Auteurs, réveillez-vous ! Des solutions avant que ReLIRE ne vous dépouille

Chris Simon est l’auteure de quatre livres numériques dont trois auto-publiés. 

Mes ebooks sur Amazon
Mes ebooks sur Amazon

Auteurs réveillez-vous ! 

Ouvrez les yeux sur le numérique et devenez Indés pour sauver vos biens !

Relisez :

Réfractaires, oui, mais pas vaincus ! car l’histoire permet des vues plus larges sur les événements.

Et signez la pétition contre la loi ici : LIRE or not ReLIRE

 

Livre numérique dans une liseuse
Livre numérique dans une liseuse

C’est dingue, aberrant et une violation de la loi de la part de l’état Français. Une loi votée le 21 mars 2013 et  intitulée ReLIRE (Registre des livres indisponibles en réédition électronique), très bien expliquée dans le billet de S.I.Lex. Ce Registre est une liste de 60 000 livres indisponibles (avec des erreurs) et oblige les auteurs de ces indisponibles à se manifester dans les six mois c’est-à-dire avant le 21 septembre 2013, faute de quoi leurs livres indisponibles seront exploités d’office par un tiers. Le registre est géré par la BNF.

Si vous connaissez des auteurs, des ayants droits, même d’un seul livre, faites circuler l’information en les renvoyant sur les sites de références en fin de ce billet.

Il est impératif que les auteurs soient informés, se mobilisent et trouvent des solutions individuelles et collectives. Il y en a. Lisez l’excellent billet de François Bon et rejoignez le site de lesindisponibles.fr, une coopérative qui se propose de numériser les indisponibles sur la demande des auteurs pour que ceux-ci gardent la gestion de leurs oeuvres et reçoivent donc la rémunération qui découlerait d’une exploitation numérique. En effet, d’après le Registre l’auteur a jusqu’au 21 septembre 2013 pour prouver qu’il est l’auteur du(des) titre(s) qu’il réclame et deux ans pour l’exploiter, spécifie ce même Registre, faute de quoi les oeuvres réclamées retomberaient automatiquement dans ReLire.

La légende de Little Eagle
La légende de Little Eagle

La vraie solution contre une telle spoliation est de prendre en charge l’exploitation de vos oeuvres indisponibles. Des auteurs se sont déjà lancés tels que Florian Rochat, Serge Brussolo ou Gilbert Gallerne qui déclare dans un entretien sur Ecran Total :

Il va falloir faire un tri dans tout cela, et je pense que cela passera par une prise de conscience des auteurs reconnus qui disposent de titres oubliés. Je pense notamment à tous ces auteurs du Fleuve Noir, à tous ces gens qui fournissaient les collections policières ou de science-fiction dans les années 1970 à 1990 et dont la plupart des ouvrages sont aujourd’hui introuvables. On commence à voir cela aux États-Unis, et dans une moindre mesure en France, où l’on a encore quelques années de retard, mais cela va venir. Que des gens comme Brussolo commencent à y venir est un très bon signe.

Gilbert Gallerne réedite ses indisponibles sur Kindle
Gilbert Gallerne réedite ses indisponibles sur Kindle

Faites comme ces auteurs. Défendez vos droits en mettant les mains dans le cambouis et ne laissez pas une loi vous voler des années de travail et de dévouement. Vous pouvez les rejoindre en exploitant vous-mêmes vos oeuvres sur les plateformes numériques comme Amazon, Kobo et iBookStore, ou contacter la coopérative lesindisponibles.fr,  rejoindre Le droit du serf, collectif de réflexion et d’action qui propose de lutter contre cette loi et trouver de l’aide pour l’auto-publication auprès de ce blog.

Si vous avez des questions n’hésitez pas à me contacter. Si vous connaissez d’autres organismes en mesure d’aider les auteurs d’oeuvres indisponibles, intervenez dans les commentaires.

Auteurs réveillez-vous ! 

Signez la pétition contre la loi ici : ReLIRE or not ReLIRE

Pour mieux comprendre cette loi et comment la contrer lisez :

S.I.Lex : De la loi sur les indisponibles au registre ReLIRE : la blessure, l’insulte et la réaction en marche

IDBOOX : Découvrir ReLire ou mourir ?

