J’ai invité Alex Nicol, auteur de romans policier, à partager son expérience d’auteur sur mon blog. Un parcours mouvementé qui démontre qu’il n’y a pas une seule voie pour devenir auteur, publier et rencontrer son public. La priorité, c’est avant tout l’écriture.
Puisse cette expérience vous inspirer, vous aider à mieux comprendre l’auteur que vous êtes, vous guider dans les choix pas toujours faciles à faire.
Je remercie Alex Nicol d’avoir accepté cette invitation.
1.
L’écriture
Ecrire… le rêve et l’envie de beaucoup… Je me suis lancé dans la rédaction d’un texte il y a trente cinq ans, alors que je résidais à Madras en Inde du Sud. L’environnement paradisiaque, la culture des habitants, la qualité des relations m’avaient poussé à traduire ces ressentis en mots couchés sur le papier et déjà sous forme de roman policier. Je le sais aujourd’hui la qualité du produit était médiocre. Pourtant la gâchette du plaisir avait tiré sa première balle et le révolver ne devait plus cesser de tourner.
Vingt cinq ans plus tard, après des nouvelles rédigées dans une revue d’association, le besoin de tenter à nouveau la rédaction d’un roman policier avait titillé mes neurones et c’était plein de cette naïveté et de cette fougue de ceux qui croient en leur étoile que je me suis lancé dans l’aventure. Mais l’expérience de la vie m’avait donné une compétence supplémentaire, cette sagesse qui croît sur les têtes chenues. Le succès fut au rendez-vous. Un éditeur acceptait de me publier. Ce premier ouvrage, qui poursuit son histoire aujourd’hui encore aura atteint les 10.000 exemplaires. D’autres textes suivront en même temps qu’une réflexion sur la fiabilité de mon éditeur me faisait prendre conscience de la nature de ce monde dont j’ignorais l’existence : l’édition était un marigot où tournoyaient des requins. Avec 6 à 10% de droits, l’auteur, qui était le moteur de l’édition (car pas d’auteur, pas de livres, donc pas d’éditeur) jouait le rôle du petit poisson que d’épouvantables carnassiers tentaient de déguster tout en lui laissant un peu de vie pour qu’il poursuive sa tâche.
3.
L’auto-édition
Une nouvelle expérience avec un autre éditeur s’avéra tout aussi catastrophique. C’est à partir de ce moment là que je commençais à envisager de travailler pour mon compte. Dans un premier temps, les contacts avec un certain nombre de confrères rencontrés sur les salons du livre qui produisaient intégralement leurs ouvrages, firent souffler un vent de liberté. C’était ça la solution : écrire, trouver un imprimeur, diffuser les livres et continuer à jouir de ce plaisir de l’écriture et des rencontres. La réalité, lorsqu’on la creuse un peu, est moins rayonnante. Mes collègues s’épuisaient à voyager de librairies en supermarchés pour obtenir que leurs bouquins soient pris en dépôt-vente et finalement consacraient beaucoup de temps, d’argent et d’énergie pour pas grand-chose.
Les premières liseuses avaient alors fait leur apparition. Cette piste m’apparut très prometteuse : la diffusion se faisait par Internet, supprimait un certain nombre d’intermédiaires (fabriquant de papier, imprimeur, transporteur, stockeurs) et tous les frais qui étaient liés à ces professions avec en plus, élément non négligeable, une baisse sensible du produit pour le lecteur et une rémunération convenable de l’auteur. Dans un premier temps, auteur patriote, je me suis tourné vers la FNAC pour diffuser mes romans sur leur liseuse KOBO. Ce fut un véritable parcours du combattant. Sans éditeur derrière lequel s’adosser, cela devenait quasiment impossible d’obtenir le sésame. Je suis alors allé voir Amazon dont la redoutable efficacité pour mettre en ligne un roman à partir d’un document tapé sur un traitement de texte me confirmait que j’avais frappé à la bonne porte. En même temps, je me lançais sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, etc) pour m’y faire connaître. Plusieurs romans y furent ainsi lancés avec des résultats encourageants. Cela me permit d’intégrer la communauté des auteurs indépendants (« les Indés ») et d’y croiser sur la toile des collègues passionnés par leur activité (Chris Simon, Jacques Vandroux, Christelle Morize, Laurent Bettoni, Agnes Martin Lugand, pour ne citer qu’eux mais il y en a eu beaucoup d’autres). J’ai beaucoup apprécié cette communauté de gens qui ne se prenaient pas la tête et partageaient leur expérience et leur gentillesse.
