Inventer une infrastructure pour le livre numérique en 2013

Volet 4

Bilan 2012 : manque d’infrastructure pour faire émerger les ebooks de qualité

Livre numérique dans une liseuse
Livre numérique dans une liseuse

Suite à un article de l’auteure anglaise Suw Charman-Anderson parut dans Forbes Magazine, j’ai soudain compris que ma rubrique Pourquoi en numérique ? était une réponse (à très petite échelle et petits moyens) au manque cruel de structures et de venues pour la diffusion et la promotion des contenus numériques (notamment le récent marché des ebooks). En effet, chaque pays possède des infrastructures qui permettent aux livres et aux auteurs d’émerger du chaos et de la diversité d’un marché du livre donné. En France, il sort chaque automne plus de 600 livres (événement appelé la rentrée littéraire, événement qui fascine et amuse tout à la fois les critiques littéraires des quotidiens urbains et magazines littéraires aux États-Unis). L’article de Suw Charman-Anderson relate la publication d’une excellente critique dans le New York Times par le critique  littéraire Michiko Kakutani d’un livre auto-publié “The Revolution Was Televised” d’Alan Sepinwall et développe l’idée que le phénomène reste rare dû en partie au système du milieu littéraire américain. Au Royaume-Uni et aux États-Unis, l’éditeur de même que les agents littéraires font office de filtre pour les critiques littéraires, car ce sont eux qui préconisent la lecture des nouveautés aux critiques en qui ils font confiance. Il y a trop de livres pour le nombre de critiques et donc l’écrémage en amont est essentiel. Qu’en est-il dans le numérique ?

Ebook auto-édité et dans les 10 meilleurs livres 2012 (NYTimes)
Ebook auto-édité et dans les 10 meilleurs livres 2012 (NYTimes)

Il n’y a pas d’écrémage. Un critique ne se sent pas à l’aise à être en contact direct avec un auteur. C’est compréhensible. Des intermédiaires sont donc nécessaires. Or dans le numérique, tout étant nouveau, il n’y a ni intermédiaire, ni infrastructure. Comment des journalistes habitués à recevoir des maisons d’éditions, des attachés de presse, des rédacteurs en chef les livres à lire et recommandables pourraient soudainement se jeter corps et âmes dans la jungle d’une industrie naissante : le numérique ? Bien souvent ils n’ont jamais entendu parler de la maison d’édition ou de l’auteur qui proposent un nouveau livre.

En France ou le système même de la société  est plus hiérarchique qu’aux États-Unis, les critiques littéraires sont souvent des directeurs littéraires de maisons d’éditions (lire le billet édifiant de Laurent Margantin, Le système Gallimard : Un palmarès des critiques littéraires au service d’un éditeur), et les libraires, qui  existent encore viennent ajouter un écrémage supplémentaire. Au final un nombre très limité de livres atteint une visibilité.

De plus, la plupart des blogueuses/blogueurs littéraires se contentent de lire exclusivement les livres papier des plus grosses maisons d’éditions. Une poignée de ces blogues s’aventure hors des sentiers battus et dans cette poignée deux ou trois accepteront de lire un livre numérique.

La plupart des clubs de lecture se contentent aussi de distribuer et faire lire les livres des grandes maisons d’éditions dont les plus grosses ventes sont des livres papiers, pas des livres numériques.

De fait, les maisons d’éditions numériques les « pure players » comme les auto-édités se retrouvent à faire de l’auto-promotion à travers leurs blogues, dailynews en ligne et newsletters… L’auto-promotion est donc inévitable tant qu’il n’y aura pas les infrastructures nécessaires à la promotion de ce nouveau marché qu’est le livre numérique. En attendant de nombreux livres ne sont pas lus, pas remarqués et c’est regrettable car ils représentent une énorme somme de travail et de créativité de la part des auteurs et des « Pure players ».

Art
Art

Depuis Marcel Duchamp les artistes savent qu’ils peuvent faire de l’art avec tout matériaux. Les auteurs, eux, se servent toujours des mots, uniques matériaux d’écriture. Ce qui a changé grâce au numérique depuis quelques années, c’est qu’ils peuvent écrire ces mots partout.

Paris 9e
Paris 9e

Des murs des villes au papier des cahiers, les mots sont venus sur les écrans des villes, des habitats, sur les blogues, les sites, les ebooks… Les mots voyagent transitent, passent d’un support à l’autre, d’un lecteur à l’autre à la vitesse du numérique et non plus à la vitesse de l’imprimerie.

