Pourquoi en numérique ? Un entretien avec Claire Roig

Claire Roig est un des rares auteurs auto-publiés avec qui j’ai déjeuné. Les réseaux sociaux provoquent aussi ce genre de rencontres. Claire m’avait contacté, car elle avait envie d’auto-publier un texte. Nous n’avons hélas pas pris de photo de cette rencontre, mais autour d’une omelette-salade et d’une tarte aux pommes, nous avons parlé d’écriture, de littérature, d’animation d’ateliers d’écriture, d’auto-publication et d’Amazon Kindle.

Claire est une femme sensible, extrêmement calme en apparence, ce qui la rend un peu mystérieuse… Nous nous sommes trouvées une habitude commune, nous buvons du café uniquement dans les cafés ou chez les autres, jamais chez nous. Politesse ou peur de déplaire ? Goût des autres ? Plaisir de tout partager ? Je vous laisse choisir..

Je suis plus que ravie de publier un entretien de Caire Roig et de vous présenter son livre qui depuis a vu le jour sur Kindle : Les mains coupées.

Claire se présente avec les mots de Claire :

Je suis animatrice d’ateliers d’écriture depuis octobre 2011 dans les Hauts-de-Seine (région parisienne). Mon travail se base, principalement, sur la mémoire et sur la fiction. J’ai cette passion de l’écriture depuis mes dix ans. Et grâce à mon métier, je peux transmettre cette passion.

J’ai commencé par écrire de la poésie à l’adolescence. C’était une façon de m’exprimer et de dénoncer ce qui me semblait injuste dans mon quotidien.

Puis il y a eu un tournant, vingt ans après. Je participais aux ateliers d’écriture d’un écrivain, Michel Manière. Et j’ai eu envie d’aller plus loin, d’apprendre et de progresser dans ma façon d’écrire. Bref, trouver ma voix (et ma voie), sachant que rien n’est acquis. L’écriture est à (re)conquérir à chaque fois. Mes yeux et mes oreilles se sont ouverts. J’ai compris, tardivement, qu’il ne faut pas attendre l’inspiration pour écrire. L’inspiration, c’est du bluff, une excuse pour ne pas écrire. Si je veux écrire et publier mon travail, je dois oser mettre les mots sur le papier et retravailler le texte. Ça prendra le temps que ça prendra. A chacun son rythme de travail.

J’ai écrit beaucoup de nouvelles non abouties, avec beaucoup de blancs et de trous. Quand j’écris, la musique est présente dans ma tête. Et quand elle disparaît, je ne me décourage pas, j’écris, avec des périodes plus ou moins régulières. La musique dans ma tête est indispensable car elle rythme mes mots, mes phrases. J’oralise quand j’écris. J’aime entendre les mots. J’oralise à voix haute ou en silence. C’est ma manière d’aborder, d’apprivoiser l’écriture.

2013-09-10

Claire Roig répond aux  5 questions

1.

Quelle est ton expérience dans l’édition avant le numérique ?

Mon expérience dans le monde de l’édition traditionnelle me laisse un goût amer. Je vais passer certains détails. J’ai signé un contrat avec une maison d’éditions en mars 2012. Le contact avec le personnel était quasi inexistant. Quand j’envoyais un mail ou lorsque je téléphonais, je n’avais pas de réponses. Par contre, quand eux prenaient la peine de me téléphoner ou de m’envoyer un mail, j’étais responsable. Responsable de quoi ? Je n’ai jamais compris. Je crois, pour l’avoir déjà vécu dans d’autres circonstances, que c’était une façon de rejeter leurs failles et incompétences sur mon dos. Bref, me culpabiliser d’une faute imaginaire. J’ai vécu des mois dans un état éprouvant. Finalement, le livre papier est sorti le 31 janvier 2013. Or la maison d’éditions a demandé un redressement judiciaire quinze jours après. De cette expérience, j’en sors salie et exploitée. J’en sors aussi plus autonome quant à mes choix.

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2.

Pourquoi le numérique ?

Le numérique s’est avéré être la solution pour faire vivre mon livre. Avant ça, des personnes m’ont fait confiance. Pour eux et pour moi, je devais, je dois continuer. D’autre part, si quelqu’un écrit depuis longtemps, comme moi, et prends des heures considérables pour écrire, pourquoi ses textes resteraient-ils au fond d’un tiroir ? Ou sur la toile, par le biais d’un blog, par exemple ? Ecrire est un travail et l’auteur mérite son salaire.