5.
Le retour à l’écriture
Puis est venu à nouveau le temps de la réflexion : je passais plus de temps à « vendre » mes romans qu’à écrire d’autres histoires et, faut-il l’avouer, le plaisir n’était pas le même. En cherchant sur internet, j’ai fini par trouver une maison d’édition dont les valeurs répondaient aux miennes. La maison Numériklivres, sous la houlette bicéphale de Jean François Gayrard et d’Anita Berchenko avait fait le choix du Numérique pur et rémunérait très correctement ses auteurs. Par ailleurs, avant que je puisse lui soumettre un manuscrit, Jean François m’avait demandé de rédiger un petit texte pour répondre à cette question : « pourquoi voulez vous publier en numérique ? ». La nature de ma réponse conditionnait mon entrée dans son écurie.
Dois-je le dire ? Si je continue de participer à la promotion de mes livres sur Facebook, et ceux-ci sont maintenant disponibles sur tous les types de support, j’ai retrouvé le temps et le plaisir de l’écriture.
Naturellement cette expérience est très personnelle. Certain s’y retrouveront peut être ; d’autres continueront de préférer le travail solitaire de l’artisan qui peaufine intégralement son objet d’art.
Finalement, seul compte le résultat, ce trésor inestimable, pur produit de notre imagination, qui, le temps d’un regard sur une page ou une tablette, transportera le lecteur en des contrées que ses rêves les plus fous n’auraient pu imaginer.
J’ai rencontré Jérôme Dumont via Twitter, nous nous suivons depuis quelques mois. J’ai appris à mieux le connaître à travers son blog, nos brefs échanges, la Radio des Auteurs et cet entretien. Jérôme est pragmatique, direct, déterminé dans ses choix. Il écrit sérieusement sans oublier le plaisir et le jeu. Grand voyageur et auteur de la série romanesque, Rossetti & MacLane, Jérôme Dumont,se présente ainsi :
Avocat de formation, j’ai eu l’occasion de pratiquer pendant près de quinze ans le droit dans divers pays : la Belgique, ma terre d’adoption pendant une dizaine d’années, le midi de la France ensuite, qui m’a vu grandir et, enfin, le Québec, où je réside depuis un peu plus de six ans.
Voulant vérifier l’adage selon lequel « le droit mène à tout, à condition d’en sortir », mes efforts d’évasion furent récompensés en 2008 par une reconversion dans le multimédia, principalement en production de jeux vidéos et d’applications mobiles. J’ai eu le plaisir de participer à la création d’une dizaine de titres depuis et de baigner dans un milieu créatif et déjanté, troquant le costume pour le jeans !
J’ai baigné, depuis mon enfance, dans un mélange de cultures, d’influences et d’expériences qui m’ont permis de satisfaire un trait fondamental de mon caractère : la curiosité ! L’humour et le refus de se prendre au sérieux font également partie intégrante de ma personnalité : le plaisir de faire des bons mots, spirituels, ou pas, je l’ai hérité de ma grand-mère.
C’est toute cette expérience de vie, aussi bien professionnelle que personnelle, qui m’a finalement amené à me lancer dans l’écriture de romans… Sauf que… L’envie était là, pas le déclic.
Jusqu’à ce fameux matin ou les personnages que j’avais en tête depuis un petit moment se mirent à prendre vie: la série des aventures de Rossetti & MacLane était née !
Placée sous le signe des nouvelles technologies, de l’humour et du suspense, on assiste à la naissance d’une complicité entre deux êtres qui auraient très bien pu ne jamais se rencontrer et vont pourtant former un duo très efficace !