Le temps réel n’est pas le temps de l’imprimerie.

La légende de Little Eagle
La légende de Little Eagle

Pour un nouveau monde, créons une nouvelle infrastructure, ensemble réfléchissons à des nouveaux modes de communication. Après tout, nous sommes auteurs, c’est-à-dire des créateurs.

Dès 2013, Le baiser de la mouche proposera une nouvelle rubrique : Entretiens croisés, en cours d’élaboration avec l’auteur Laurent Bettoni. Nous publierons bientôt le premier entretien à la fois sur son blogue Écran Total et sur le mien.

Solution pour 2013 : Auteurs et “Pure Players”créez ou/et continuez de créer vos propres outils de communication.

Quatrième volet d’un état des lieux et analyse de la situation et de la condition de l’auteur, de ses difficultés et de son devenir. Lire le volet 1, volet 2, volet 3

Tuyaux pour les auto-publiés et les éditeurs “pure-players” dans les billets Pourquoi en numérique ? Vous trouverez des ressources pour créer et promouvoir vos ebooks.

GOINGmobo, the magazine of the Mobile Bohemian

Chris Simon _ Licence Creative Commons BY-NC
1ère mise en ligne et dernière modification le 27 décembre 2012.

15 réflexions sur “Inventer une infrastructure pour le livre numérique en 2013

  1. On réinvente souvent la roue inutilement…
    Un exemple?

    Goodreads a 12 millions d’utilisateurs qui commentent, classifient et critiquent leurs lectures. Écrémage à la puissance X il me semble…

    Certains prédisent même que GR va devenir un revendeur en 2013.
    http://www.forbes.com/sites/jeremygreenfield/2012/12/21/three-predictions-for-book-publishing-in-2013/

    C’est en english mais il y a des auteurs franco aussi.

    Un autre exemple?
    Le magnifigue @TheSFReader qui relaie à tout azimut à aussi un forum:
    http://lire-numerique.com/forum/

    Si les auteurs qui profitent de son inlassable travail y jetait un coup d’oeil et s’y investissait minimalement, pourquoi ne pas oser un GR franco?

    Au Québec, il y a @Gravelinart qui tente, à sa façon, une avancée similaire.
    http://rachelgraveline.com/

    Elle est une auteur qui a passé la dernière année à s’intéresser aux autres pour mieux comprendre comme faire pour sa propre carrière.

    Il y a littéralement des centaines d’initiatives similaires.

    Mais je comprends le sentiment véhiculé par le billet. 😉

    1. Merci Luc pour ce commentaire et ces adresses, les lecteurs du billet apprécieront. Je connais toutes ces bonnes adresses et j’échange avec eux. je suis moi-même sur Goodreads. Ce que j’entends dans mon billet c’est d’élargir le cercle. Il faut se faire connaître des lecteurs, donc continuer de créer des structures même petites car de petites, certaines deviendront grandes !
      J’essaie de répertorié toutes les initiatives similaires et de présenter les personnes qui les conduisent à travers ma rubrique Pourquoi en Numérique ? J’espère faire plus de rubriques en 2013. je te souhaite une Bonne année 2013 !

  2. Luc Prévots a tout dit : la logique du livre numérique ce sont les lecteurs pas ceux qui participaient à la logique du livre physique.
    Oui il faut un BonnesLectures francophone 🙂

  3. Salut Chris!

    En ne répondant pas à la bonne place, tes commentaires n’actionnent pas le mécanisme qui permet aux autres utilisateurs du site d’être avertis en cas d’activité à propos de ton billet. Cela peut réduire grandement la participation et la relance de la discussion…

  4. C’est aussi un peu ce que je voulais dire par réinventer la roue…

    On peut se démener pour créer des nouveaux machins et y investir beaucoup de temps alors qu’il exister déjà des structures, peut-être imparfaites, que l’on peut investir et améliorer facilement pour un ROI remarquable.;-)

    Tu peux m’envoyer par Twitter une adresse courriel? Je viens de recevoir un courriel qui est un exemple à suivre.;-)

  5. Merci Luc. Je mettrais tout de même un bémol sur les structures anglophones car elles ne sont pas forcemment porteuses pour un auteur francophone. Peu de lecteurs sont francophiles ou francophones sur ces réseaux.

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