Le commanditaire, estonien à l’air louche qui répond au nom de Sergeï, lui donne trois semaines pour traduire presque 200 pages. Thomas se met au travail avec ardeur, et il traduit tant bien que mal, arrange à sa sauce les détails qu’il comprend mal, corrige ce qu’il prend pour des inepties.
Au final il s’en sort, rend sa copie au mystérieux Sergeï, touche son dû et n’entend plus parler de sa traduction… jusqu’au jour où la Mesménie se retrouve à la une des journaux, et où le livre qu’il a traduit devient un succès de librairie.
A partir de là, il va de surprise en surprise : Sergeï a disparu, on le menace d’un procès pour vol de manuscrit, il passe pour l’auteur du livre et Mali, sa belle prof de mesmène resurgit dans sa vie…
Fabienne Betting
Fabienne Betting répond aux 5 questions
1.
Pourquoi l’auto-édition et non pas l’édition ?
Soyons honnête : tout auteur de roman aimerait être publié par les voies « officielles » de l’édition ; c’est encore aujourd’hui le meilleur moyen d’accréditer un livre et je ne suis pas différente des autres.
Soyons réaliste : se faire éditer par une grande maison d’édition quand on est totalement inconnu, quand on ne connait personne dans le milieu ou dans la sphère médiatique, c’est presque mission impossible. Je ne fais pas le procès des maisons d’édition mais je pense qu’elles reçoivent trop de manuscrits pour les examiner attentivement. A la rigueur, si on vise le public adolescent avec des histoires de magiciens, ou si on écrit sur des sujets très vendeurs comme la politique ou l’érotisme, a-t-on une petite chance d’être remarqué. Une idée serait de mêler l’ensemble et de proposer un titre du genre « François Hollande contre les vampires libidineux de Belleville » mais je n’aurais pas le talent d’écrire un tel chef d’œuvre.
Pour les petites maisons d’édition, le problème est différent. Il faut les identifier, comprendre leur ligne éditoriale, comprendre si le roman que l’on propose correspond à cette ligne. C’est un travail assez ardu, et pour mon livre qui est une histoire souriante qui ne vise aucun public en particulier, je n’ai pas su le mener à bien.
Il me restait l’auto-édition que je connaissais mal et que j’imaginais fastidieuse et onéreuse. Par pur hasard, peu de temps après la finition de mon roman, j’ai lu sur la toile un article sur Amazon et sur sa plateforme de livres numériques ouverte à l’auto-édition. J’ai donc essayé et j’ai trouvé un moyen simple et rapide d’avoir accès à un grand nombre de lecteurs potentiels dont je suis ravie.
2.
Pourquoi le numérique ?
Le numérique est le format idéal pour l’auto-édition. Il permet de fixer un prix raisonnable et assure une certaine visibilité du produit quand on le diffuse à travers des plateformes telles qu’Amazon.
Et puis je crois fermement à l’avènement des liseuses numériques dans les années ou même les mois à venir. Nous savons qu’aux Etats-Unis elles ont de plus en plus d’utilisateurs mais il n’y a pas qu’outre atlantique que les lecteurs les adoptent. J’étais à Moscou la semaine dernière et j’ai vu dans le métro que plus de la moitié des gens lisaient sur des supports numériques !
A mon sens, l’exception Française ne vient pas tant de l’attachement au format papier, même si cet attachement existe, qu’au problème de l’offre en numérique qui est encore réduite et surtout du coût puisque les livres numériques restent souvent au même prix que leur version papier grand format, ce qui est proprement scandaleux. Malgré ces inconvénients, les liseuses présentent tellement d’avantages, notamment le choix de la taille de caractères, le poids, l’encombrement, que je suis sûre qu’elles finiront par d’imposer.
Illustration du roman Version Originale
3.
Ton livre est-il classé dans un genre particulier ? Si non, comment le répertories-tu sur les plateformes ?
La question du genre est particulièrement délicate pour moi. J’ai écrit un livre d’aventures que j’espère assez drôle mais qui n’appartient pas à une catégorie particulière. Au début je l’ai laissé dans « littérature générale » sur Amazon et j’ai eu la surprise de le voir entouré par « la guerre des boutons » et « le Kamasoutra », ou bien par « A la recherche du temps perdu » et « les aventures de Sherlock Holmes ». Je n’y voyais pas d’inconvénient mais je devais bien reconnaitre que le mélange ma semblait incongru. Je l’ai alors transféré dans des sections plus spécialisées telles que « Humour et BD » et « Policier et Suspens » mais là encore, je n’avais pas l’impression qu’il avait trouvé sa place. Si les lecteurs de cet article veulent bien me donner leur avis après avoir lu mon livre, je suis preneuse !