Il est toujours difficile de mettre un prix sur son travail, qui a demandé peine et sueur. Cela étant dit, il faut considérer deux éléments principaux :
Le premier : les prix généralement pratiqués par les autres auteurs auto-édités. J’ai pu constater qu’il est très rare pour un auto-édité de proposer son livre à plus de 5 euros. Il faut rester réaliste et se mettre dans la peau du lecteur/découvreur d’auteur. Est-ce que je paierai plus que ce prix pour un parfait inconnu ? Non.
Le second : alors que dans un circuit traditionnel d’édition l’auteur ne peut prétendre à plus de 4 à 12% du prix de vente, nous savons que sur les plateformes d’auto-édition, il nous revient entre 50 et 70%. Il faut également en tenir compte dans la fixation du prix.
2.
Qui a formaté ton ebook ?
Depuis l’écriture jusqu’à la mise en marché, j’ai tout effectué seul. Alors que mon premier ouvrage, paru en 2011 fut très difficile à formater (surtout pour Kindle), fort heureusement, il existe aujourd’hui des outils qui facilitent
énormément la vie.
J’utilise Scrivener pour écrire et, outre ses qualités d’outil d’écriture, il présente le gros avantage de compiler très facilement au format .epub ou .mobi.
Il y a quelques paramétrages de base qui peuvent être pénibles (numérotation et/ou titre des chapitres, préservation de l’alignement du texte), mais une fois ces
écueils passés, on compile extrêmement rapidement et efficacement.
J’utilise ensuite Calibre pour envoyer par email mon manuscrit sur mon kindle et vérifier ainsi le formatage.
Enfin, l’usage d’Antidote est indispensable, même si l’outil n’est pas totalement infaillible pour analyser les structures de phrases.
3.
Sur quelles plateformes ton livre est distribué ? S’il y a des plateformes sur lesquelles ton/tes livres ne sont pas distribué(s), donnes-en les raisons.
J’ai commencé par distribuer mes livres sur itunes (iBookstore), depuis 2011 pour mon premier livre (plutôt un témoignage qu’une fiction) et j’avais été très satisfait, d’autant que je n’avais strictement rien fait pour le promouvoir. J’ai donc naturellement pensé que pour mes romans, iTunes pourrait être ma plateforme de prédilection. Néanmoins, si les ventes de mon premier livre (qui parle de régime) ont bien marché, pour ce qui est d’une fiction, j’ai constaté que c’était beaucoup plus difficile. De façon très prévisible, c’est la plateforme d’Amazon qui donne les meilleurs résultats (mon livre de régime y figure d’ailleurs depuis 2011 et contrairement à Apple, il ne se vendait pas du tout).
Mes livres sont également distribués sur la plateforme de Kobo. Outre les difficultés techniques (Kobo Writing life est très pointilleux sur le formatage de l’ebook – en ce qui me concerne, ça a été des soucis de UUID dans l’encodage, ainsi qu’un format de date inapproprié dans les méta-données qui m’ont causé des soucis), les ventes restent anecdotiques et j’ai eu, aux débuts de la publication, toutes les difficultés à trouver mes ouvrages sur le site de Kobo…
Enfin, les livres sont également offerts sur la plateforme de Google, où les ventes sont encore plus anecdotiques que sur Kobo et la procédure de mise en ligne assez ardue.
La facilité et l’efficacité de la plateforme d’Amazon est, à ce jour, inégalée et je ne m’étonne pas que la grande majorité des auteurs auto-publiés se tournent vers cette dernière. J’ai par ailleurs récemment formaté mes livres pour les rendre disponibles en version papier, grâce à la plateforme Create Space. J’attends impatiemment les épreuves papier pour me faire une idée concrète de la qualité mais, là encore, passée une apparente complexité, Amazon a bien fait son travail.
J’envisage également de rendre mes livres disponibles au format audio, et je voulais utiliser la plateforme d’Amazon (www.acx.com) pour ce faire. Malheureusement, en l’état, il est indispensable de disposer d’une adresse aux Etats-Unis pour pouvoir procéder. Je vais me plonger plus en détail dans la question, car l’idée (qui m’a été suggérée d’ailleurs par un beta-lecteur que je remercie au passage) me semble intéressante. Sauf que, pour le moment, la mise à disposition sur amazon semble se limiter à amazon.com, ce qui en atténue encore largement l’intérêt.