Actualitté/Billet de François Bon : Auteurs, contre l’État voleur, réclamez vos droits !

Le droit du serf sur La loi sur les indisponibles : Entretien avec Yal Ayerdhal

Page officielle du registre ReLIRE pour rechercher vos titres.

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Chris Simon _ Licence Creative Commons BY-NC
1ère mise en ligne et dernière modification le 26 mars 2013.

Entretiens croisés entre Chris Simon et Laurent Bettoni_6. Nouveau statut pour l’écrivain ?

Cette rubrique est née d’une idée de Laurent Bettoni. Il m’a proposé ces entretiens croisés entre son blog Écran total et le mien. J’ai accepté aussitôt.

Nous produisons tous les deux des ebooks. Et si ma carrière d’éditée a pris son envol en numérique, j’ai publié longtemps sur la toile et en revues papier. De même que Laurent a publié chez des éditeurs avant de se lancer dans l’aventure de l’auto-publication numérique.

© @Louise_imagine & ©Laurent Bettoni
© @Louise_imagine & ©Laurent Bettoni

Nous échangerons autour de six questions. Chaque question sera publiée en alternance sur mon blog et sur celui de Laurent Bettoni Écran total. « Croisé » signifie que nous avons établi un véritable cross-over entre nos deux blogs ; les questions 1, 3 et 5 seront traitées sur Le baiser de la mouche, les questions 2, 4 et 6 sur Écran total.

Au-delà du plaisir que nous prenons tous deux à échanger et à partager sur le thème du livre et de l’autoédition numériques – un vrai plaisir littéraire – nous espérons susciter des réactions, des réflexions, des débats. Un engouement, qui sait…

Sans cloisonnement sans préjugé faisons place à la 6e et dernière question :

Lire la Question 6  surEcran Total

Lire les Q1, Q2, Q3, Q4, Q5

Bibliographies

Des ebooks de 0,00 à 4,00 Euros
Des ebooks de 0,00 à 4,00 Euros

Chris Simon :

Laurent Bettoni :

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Photos © Louise_Imagine, © LaurentBettoni

1ère mise en ligne et dernière modification le 6 janvier 2013

Pourquoi en numérique ? Cherche prestataires de services ebook pour entretiens

Pourquoi en numérique ? est lancé.

Déjà deux entretiens d’auteurs, Florian Rochat en septembre et Fabienne Betting en octobre. Deux nouveaux entretiens planifiés pour le mois de novembre.

Un bilan très positif. Excellent taux de fréquentation et cela a permis aux auteurs d’échanger des infos, de se connaître et de découvrir leur livre respectif et je l’espère  de vous donner envie de les découvrir et de lire leur livre.

L’ auto-édition en marche avec vous et pour vous !

En novembre, j’élargis la rubrique Pourquoi (lire le billet) et proposerai des entretiens avec des prestataires de services pour l’auto-édition numérique : traducteurs, formatage, correctrices/correcteurs, illustratrices/illustrateurs,  attaché(e)s de presse, critiques/recensions (blogs et sites)… )

Déjà deux entretiens en préparation !  L’un avec un prestataire de formatage de livre numérique et l’autre avec une traductrice d’ebooks.

Les règles et les démarches à suivre possèdent quelques différences.

A. Avoir travaillé au minimum sur un livre numérique (ebook) de fiction d’un auteur auto-édité.

B. Si tu remplis la condition A, fournir les pièces suivantes :

1. Mini bio (300 mots) ou brève présentation de ta société.

2. Lien de ton blog ou site.

3. Photo, titre et nom de l’auteur du/des livres sur lesquels tu as travaillés, 1ère date de publication.

4. Liste des liens de vente (plateformes, librairies…)

5. Choisir 5 questions dans la liste Partie 2 (prestataires uniquement) et y répondre avec precision et conscision.

Me contacter par FB ou Twitter @Qrisimon et ensuite m’envoyer le tout par courriel privé les réponses avec les liens, photo de  couvertures, bio ou présentation de la société et un courriel valide.

Les expériences les plus intéressantes seront retenues et les auteurs sélectionnés auront un entretien par courriel et un billet consacré à leur démarche et les prestations qu’ils proposent.

À bientôt donc sur Pourquoi en numérique ? L’ auto-édition en marche avec vous et pour vous.