3.

Qui a formaté ton e-book ? Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées ? Quels sont les conseils que tu peux donner ?

J’ai formaté le livre moi-même grâce à un livre publié par Amazon (Préparation de votre livre pour Kindle) pour les apprentis comme moi. Les difficultés rencontrées sont d’ordres techniques : enlever les retours chariots pour les remplacer par des espacements au niveau des paragraphes ; et la table des matières qui ne fonctionnait pas. J’ai donc supprimé celle-ci. Le seul conseil que je peux donner à quelqu’un qui veut formater son livre, c’est de ne faire aucun formatage dès le début de l’écriture du texte dans le fichier. Bref, attendre la fin du livre pour commencer le formatage du fichier.

2013-09-10

4.

Fais-tu des promotions ponctuelles (changement de prix, gratuité) ? Sur quelles plateformes ?

Pour mon livre, Les mains coupées, j’ai fait deux opérations de gratuité. Ce fut une erreur : erreur d’une débutante dans l’autoédition. Car la gratuité laisse à penser que l’on peut faire tout et n’importe quoi sur Internet. C’est-à-dire que le lecteur potentiel peut acquérir des livres gratuitement, et que c’est son droit. Or non, ce n’est pas le cas. Tout travail mérite un salaire. D’autre part, le lecteur du numérique ne prend plus le risque de la découverte d’un livre, d’un auteur, d’un style, d’une voix. Le lecteur prend ce risque dans une librairie traditionnelle, alors pourquoi pas pour une librairie numérique ? J’avoue que quelque chose m’échappe. Et en même temps, la gratuité permet de découvrir un auteur qu’on n’aurait pas découvert autrement. C’est paradoxal. La gratuité peut être bien pour le commencement mais, surtout, elle ne doit pas être généralisée. C’est un mode de fonctionnement à double tranchant.

5.

Si tu as déjà publié en maison d’éditions papier : peux-tu décrire les avantages et désavantages de l’auto-publication numérique comparée à l’édition papier ?

Pour ma part, je vois plus de similitudes que de divergences. Dans les deux situations, il faut trouver son lectorat, son public, ses lecteurs, ceux qui n’hésiteront pas à investir dans votre prochain livre. Dun côté, dans l’auto-publication numérique, on doit compter sur soi-même, tout repose sur mes épaules. Il y a, évidemment, l’entraide entre auteurs qui permet de ne pas se sentir isolée. Un livre numérique ne prend pas de place dans un appartement (même si j’aime le livre papier). Le seul « hic », me semble-t-il, est la vente. Comment faire connaître son livre à un public et comment faire pour que ce public vous fasse confiance ? D’un autre côté, s’auto-publier permet de ne pas tomber dans le piège de certaines maisons d’éditions qui se réclament professionnelles, mais qui au final, dépouillent l’auteur de son œuvre, de son argent, et surtout, de son énergie et de son élan pour créer.

Merci Chris.

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Le blog  de Claire :  En mode écriture

 

Lire les entretiens précédents d’auteurs auto-publiés :

Jacques Vandroux

Marie Fontaine

Entretien avec Laurent Bettoni

Entretien avec Éric Nicolas

Entretien avec David Gaughran

Entretien avec Charlie Bregman

Entretien avec Agnès Martin-Lugand

Entretiens croisés avec Laurent Bettoni

Entretien avec Emily Hill

Entretien avec Fabienne Betting

Entretien avec Florian Rochat

Pourquoi en numérique ? est une série d’entretiens avec des auteurs autoédités en numérique, mais aussi d’autres acteurs qui font les corrections, le formatage, etc. et acceptent de travailler avec eux.

Si vous désirez un entretien veuillez lire les démarches à suivre. Si vous êtes auteur ici , si vous n’êtes pas auteur 

GOINGmobo, the Magazine of the Mobile Bohemian

Chris Simon _ Licence Creative Commons BY-NC

Photos  ©Marie Fontaine ©Julian Mason (Flickr CC BY 2.0)

1ère mise en ligne et dernière modification le 25 août 2013

MON PROCHAIN GROS TRUC, si j’ose dire.