4.
Démarches-tu les blogs et sites de critiques. Combien de critiques as-tu obtenu sur ton/tes livre(s)? Es-tu satisfait(e) de tes relations avec ces sites et blogs ?
J’ai eu la chance d’être remarqué par un blog en démarrage RL21, qui a du reste critiqué mes deux premiers livres, sans que je ne les aie démarchés.
Je les ai contactés pour les remercier et nous avons gardé de très bons contacts ; ils font partie de ma liste prioritaire pour l’envoi de mes ouvrages lors de leur parution, de même que quelques lecteurs qui m’ont fait la gentillesse de me contacter directement et dont un, en particulier est devenu un beta-lecteur extrêmement précieux, avec qui j’ai eu le plaisir de longuement discuter de mes bouquins et de ma démarche.
J’ai également proposé mon livre en lecture commune sur un forum dédié au livre numérique, qui a été retenu. Les critiques sont globalement très positives et ce qui l’est moins m’a permis de m’améliorer.
« L’écriture est fluide, la lecture l’est autant, c’est ce que j’appelle un roman de gare, un vrai. Et ce n’est pas péjoratif du tout, c’est le livre qu’on peut avoir dans un coin et lire d’un coup comme par petits bouts, même s’il n’est pas haletant, il est bien prenant, bref c’est un moment agréable. »
« Au final, cet ebook possède un énorme atout, son histoire, mais malheureusement, le texte manque de rythme et possède des longueurs. Ceci dit, d’une part, j’aime bien le personnage principal Maître Gabriel Rossetti et d’autre part, j’aime l’originalité du roman, je vais donc jeter un œil aux suites des enquêtes de Rossetti et MacLane. »
« Mes attentes ont été en partie comblées. Jeux dangereux est un policier plutôt classique dans son approche, mais avec un style sympathique et maîtrisé et une très bonne idée de base. J’ai beaucoup aimé être projetée dans le milieu des jeux sociaux, et en apprendre un peu plus sur leur mode de fonctionnement. J’ai par contre parfois été perdue par du vocabulaire un peu trop technique et des descriptions trop nombreuses. L’histoire peine à démarrer, mais les personnages sont assez attachants pour que cela ne soit pas dérangeant. Le personnage d’Amandine, particulièrement, m’a beaucoup plu. »
Les aspects plus critiques de ces commentaires m’ont permis, je le pense, de m’améliorer, de fluidifier mon style et d’être plus attentif à la construction de mes intrigues.
J’ai beaucoup apprécié la diversité des commentaires positifs, qu’il s’agisse de tel ou tel personnage, des particularités retenues par chaque commentateur, même si, lors de la lecture de chaque critique, on a un peu l’impression de passer un grand oral !
Mais ça fait partie du jeu, et je pense qu’il faut se soumettre de bonne grâce à la critique dès lors qu’on met à disposition du public ses ouvrages.
En dehors de ça, j’ai sollicité pas mal de sites, blogs et autres et je dois avouer que, si la plupart répondent très poliment, la majorité a l’air très surchargée !
Cela dit, les prises de contact avec certains sites permettent parfois de faire connaissance avec des gens passionnés et ouverts aux nouveaux auteurs.
5.
Quelles sont les actions qui ont le plus d’impacts sur tes ventes ? Peux-tu quantifier ces actions ?
Incontestablement, la gratuité.
Pour « amorcer la pompe », j’ai misé sur la gratuité pendant une période d’une dizaine de jours (le livre ayant été rendu gratuit sur iTunes et Kobo, Amazon s’est ajusté automatiquement, comme c’est leur usage).
Le résultat a été au-delà de mes espérances : près de 330 téléchargements gratuits en quelques jours, qui m’ont permis de me hisser numéro 1 des téléchargements gratuits sur Amazon.fr pendant presque trois jours !
Lorsque le premier ouvrage est redevenu payant, j’en ai réduit le prix à 0,99 euro et j’ai pu constater que non seulement les ventes du premier volume se maintenaient, mais surtout que les ventes du deuxième et du troisième volume ont largement décollées également (alors même que les prix sont plus élevés pour ces ouvrages : 2,99 et 3,99).