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1ère mise en ligne et dernière modification le  23 octobre 2012

Pourquoi en numérique ? Cherche auteur(e)s de fiction auto-publiés pour entretiens

Ça faisait très longtemps que je n’avais pas eu un téléchargement aussi faible sur iBookStore pour La Couleur de l’oeil de Dieu, 1 en une semaine, heureusement du côté d’Amazon, ça se maintient à 38/semaine ! 😉  Je comprends que chacun est très occupé par le retour à la-vie-moins-huit-heures de travail-qu’on-n’aime-pas-forcement  et qu’il y à la rentrée de tout qui préoccupe tout le monde :

Rentrée des classes, rentrée à prix bas, rentrée du cinéma, rentrée des Roms, rentrée Littéraire, le salon de la rentrée, la rentrée de la rentrée et aussi Ma Rentrée numérique !

Je vais sortir en septembre mon deuxième ebook Le baiser de La mouche et j’ai commencé à prendre des contacts avec sites et blogs pour en faire la promotion.

Refus avec pour motif :

On ne travaille pas avec les auto-édités.

Ah bon ???

Nouvelles fantastiques maintenant en numérique
Nouvelles fantastiques maintenant en numérique

Et puis je lis ce billet de François Bon, Le CNL en crise : tant pis pour leur aveuglement borné, je vous le recommande,  et j’apprends que l’on considère les maisons d’éditions numériques comme de l’auto-éditon. Donc si publie.net est de l’auto-édition, le Réalisme Délirant est un nouveau jeu de société pour les 6-8 ans ! 😉

Je l’ai déjà écrit, l’auto-édition n’est pas une maladie, et j’ajoute, encore moins une insulte ! Comme j’ai le sens de l’humour (parfois on n’a pas le choix, c’est la seule façon de prendre les choses qui arrivent 😉 ! ) et un optimisme viscéral ; j’ai décidé de créer une nouvelle rubrique sur mon blog : Pourquoi en numérique ? Rubrique qui m’a été inspirée par les nombreux  blogs sur l’auto-édition de mes confrères anglophones.

Je cherche donc des auteurs auto-édités ou indépendants pour des entretiens. Faites circuler l’info.

Voici les règles et la démarche à suivre  (Oui, même au Monopoly, il y a des règles du jeu).

A. Avoir auto-publié au minimum un livre numérique (ebook) de fiction et réalisé un minimum de ventes ou téléchargements.

B. Si tu remplis la condition A, fournir les pièces suivantes :

  1. Mini bio (300 mots)
  2. Lien de ton blog ou site
  3. Photo de la couverture du livre, 1ère date de publication et une première évaluation, un premier bilan (ventes, retours lecteurs)
  4. Liste des liens de vente de ton dernier livre (plateformes, librairies…)
  5. Choisir 5 questions dans la liste et y répondre avec précision.

Me contacter par FB ou Twitter et ensuite m’envoyer le tout par courriel privé les réponses avec les liens, la photo de la couverture et un courriel valide.

Les expériences les plus intéressantes seront retenues et les auteurs sélectionnés auront un entretien par courriel et un billet consacré à leur démarche et leur(s) livre(s).

Je suis moi-même disponible pour tout entretien ou critique concernant mes livres et la sortie ebook de Le baiser de la mouche. Donc, n’hésitez pas à me contacter si vous avez un blog littéraire, une rubrique télé, magazine ou radio…

À bientôt donc sur Pourquoi en numérique ? Et bonnes ventes !

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Chris Simon _ Licence Creative Commons BY-NC

1ère mise en ligne et dernière modification le 31 août 2012

Habiter la vitesse du train (La Traversée Littéraire à bord du RER C, 2011), un an déjà !

WRITING IN MOTION click here for English version

HABITER LA VITESSE DU TRAIN  (1ère publication en français)

C’est à travers la revue Belge Diptyque, dans laquelle une de mes nouvelles venait d’être publiée, que j’ai rencontré pour la première fois François Bon. J’étais tombée sur un de ses commentaires sur la revue via Facebook. Comme le commentaire m’avait plu, j’ai cliqué sur son nom et l’ai demandé comme ami. C’était il y a deux ans, son profil Facebook comptabilisait 4235 amis. J’en avais seulement 98. À ma grande surprise, il a accepté.