Mon prochain gros truc est l’adaptation française de The Next Big Thing, un mème viral dans lequel les auteurs exposent leur prochain projet puis invitent d’autres auteurs à faire de même sur leurs blogs respectifs.

C’est à Jean-Basile Boutak, un des auteurs de Historietas (ebook auquel j’ai participé) chez Edicool que je dois d’avoir été « tagué ».

ebook en vente sur Edicool, Amazon.fr et itunes
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L’expression « gros truc » en français me fait sourire, mais je comprends pourquoi cela n’a pas été traduit par grand machin ou grosse chose. 😉

Je dois avouer que j’aurais sans doute passé mon tour si je ne venais pas de finir un premier jet de mon roman en cours. Je n’aime pas vraiment parler de mes projets – peur de perdre l’énergie et le désir qui me portent. Mais je me suis dit, pour une fois, sois à la hauteur de tes personnages, fais face à tes peurs.


1. Quel est le titre de votre prochain texte ?

Je ne vais pas le dire, je veux faire la surprise !

2. D’où vous vient l’idée principale ?

De mon premier roman Ma mère est une fiction  chez Publie.net, dans lequel j‘ai fait se croiser quatre histoires. J’ai été sollicitée et encouragée sur les réseaux sociaux par des lecteurs (et même un éditeur) à développer l’une d’entre elles en roman, je me suis dit qu’ils avaient peut-être raison et j’ai essayé.

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3. À quel genre appartient-il ?

Je ne pose jamais la question du genre. À tort peut–être ? Je me concentre sur l’histoire, les personnages. Cependant, je sens ce roman au croisement du roman d’anticipation et de l’uchronie.

4. Si votre texte était adapté au cinéma, quels acteurs verriez-vous dans les rôles principaux ?

Cette question me parle pour deux raisons. 1. L’ histoire au départ était une nouvelle de quatre pages. Ma première idée, en la relisant, était d’en faire un scénario de long-métrage, car je voyais le film. 2. J’écris mes romans en utilisant les techniques du scénario. Il faut dire que c’est ma formation. Cependant, je n’ai pas envie pour l’instant de mettre des visages connus sur mes personnages alors que je le ferais si j’écrivais un scénario.

 5. Quel est le synopsis du texte en une phrase ?

Un voyage qui tourne mal, très mal et met en péril la vie du personnage principal. 😉

6. Allez-vous être publié par un éditeur ou en auto-édition ?

Je n’ai pas décidé, mais l’auto-édition numérique me convient très bien. J’ai déjà publiés deux livres.

7. Combien de temps avez-vous mis pour produire votre premier jet ?

Deux mois. Mais c’est maintenant que le travail le plus long commence.

8. À quel autre livre pouvez-vous le comparer ?

Aucun pour l’instant. Mais je n’ai pas lu tous les livres !

9. Qui ou quoi a inspiré l’écriture de votre livre ?

C’est une histoire que j’avais dans la tête depuis une douzaine d’année. Mais, je ne sais pas pourquoi, je n’arrivais pas à m’asseoir et à l’écrire. Et puis un jour au printemps 2011, j’ai enménagé dans un nouvel appartement et j’ai trouvé sous une latte du plancher qui bougeait, un billet d’1 dollar. Qui avait laissé ce billet ? Les propriétaires avaient-ils connaissance de cette cachette ? Ces questions en ont  apporté d’autres.  À quoi servent les traces ? Le souvenir ? La mémoire permet-elle de nous apprendre quelque chose sur nous-mêmes et sur la nature humaine ? J’ai remis le billet et repositionné la latte et j’ai écrit la première version.

10. Que pourriez-vous dire pour piquer l’intérêt de votre lecteur ?

Une des quatre parties de Ma mère est une fiction est ma matrice et permet une incursion dans le roman .

Pour prendre la suite, et se soumettre à cette pratique virale, j’invite Fabienne Riveyran, , Marlène Tissot, Claire Roig, Camille Philibert-Rosignol, Éric, Dubois, Laurent Bettoni, Olivier Moyano, Florian Rochat, Jean-Christophe Heckers, Adam Molariss. S’ils le veulent, bien sûr.

Bibliographies

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Chris Simon _ Licence Creative Commons BY-NC

Photos ©Publienet ©Chris Simon

1ère mise en ligne et dernière modification le 13 février 2013