Je sais que certains auteurs sont réticents à la gratuité. En ce qui me concerne, j’ai adopté une démarche pragmatique : n’étant pas connu, il m’a semblé que c’était un bon moyen d’être découvert. Ce qui m’a valu de bonnes et de moins bonnes critiques, mais une fois encore, c’est le jeu.
Sans doute que mon expérience en développement d’applications mobiles, dont la grande majorité sont aujourd’hui disponibles en free to play m’a influencé et « décomplexé » vis-à-vis de la gratuité, mais au final, lorsqu’on écrit et qu’on met son livre à disposition du monde entier, on souhaite être lu !
La gratuité permet d’obtenir une visibilité qui me semble somme toute très intéressante ; à l’occasion de la sortie du quatrième épisode des aventures de Rossetti & MacLane, j’en ai profité pour célébrer l’événement par une nouvelle période de gratuité du premier tome.
Pourquoi en numérique ? est une série d’entretiens avec des auteurs autoédités en numérique, mais aussi d’autres acteurs qui font les corrections, le formatage, etc. et travaillent avec eux.
Si vous désirez un entretien veuillez lire les démarches à suivre. Si vous êtes auteur ici , si vous n’êtes pas auteurlà
GOINGmobo, the Magazine of the Mobile Bohemian
Mes autres publications sur Amazon, Kobo et iTunes
Je connais Thibault Delavaud depuis peu de temps. Je l’ai découvert à travers son blog et nous nous suivons sur Twitter. À travers nos échanges sur les réseaux et par courriels, j’ai apprécié son volontarisme et sa vigueur. C’est un auteur consciencieux et dévoué à son écriture et aux univers qu’il invente. Le thème de sa novella, Eden, est un vrai thème dans la tradition des grands auteurs de science-fiction ; et, qui lui a été inspiré lors d’un voyage dans les grands espaces américains. N’avons-nous jamais eu envie de vivre à l’époque où la terre était un immense paysage sans homme ? N’avons-nous jamais rêvé d’être la première créature humaine à fouler ce paysage ? Mais place à l’auteur d’Eden, Thibault Delavaud qui se présente ainsi :
Je m’appelle Thibault Delavaud, né en 1986 à Paris. J’écris depuis mon adolescence et c’est lors de mes études supérieures que je commence la rédaction de nouvelles de science-fiction. Lorsque je découvre l’auto-édition numérique au début de l’année 2012, je décide de me lancer. Je retravaille mes textes et je publie six nouvelles sur Amazon à partir du mois d’avril 2012. J’ai notamment écrit Eden (une Novella, une centaine de pages), qui a enregistré plus de 500 ventes, depuis sa publication en septembre 2012. Je suis passionné par la littérature et j’apprécie quasiment tous les genres (avec un faible pour la science-fiction, évidemment). Je lis beaucoup de grands classiques de la littérature française et anglo-saxonne dont j’essaye de m’inspirer. Je raconte mon parcours d’auto-édité sur mon blog, j’y parle aussi de mes dernières lectures et y partage également mes réflexions et mes analyses sur la littérature.
Thibault Delavaud répond aux 5 questions
1.
Pourquoi l’auto-édition et non pas l’édition ?
L’auto-édition s’est imposée comme une évidence. Comme je le précisais dans ma bio, lorsque j’ai découvert que l’auto-édition se développait en France, j’ai tout de suite saisi l’opportunité. Je ne songeais pas à envoyer mes nouvelles à un éditeur : la nouvelle est un format que les éditeurs apprécient peu car difficile à publier et le genre (la science-fiction) est assez spécifique. Je ne me sentais pas prêt, passer par une maison d’édition traditionnelle me semblait difficile, long, très incertain… A l’inverse, l’auto-édition me donnait la possibilité d’apprendre, de faire les choses par moi-même et surtout de pouvoir échanger avec mes lecteurs, afin qu’ils me donnent leur avis, pour que je puisse progresser dans mon écriture. L’auto-édition, c’est la garantie de la liberté totale.
Fais-tu des promotions ponctuelles (changement de prix, gratuité…) ? Sur quelles plateformes ?