Ainsi, à partir de juin 2010, j’ai commencé à suivre son activité sur Facebook et fréquenter ses sites : tiersLivres et publie net. François Bon est un pionnier en France du livre numérique avec un catalogue de plus de 300 e-books (plus de 600 en 2012).

En avril 2011, j’ai découvert qu’il organisait un atelier d’écriture singulier, un voyage en RER intitulé, La Traversée Littéraire à bord du RER C. Je lui ai demandé si je pouvais y participer et comment. Il m’a répondu aussitôt qu’il me suffisait d’envoyer une demande par courriel à une adresse SNCF. Deux jours plus tard je recevais une invitation à imprimer.

Invitation pour La traversée Littéraire

Samedi 2 avril 2011. Je me présente à 9h15 au Croque-Mie de la gare RER François Mitterand-Bibliothèque. Mathilde Laurent, la charmante responsable de la ligne C, me tend un carnet de moleskine, un stylo marqué des quatre lettres SNCF, un laisser-passer gratuit bon pour un aller-retour Versailles-Chantier et pour finir un mini pain aux raisins.

Grignotant mon pain aux raisins, je m’avance au comptoir du Croque-Mie et je commande un café. Oh, surprise, il est offert ! Toute cette générosité me met de bonne humeur malgré l’heure matinale.

J’observe mes compagnons de voyage tout en gobelotant mon café. Il y a plus de femmes que d’hommes. Des professeurs, des animateurs d’ateliers d’écriture, des écrivains pour la plupart.

C’est la première fois que je me retrouve dans cette gare. Trois femmes, des professeurs, habituées des ateliers d’écriture d’après leur conversation, saluent François Bon comme un vieux compagnon de route. François Bon est petit, plutôt rond, un visage lunaire qui s’illumine souvent d’un sourire gracieux et généreux sous des cheveux blancs dont les boucles semblent partir dans des directions opposées. Sa voix est douce comme celle d’un pédagogue. Son attitude montre une certaine bonté ; il porte bien son nom.

Un pigeon atterrit près de nous. Il lui manque trois doigts à la patte gauche. Je lui lance ma dernière bouchée de pain aux raisins. Il se jette dessus en boitant et la dévore. Je me décide à en demander un second et l’égrène pour le pigeon. Ne connaissant personne et ne me sentant ni l’énergie ni l’envie de me présenter aux autres (je ne suis pas du matin), je nourris le pigeon handicapé, observe mon entourage et enregistre sons, odeurs, mouvements et bribes de conversations.

Trois minis pains aux raisins plus tard, François Bon nous demande de former un cercle autour de lui et nous révèle les tenants et les aboutissants de cet atelier singulier.

Il nous présente le directeur de la ligne RER C, Pierre Cunéo, l’homme en jean est à l’origine du projet. Il a sollicité François Bon ainsi que Didier Michel de l’association S-Cube (plateau de Saclay) pour créer un projet d’écriture sur sa ligne. François Bon enchaîne, nous donne quelques clés : observer le monde par les fenêtres du 1er étage du premier wagon du RER C, qui a pour départ la station François-Mitterrand et pour terminus la gare Versailles-Chantiee. Inspiré par Espèces d’Espaces de Georges Perrec publié en 1973, François suggère les mots : habiter, emménager, l’Inhabitable, Écrire, ou une structure de phrase telle : que + Infinitif ou encore tenter de dresser une liste sur le thème de la ville aussi simplement que si on établissait une liste de courses.

RER C workshop in pictures/ l’atelier en images : click

C’est le départ ! Nous passons les tourniquets, montons sur la plateforme de la ligne C. Certains participants prennent des photos, d’autres gazouillent (twittent) ou facebouquent (facebookent) l’événement de leur smartphone. Je reste les mains dans les poches, concentrée et marche en tête du train. Ça me fait tout drôle de voyager en groupe. La dernière fois que ça m’est arrivée, j’avais 13 ans. J’allais en camp de marche, faire à pied la route des vignes en Alsace.