4.
Comment as-tu défini le prix de ton ebook ? Les raisons ?
J’ai d’abord envisagé de proposer le livre gratuitement sur Amazon et puis j’ai changé d’avis pour deux raisons : d’abord, même si j’ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce livre, c’est un vrai travail d’écriture, très chronophage, et je pense que tout travail mérite salaire. Ensuite, et surtout, je pense que les lecteurs qui vont payer un livre seront plus exigeants quant à son contenu et auront plus tendance à laisser un commentaire et c’est ce que je recherchais. Pour fixer le prix, cela a été plus difficile. Je voulais un montant raisonnable tout en étant significativement moins cher que les livres papiers et finalement je me suis laissée guider par Amazon qui avait un prix conseillé, je ne sais pas sur quel critère, mais qui m’a paru convenable aussi je l’ai laissé à ce prix-là.
Version Originale ! Illustration
5.
Démarches-tu les blogs et sites de critiques. Combien de critiques as-tu obtenu sur ton/tes livre(s)? Es-tu satisfait(e) de tes relations avec ces sites et blogs ?
L’auto-promotion est une notion indissociable de l’auto-édition mais c’est une tâche bien différente de celle de l’écriture. J’ai essayé de démarcher certains sites, dont ID BOOX où Elizabeth Sutton m’a fait une très gentille critique mais dans l’ensemble je n’ai pas beaucoup démarché de blog, essentiellement par manque de temps et de connaissances de ces sites. Par contre, j’ai eu l’agréable surprise d’avoir été remarqué par certains d’entre eux et j’ai eu une dizaine de très bonnes critiques sur Amazon, qui ne sont pas de mon fait ni de celui de mon entourage. Je le précise car autant je suis partisane de l’auto-édition, autant l’auto-éloge me parait préjudiciable et discrédite l’ensemble des livres auto-édités.
Quand je l’ai pu, je me suis mise en contact avec les personnes qui avaient eu la gentillesse de commenter mon livre.
Sites sur lesquels on peut trouver les commentaires sur mon livre :
Je l’ai fait moi-même sous Windows 7, avec word2010, pas très difficile pour Amazon et j’ai été trop paresseuse pour le formater et le mettre sur les autres sites comme iBookStore et Kobo.
La plus grande partie du formatage se fait pendant l’écriture, en respectant quelques règles simples :
1/ Utiliser les fonctions de mises en page pour définir les retraits de début de texte et les dialogues plutôt que mettre des espaces ou des tabulations qui sont mal pris en compte à la conversion
2/ Bien penser à insérer un saut de page à la fin de chaque chapitre
3/ Pour centrer les titres et les illustrations, utiliser le bouton permettant de centrer le texte. De même utiliser le bouton « justification » pour la mise en forme des paragraphes.
4/ Pour les illustrations; insérer les images en jpg et ne pas faire de copier/coller.
J’ai passé beaucoup de temps à reformater les dialogues : J’avais mis un trop grand retrait au départ car j’écrivais en format A4 et, au moment de la conversion, ce retrait n’a pas été réduit alors que la longueur des lignes l’était, elle ! Le résultat était très vilain et j’ai du revoir ma copie.
B.Combien as-tu vendu d’exemplaires à ce jour ?
A ce jour, j’ai dépassé les 150 exemplaires en un an avec une seule plateforme (Amazon Kindle)
C.Es-tu satisfaite du rythme de tes ventes ? considérant que tu es inconnue et que c’est ton premier roman. En fait je suis plutôt agréablement surprise, autant par le nombre de commentaires favorables que par les ventes. Ça me donne envie de faire de la promotion mais à vrai dire je ne sais pas trop comment m’y prendre, et j’ai l’impression que Florian Rochat a tout à fait raison dans son entretien, quand il dit que l’auto-promotion est mal vue.
Version Originale ! Illustration
Pourquoi en numérique ? est une série d’entretiens avec des auteurs autoédités en numérique, mais aussi bientôt d’autres acteurs qui font les corrections, le formatage, etc.
Si vous désirez un entretien veuillez consulter ce billet pour les démarches à suivre.