J’ai fait plusieurs promotions, des gratuites et des baisses de prix. Je trouve que les promotions gratuites ne sont pas aussi efficaces qu’elles peuvent le paraître. Les lecteurs vont télécharger le livre (et pourquoi sans priver, c’est gratuit) mais il n’est pas sûr qu’ils le liront. Il sera un livre parmi l’immense pile des livres gratuits téléchargés par le lecteur. Il y a tellement de livres en promotion gratuite sur Amazon que finalement, cela ne permet pas tellement au livre de se démarquer. En revanche, afficher clairement que l’on fait une baisse de prix sur un livre me paraît plus judicieux : le lecteur a davantage le sentiment de profiter d’une offre et le livre n’est pas galvaudé. Amazon limite le nombre de jours en promotion gratuite mais on peut à loisir modifier le prix de vente, donc il y a une meilleure flexibilité. Par contre, il est vrai que c’est à l’auteur de communiquer sur la réduction puisqu’Amazon ne fera rien.
3.
Combien de temps passes-tu par jour à la promotion de ton dernier livre ? Cela empiète-t-il sur ton temps d’écriture ? Utilises-tu les réseaux sociaux ? Lesquels et comment ?
Depuis que j’ai publié mes nouvelles (à partir d’avril 2012), j’ai passé beaucoup de temps à en faire la promotion, au détriment de l’écriture. Je passe beaucoup de temps également à écrire des articles sur mon blog mais l’essentiel de mes efforts a été porté sur la promotion de mes ouvrages. J’utilise quasi-exclusivement les réseaux sociaux : Facebook et Twitter (annonce de promotions relatives à mes nouvelles, liens vers mon book trailer, les nouveaux commentaires clients…). Surtout, plus que de faire de la « pub » ou de la promotion, je prends soin de parler de mes « actualités » et de rester au contact de mes lecteurs et de ceux qui s’intéressent à mes écrits et à mon blog. De cette manière, je dialogue directement avec des auteurs, des lecteurs, des connaissances rencontrées sur Internet… Cela a été très enrichissant car j’ai ainsi pu rencontrer et échanger avec beaucoup de personnes et des passionnés par la lecture et l’écriture.
As-tu fait une présentation de ton livre dans un « trailer » et le diffuses-tu sur le net ? Sur quels sites ?
J’ai réalisé un book trailer pour Eden, que l’on peut voir sur Youtube mais aussi sur mon blog et sur Facebook. Le book trailer est un outil efficace mais qui n’est pas indispensable. Cela a un gros inconvénient : il est difficile d’attirer un vaste public. Autant les gens peuvent voir directement les posts sur Facebook et Twitter (même s’ils les lisent en diagonale), autant il faut réussir à convaincre les internautes de cliquer sur la vidéo et mobiliser leur attention.
5.
Quelles sont les actions qui ont le plus d’impacts sur tes ventes ? Peux-tu quantifier ces actions ?
C’est la question que je me pose le plus souvent et qui est la plus difficile à résoudre. Etant donné que le nombre de ventes est limité car le marché des ebooks est très petit, il est difficile de véritablement déterminer si les actions « marketing » ont un impact immédiat réel ou si finalement elles donnent de la visibilité qui se révèlera payante sur le plus long terme. Je constate malgré tout que mes « annonces » sur Facebook en sponsorisant mes posts entraînent quelques ventes, une petite dizaine à peine généralement, sur des milliers de personnes touchées par mon post. Cela marche mais, compte tenu du coût de la campagne, est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Je m’interroge… Je constate aussi une hausse de mes ventes (toujours très limitée) après la publication de nouveaux articles sur mon blog, quel que soit le sujet de ces articles. Preuve qu’il faut avant tout produire de la qualité. J’ai récemment donné une interview vidéo au site monBestSeller.com et elle a eu un impact modéré en termes de ventes mais énorme en termes de visibilité sur Internet.