RER C workshop in pictures/ l’atelier en images Click

Le train entre en gare et nous montons tous au deuxième étage de la rame. Je m’assois sur le premier siège libre que je vois à ma droite, dans le sens de la marche. Je trouve l’assise raide et inconfortable. Comme la plupart des Parisiens, je ne prends jamais le RER sauf pour aller à l’aéroport. Une des participantes, la cinquantaine, s’assoie en face de moi. Toutes deux nous nous regardons, stylo et calepin en mains, prêtes. Il règne une atmosphère dissipée de départ en colonie de vacances- ceux qui n’ont pas encore trouvé un siège, ceux qui bavardent excités ou anxieux, les photographes vont et viennent dans l’allée cherchant un angle de vue sur l’intérieur ou l’extérieur ou un truc à prendre au vol… Le train démarre. Un à un, les regards se tournent sur le paysage qui doucement devient mobile.

Je regarde dehors, mais mon regard s’arrête sur la vitre, je contemple un moment le reflet de la main de ma voisine posée sur son calepin… J’écris : miroir de l’écriture

Le train maintenant traverse la périphérie industrielle, no man’s land de graffitis qui s’étend de la sortie de la gare au commencement de la banlieue.

Vitry-sur-Seine

attendre

attendre qu’une image se forme

attendre qu’un être humain surgisse

Un homme sorti de nulle part tend un micro et me demande ce que je viens d’écrire. J’énonce dans le micro les deux dernières phrases et me replonge aussi vite dans le paysage qui défile.

François Bon passe dans le couloir et s’exclame : « Vous pouvez travailler sur un détail comme les fenêtres. Est-ce que quelqu’un veut travailler sur les fenêtres ? »

François Bon, click

J’y songe, mais les fenêtres me semblent trop petites, vues de mon siège, et pas assez nombreuses. L’urbanisation du sud de la banlieue parisienne consiste en maisons individuelles et jardins privés plutôt qu’en cages à lapins empilées les unes sur les autres.

Nous passons la gare de Choisy-le-Roi et une décision s’impose à moi : suivre la vitesse du train. Pas de place pour l’écrit propret, l’arrangement des mots. Ce n’est pas un concours de fleuristes ou d’amateurs de nénuphars, mais un voyage pour attraper quelque chose, vue du train qui soit vrai. Une ambiance, un état, une vision qui ne peuvent être captés que de là où je me trouve, à la fois assise et en mouvement. Cette révélation me plonge dans une autre dimension.

butterfly trees bordent les rails

autour de pavillons les petits jardins fleurissent

arbres

rangées d’arbres bien alignés

des pelouses qui séparent des usines

un pommier devant un mur en meulière

vert, vert, vert, marron marron, vert, vert, vert, marron

À partir de la station Villeneuve-le-Roi, Habiter devient mon leitmotiv et je me vois engloutie dans un état émotionnel qui se révèle sur la page comme si la vitesse du train devenait la vitesse de mes artères, de ma pensée. Je ne suis plus dans le train, mais avec le train. Carcasses de camion, bureaux vides, grues, Matériaux de construction, ciment, haies sauvages, une femme, deux hommes, un enfant de deux ans et un Labrador retiennent mon attention.

Il m’apparaît soudain que ce vaste espace fragmenté, qui défile, est un endroit à vivre, à faire ses courses, à se coucher, à dormir, à se réveiller. La dimension humaine du lieu me rive à ma page. La nécessité pour l’être humain de trouver un toit, un lieu de vie est un incontournable de sa condition d’être humain.

Habiter

faire sa cabane

planter un clou dans le mur

accrocher son manteau

flotter avec les canards du lac

personne aux balcons, des barres de fenêtres, aux parkings complets

Habiter

planter sa parabole

être avec le monde chez soi

Le leitmotiv habiter s’impose un choix d’une évidence troublante. J’habite à Paris depuis deux ans et quatre déménagements. Je comprends soudain que le thème de cet atelier d’écriture est pour moi, non pas, un thème, mais une réalité. Je le vis depuis mon arrivée. Je viens tout juste d’emménager dans un nouvel appartement dans lequel je ne me sens pas encore tout à fait chez moi. Déjà un peu là, mais pas encore tout à fait ici.

Habiter

Construire, élever, faire des fondations, terrasser, planifier, urbaniser, architecturer, structurer, tracer, organiser, implanter, habitacle, conception, ergonomie

Ne pas oublier la nature

Ne pas oublier la nature humaine

terrain de tennis

J’écris et me sens en phase dans ce RER, oubliant complètement les autres participants, attrapant, ici et là, bribes et fragments dans le paysage toujours changeant.