Mais ce qui a eu le plus d’impact sur mes ventes n’a rien à voir avec mes actions « marketing ». Il s’agit des commentaires clients Amazon. Eden a été très bien noté, ce qui m’a beaucoup aidé. Mon grand regret est qu’Amazon ne permet pas de faire de la publicité au sens traditionnel. Pour être visible, il faut que le livre fasse partie des meilleures ventes mais cela implique que des exemplaires s’en soient déjà vendus ! La combinaison hausse des ventes et critiques positives est évidemment la meilleure solution pour enregistrer des ventes significatives sur le long terme. Reste à créer cette combinaison…
Pourquoi en numérique ? est une série d’entretiens avec des auteurs autoédités en numérique, mais aussi d’autres acteurs qui font les corrections, le formatage, etc. et acceptent de travailler avec eux.
Si vous désirez un entretien veuillez lire les démarches à suivre. Si vous êtes auteur ici , si vous n’êtes pas auteurlà
Claire Roig est un des rares auteurs auto-publiés avec qui j’ai déjeuné. Les réseaux sociaux provoquent aussi ce genre de rencontres. Claire m’avait contacté, car elle avait envie d’auto-publier un texte. Nous n’avons hélas pas pris de photo de cette rencontre, mais autour d’une omelette-salade et d’une tarte aux pommes, nous avons parlé d’écriture, de littérature, d’animation d’ateliers d’écriture, d’auto-publication et d’Amazon Kindle.
Claire est une femme sensible, extrêmement calme en apparence, ce qui la rend un peu mystérieuse… Nous nous sommes trouvées une habitude commune, nous buvons du café uniquement dans les cafés ou chez les autres, jamais chez nous. Politesse ou peur de déplaire ? Goût des autres ? Plaisir de tout partager ? Je vous laisse choisir..
Je suis plus que ravie de publier un entretien de Caire Roig et de vous présenter son livre qui depuis a vu le jour sur Kindle : Les mains coupées.
Claire se présente avec les mots de Claire :
Je suis animatrice d’ateliers d’écriture depuis octobre 2011 dans les Hauts-de-Seine (région parisienne). Mon travail se base, principalement, sur la mémoire et sur la fiction. J’ai cette passion de l’écriture depuis mes dix ans. Et grâce à mon métier, je peux transmettre cette passion.
J’ai commencé par écrire de la poésie à l’adolescence. C’était une façon de m’exprimer et de dénoncer ce qui me semblait injuste dans mon quotidien.
Puis il y a eu un tournant, vingt ans après. Je participais aux ateliers d’écriture d’un écrivain, Michel Manière. Et j’ai eu envie d’aller plus loin, d’apprendre et de progresser dans ma façon d’écrire. Bref, trouver ma voix (et ma voie), sachant que rien n’est acquis. L’écriture est à (re)conquérir à chaque fois. Mes yeux et mes oreilles se sont ouverts. J’ai compris, tardivement, qu’il ne faut pas attendre l’inspiration pour écrire. L’inspiration, c’est du bluff, une excuse pour ne pas écrire. Si je veux écrire et publier mon travail, je dois oser mettre les mots sur le papier et retravailler le texte. Ça prendra le temps que ça prendra. A chacun son rythme de travail.
J’ai écrit beaucoup de nouvelles non abouties, avec beaucoup de blancs et de trous. Quand j’écris, la musique est présente dans ma tête. Et quand elle disparaît, je ne me décourage pas, j’écris, avec des périodes plus ou moins régulières. La musique dans ma tête est indispensable car elle rythme mes mots, mes phrases. J’oralise quand j’écris. J’aime entendre les mots. J’oralise à voix haute ou en silence. C’est ma manière d’aborder, d’apprivoiser l’écriture.
Claire Roig répond aux 5 questions
1.
Quelle est ton expérience dans l’édition avant le numérique ?
Mon expérience dans le monde de l’édition traditionnelle me laisse un goût amer. Je vais passer certains détails. J’ai signé un contrat avec une maison d’éditions en mars 2012. Le contact avec le personnel était quasi inexistant. Quand j’envoyais un mail ou lorsque je téléphonais, je n’avais pas de réponses. Par contre, quand eux prenaient la peine de me téléphoner ou de m’envoyer un mail, j’étais responsable. Responsable de quoi ? Je n’ai jamais compris. Je crois, pour l’avoir déjà vécu dans d’autres circonstances, que c’était une façon de rejeter leurs failles et incompétences sur mon dos. Bref, me culpabiliser d’une faute imaginaire. J’ai vécu des mois dans un état éprouvant. Finalement, le livre papier est sorti le 31 janvier 2013. Or la maison d’éditions a demandé un redressement judiciaire quinze jours après. De cette expérience, j’en sors salie et exploitée. J’en sors aussi plus autonome quant à mes choix.
Le numérique s’est avéré être la solution pour faire vivre mon livre. Avant ça, des personnes m’ont fait confiance. Pour eux et pour moi, je devais, je dois continuer. D’autre part, si quelqu’un écrit depuis longtemps, comme moi, et prends des heures considérables pour écrire, pourquoi ses textes resteraient-ils au fond d’un tiroir ? Ou sur la toile, par le biais d’un blog, par exemple ? Ecrire est un travail et l’auteur mérite son salaire.
3.
Qui a formaté ton e-book ? Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées ? Quels sont les conseils que tu peux donner ?
J’ai formaté le livre moi-même grâce à un livre publié par Amazon (Préparation de votre livre pour Kindle) pour les apprentis comme moi. Les difficultés rencontrées sont d’ordres techniques : enlever les retours chariots pour les remplacer par des espacements au niveau des paragraphes ; et la table des matières qui ne fonctionnait pas. J’ai donc supprimé celle-ci. Le seul conseil que je peux donner à quelqu’un qui veut formater son livre, c’est de ne faire aucun formatage dès le début de l’écriture du texte dans le fichier. Bref, attendre la fin du livre pour commencer le formatage du fichier.
4.
Fais-tu des promotions ponctuelles (changement de prix, gratuité) ? Sur quelles plateformes ?
Pour mon livre, Les mains coupées, j’ai fait deux opérations de gratuité. Ce fut une erreur : erreur d’une débutante dans l’autoédition. Car la gratuité laisse à penser que l’on peut faire tout et n’importe quoi sur Internet. C’est-à-dire que le lecteur potentiel peut acquérir des livres gratuitement, et que c’est son droit. Or non, ce n’est pas le cas. Tout travail mérite un salaire. D’autre part, le lecteur du numérique ne prend plus le risque de la découverte d’un livre, d’un auteur, d’un style, d’une voix. Le lecteur prend ce risque dans une librairie traditionnelle, alors pourquoi pas pour une librairie numérique ? J’avoue que quelque chose m’échappe. Et en même temps, la gratuité permet de découvrir un auteur qu’on n’aurait pas découvert autrement. C’est paradoxal. La gratuité peut être bien pour le commencement mais, surtout, elle ne doit pas être généralisée. C’est un mode de fonctionnement à double tranchant.
5.
Si tu as déjà publié en maison d’éditions papier : peux-tu décrire les avantages et désavantages de l’auto-publication numérique comparée à l’édition papier ?
Pour ma part, je vois plus de similitudes que de divergences. Dans les deux situations, il faut trouver son lectorat, son public, ses lecteurs, ceux qui n’hésiteront pas à investir dans votre prochain livre. Dun côté, dans l’auto-publication numérique, on doit compter sur soi-même, tout repose sur mes épaules. Il y a, évidemment, l’entraide entre auteurs qui permet de ne pas se sentir isolée. Un livre numérique ne prend pas de place dans un appartement (même si j’aime le livre papier). Le seul « hic », me semble-t-il, est la vente. Comment faire connaître son livre à un public et comment faire pour que ce public vous fasse confiance ? D’un autre côté, s’auto-publier permet de ne pas tomber dans le piège de certaines maisons d’éditions qui se réclament professionnelles, mais qui au final, dépouillent l’auteur de son œuvre, de son argent, et surtout, de son énergie et de son élan pour créer.
Pourquoi en numérique ? est une série d’entretiens avec des auteurs autoédités en numérique, mais aussi d’autres acteurs qui font les corrections, le formatage, etc. et acceptent de travailler avec eux.
Si vous désirez un entretien veuillez lire les démarches à suivre. Si vous êtes auteur ici , si vous n’êtes pas auteurlà