Habiter

jouer à la vie

être propriétaire

pavillons

jardins

meubles

terrasses coquettes

se lever

prendre un café sur sa terrasse

au soleil

organiser sa journée

la méditer

caméra cachée

sécurité

vert, vert, vert, marron marron, vert, vert, vert, marron et bleu

Quand le train entre dans sa gare terminus : Versailles-Chantier, ma main s’arrête sur mon dernier mot : arrêter. Je ressens une grande joie et une immense fatigue. Je ferme mon cahier et descends du train le coeur léger.

RER C, Versailles-Chantier click

Sur le quai, la gare se découpe sur un ciel bleu vif, le soleil matinal nous chauffe les omoplates et brille sur nos vêtements, des oiseaux chantent, et chacun de nous se sent un peu plus pionnier, un peu plus écrivain qu’avant le départ. J’engage la conversation avec un homme d’une vingtaine d’année, auteur timide et qui manque encore d’assurance. François vient à notre rencontre, nous interroge. Nous nous présentons. Je lui dis que je suis nouvelliste et scénariste. Il me demande si j’ai un blog. Je réponds que non, je n’en ai pas.

Le train repart en direction de Paris. Chacun est remonté dans le wagon détendu et plus dissipé qu’à l’aller. Certains participants lisent ce qu’ils ont écrit. Vient mon tour et ça démarre mal ! Je lis deux phrases et réalise pour la première fois que si je peux écrire sans lunettes, je ne peux plus me relire sans. Complètement intimidée devant le wagon plein et dans l’incapacité de déchiffrer mes pages, je balbutie et panique. François s’empare de mon cahier et lit mon texte. Sauvée ! Je suis là, à côté de mes mots, je découvre mon texte en même temps que les autres participants, c’est un choc électrique. Je prends conscience de mon voyage.

François Bon reading/lisant

Habiter

son corps

son âme

occuper l’espace entre les pensées

arriver

trouver

être chez soi enfin

découvrir

tous les possibles

recommencer

un amas de caisses de bois et de cartons dans une benne

des camions et des générateurs

des draps qui sèchent

arriver, poser son bagage

faire son lit

sous le pommier fleuri en face de la gare Versailles-Chantier

pour repartir

un jour

jamais

peut-être

arriver

Ce retour vers Paris, à échanger nos textes, à découvrir ce que les autres ont vu du train, avec quels mots et quelles images ils l’ont exprimé, m’a ouvert de nouvelles voix, de nouvelles façons d’appréhender et d’expérimenter l’écriture. Je suis repartie de cet atelier avec une telle énergie que quelques jours plus tard, j’ouvrai un blog sur lequel je publiais ce compte rendu. Blog qui six mois plus tard a évolué sur WordPress.

Des fragments de textes des participants de l’atelier ont été diffusés sur les plateformes de la ligne RER C et la totalité des textes, publiés sur tierslivre.net en 2011 et les blogs :  Ce qui s’est réellement passé dans le RER C de François Bon, On vit quelque part de Pierre Ménard, Ligne C de Nicolas Bleusher, RER C d’Anne Savelli, Géolocalisation des tweets écrits lors du trajet dans le RER C par Sylvie Tissot, Pas présente à l’atelier d’écriture #RER C 1 samedi 2 avril de Maryse Hache, le diaporama sonore et la galerie de portraits de Louise Imagine, Habiter le verbe partir de Christophe Grossi et Impressions RER C de Pierre Cohen-Hadria. Il y a sans doute d’autres créations mises en ligne sur des blogs et sites, notamment la vidéo de Jérôme Wurtz.

Textes © Chris Simon Photos © Louise.imagine

Références :

Pour en savoir plus sur François Bon et ses ateliers d’écriture en ligne : www.tierslivre.net

Pour acheter et lire les livres des éditions numériques de François Bon : www.publie.net

Pour contacter la responsable communication de la ligne RER C, Mathilde Laurent: Mathilde.LAURENT@sncf.fr

Pour voir l’atelier en images par Louise-imagine : http://www.flickr.com/photos/louiseimagine/5584800681/in/set-72157626293950893/

Plus d’info sur l’atelier du RER C : http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article2471